On dirait que ça n’étonne plus personne : un député UMP qui cite un « adage nazi » pour défendre Nicolas Sarkozy... Le 26 novembre, Lionnel Luca, parlementaire des Alpes-Maritimes et membre du bureau du groupe UMP à l’Assemblée, s’insurge dans un communiqué contre le « déchaînement médiatico-politique et le harcèlement systématique que subit le Président de la République ». Et termine sa diatribe par une citation attribuée – sans doute à tort – à Joseph Goebbels : « La ficelle ressemble à une corde mais on connait l’adage nazi : "plus le mensonge est gros, mieux il passe !" ». Lionnel Luca ne recule visiblement devant rien.
Ses orientations politiques sont d’ailleurs à la hauteur de ses références historiques. Pour lui, « l’UMP a laissé un boulevard sur sa droite à force d’ouverture à gauche ». Voilà qui dénote sans doute d’un strabisme prononcé... Mais Lionnel Luca a décidé d’occuper le boulevard en question. Pour cela, une seule recette : taper toujours plus à droite. En octobre, pour critiquer les sondages qui pourraient « convaincre les Français que la France entière s’oppose à la réforme des retraites », il écrit : « En 1940 si les sondages avaient existé, une majorité de Français aurait été favorable à l’armistice et non à la poursuite des combats »... Concernant la réforme des retraites, une seule certitude : « la fermeté s’impose », car « la France n’est pas une république bananière où la rue bafoue la démocratie ».
Des camps pour inculquer l’amour de la patrie
Ses thèmes de prédilection : immigration et sécurité, bien sûr. Lionnel Luca s’est illustré par son soutien à l’expulsion des délinquants étrangers, qualifiée de mesure « de bon sens ». Il est aussi l’auteur des amendements qui ont restreint l’accès à l’Aide médicale pour les étrangers. Question sécurité, le député demande avec insistance la « militarisation de certains quartiers, devenus des zones de guerres tribales » [1]. Il veut redonner des moyens aux policiers et gendarmes, qui « n’ont même plus de quoi réparer leurs véhicules, alors que les mafias locales tirent sur les forces de l’ordre avec des armes de guerre » [2]. Il réclame la création d’un corps d’intervention « composé de militaires avec les équipements nécessaires et adaptés à la guérilla urbaine ». On en viendrait presque à trouver le « coup de Kärcher » pacifiste.
Ses grands projets ? Créer « une force d’intervention spéciale pour remettre de l’ordre dans les quartiers où les caïds font la loi ». Supprimer le RSA au bout d’un an, et mettre un terme aux aides aux entreprises sur les 35h, parce que « nous ne sommes pas dans un État soviétique ». Et aussi instaurer un service civique obligatoire pour tous les jeunes de 16 à 18 ans : « chaque année, ils se retrouveraient deux à trois semaines, pendant les vacances scolaires, autour du drapeau tricolore, avec des instructeurs, aussi bien militaires que civils, qui leur parleraient des devoirs de tout citoyen, des règles du "vivre ensemble" ». Le genre de colonies de vacances dont rêvent tous les jeunes : la main sur le cœur, chanter la Marseillaise à 5h du matin au son du clairon, les yeux humides levés vers le drapeau tricolore. De quoi renforcer notre identité nationale. Enfin, surtout celle des barbares ingrats et boutonneux qui aiment glander l’été dans les quartiers.
« C’est le FN qui nous pique nos idées »
Ses idées, Lionnel Luca aiment les partager. Il fait partie des 35 députés UMP qui ont fondé le 14 juillet 2010 le « Collectif de la droite populaire » [3]. Une droite « décomplexée », dont la Charte rappelle les valeurs essentielles : « Nation, Patriotisme et République », tout d’abord, mais aussi « Sécurité, première des libertés ». Sans oublier : travail, effort, mérite… et famille. La vraie droite, quoi. Qui vient de renforcer ses positions en faisant son entrée au gouvernement, avec Thierry Mariani [4]. Et qui au prétexte d’un « retour aux fondamentaux » tente d’accentuer le glissement idéologique de l’UMP, avec le soutien d’un tiers des sympathisants [5].
L’ambition de ce collectif ? Rappeler à Nicolas Sarkozy ses promesses de campagne : « Les paroles ont séduit, les actes n’ont pas suivi. Qu’en est-il de la fin des régimes spéciaux, d’un vrai service minimum dans les transports, du "coup de Kärcher dans les banlieues" ? On attend toujours », déclarait Lionnel Luca au Figaro. Une stratégie pour aller chercher les voix du FN ? « C’est exactement le contraire, affirme le député. C’est plutôt le FN qui essaye de nous piquer nos idées de base. Sauf que leurs propositions sont démagogiques et irréalisables ». Parce que ses grands délires sécuritaires et patriotiques, Lionnel Luca entend les mettre en œuvre. Et c’est bien ce qui fait peur.