Défenseur des droits : dernière discussion à l’Assemblée

Politis. Le 16 février 2011 par Erwan Manac'h

 

 

Un projet de loi doit installer un super médiateur de la République qui récupérerait les pouvoirs de la Halde, de la Commision nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et du Défenseur des enfants. Les organisations concernées s’inquiètent.

Le « Défenseur des droits », tel qu’un projet de loi organique le dessine, concentrerait les prérogatives de quatre organes indépendants : la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et le Défenseur des enfants.

Après un an et demi de discussions, entre l’Assemblée nationale et le Sénat, les inquiétudes des associations se sont confirmées.

Le texte transforme les trois autorités administratives indépendantes en des « collèges » subordonnés au Défenseur des droits, qui ne pourront pas s’auto-saisir. Le « super défenseur » omnipotent aurait ainsi la charge de faire le grand écart entre toutes ses nouvelles prérogatives. Il regrouperait surtout les pouvoirs de ces trois organismes autonomes.

« L’idée était intéressante à l’origine, juge Patrick Delouvin, responsable d’Amnesty International France, contacté par Politis.fr : inscrire le rôle de Défenseur des droits dans la constitution n’est pas une mauvaise chose. Mais aujourd’hui il semble que la volonté soit de casser ce qui existe. Les modifications successives du texte allaient toutes dans le sens d’un renforcement des pouvoirs du Défenseur des droits, alors que le rôle de ses adjoints et des collèges est amoindri ».

- Dissoute, la Halde qui s’est parfois montrée critique envers le gouvernement, comme lors du débat sur les tests ADN pour les candidats au regroupement familial.

- Dissoute également la CNDS, qui a plusieurs fois pointé des affaires délicates de bavures policières ou sur les conditions de garde à vue.

- Dissoute enfin, la fonction de Défenseur des enfants qui s’était par exemple opposé au placement de mineurs dans les centres de rétention administrative ou à l’abaissement en dessous de 13 ans de l’âge minimum d’incarcération pour les enfants coupables de crime.

Le tout, au profit d’une personnalité nommée par le Président de la République, qui remplacerait l’actuel médiateur de la République.

« C’est une reprise en main de ces autorités reconnues par les Français, qui au fil du temps avaient osé des prises de position, confie à Politis.fr Marie-George Buffet, députée (PC) de Seine Saint-Denis. Derrière un titre alléchant, nous nous apercevons qu’il s’agit d’une sorte de fourre-tout concernant des domaines qui ne se ressemblent pas ».

Dernière étape du débat

Hier et mercredi 16 février, l’Assemblée se replonge dans le débat pour la deuxième (et dernière) lecture du texte. Le vote doit avoir lieu le 1er mars, avant qu’une Commission mixte paritaire soit convoquée pour valider cette loi « organique » qui modifiera la constitution.

Photo : PATRICK KOVARIK / AFP

Ailleurs sur le web :

- Les réactions de l’Unicef, pour qui «  le Défenseur des enfants est maintenant considéré comme un simple collaborateur du Défenseur des droits, privé de toute indépendance et de toute marge de manœuvre ».

- Amnesty International France qui considère que « certaines dispositions ne permettent toujours pas de garantir l’indépendance et l’impartialité attendues d’un véritable Défenseur ».

- La Halde, qui rappelle que « l’Union européenne et l’ONU ont déjà manifesté leurs réserves face aux effets d’une dilution de la lutte contre les discriminations dans le Défenseur des Droits ».

- Le cabinet d’étude socialiste Terra Nova, qui regrette « le regroupement au sein de cette institution d’un grand nombre d’autorités administratives indépendantes, dont la plupart ont pour dénominateur commun d’avoir déplu au Prince ».

Lire le projet de loi.

Lire le projet de loi organique, qui modifierait la Constitution française.


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Dernière mise à jour de cette page le 03/04/2011

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