Marianne : Comment jugez-vous la dégradation opérée par Moody’s ?
En un mot : scandaleux. L’exemple tunisien est flagrant d’une dérive des agences de notation. Elles auraient du dire « Attention, il y a certes instabilité, mais historiquement, la Tunisie opère ses transitions politiques sans risque pour les investisseurs ».
Cela a toujours été le cas. La Tunisie n’a jamais fait défaut, ni sur ses dettes d’Etat, ni sur ses dettes locales. Elle a toujours payé rubis sur l’ongle. L’indépendance s’est déroulée dans un certain calme. La transition de Bourguiba à Ben Ali ne fut pas sanglante, et s’est faite sans impact économique majeur. Le pragmatisme politique tunisien s’est encore une fois illustré quand l’armée a changé de cheval, et a mis Ben Ali dans un avion. Bref le risque politique est faible, voir nul.
Passons au risque économique. La situation économique et financière du pays s’est-elle dégradée? En rien. Les avantages de ce pays demeurent intacts : une réactivité impressionnante aux évolutions du business, et un fort capital humain (une bonne formation de la population). Sa dette est faible : 39% du PIB, deux fois moins que la France. Mieux, la Tunisie n’a jamais eu recours aux ressources du FMI, ce qui lui laisse en plus une cartouche supplémentaire dans son fusil.
Bref, le risque économique est tout comme le risque politique, nul.
Conclusion, les agences ne notent plus les fondamentaux…