Le Parisien. 11 décembre 2009
Vers 6h30 du matin, au terme d'une nuit blanche de discussions au ministère des Transports, à Paris, on semblait s'acheminer vers un accord entre les syndicats de chauffeurs routiers et TLF, unique organisation patronale encore présente. Mais, après une courte pause, les négociations ont repris dans la plus grande incertitude. Après avoir consulté sa base, il semblerait que TLF ne soit plus prête à signer.
Le texte mis au point dans la nuit, en l'absence des trois autres organisations patronales (FNTR, Unostra, OTRE), qui ont claqué la porte, prévoit une augmentation des salaires de 4% en une ou plusieurs fois selon les coefficients horaires, mais la délégation de TLF laisse planer le doute quant à signature. «Nous avons encore du chemin à parcourir les uns et les autres», a déclaré à la presse Philippe Grillot, président de TLF, juste avant le début de la séance.
TLF pas prête à assumer l'accord
«On n'a pas envie de prendre des engagements qui pénaliseraient les entreprises», a-t-il poursuivi. La signature d'une des quatre organisations patronales pourrait s'imposer à tous au terme d'une d'une procédure d'extension mise en oeuvre par les pouvoirs publics. TLF ne semble pas prête à en endosser la responsabilité. Pour son président, «4% en haute grille (les hauts salaires. Ndlr), ce n'est pas possible pour des raisons évidentes de compétitivité» internationale. En revanche, «4% en bas de grille ce serait possible», car il s'agit là surtout des conducteurs régionaux, a-t-il ajouté.
De son côté, la FNTR estime qu'une «telle augmentation des salaires représente un accroissement de la masse salariale de 400 millions d'euros pour l'ensemble du secteur du transport routier» et «dénonce un marché de dupes». Et d'ajouter que «ce chiffre et ce niveau sont incompatibles avec les réalités économiques d'aujourd'hui».
«Plus près d'appuyer sur le bouton rouge que de signer»
De leur côté, les syndicats restent plus mobilisés que jamais. «Ce que l'on n'a pas pu avoir dans la douceur, on va le chercher dans la douleur; on a été au bout du bout mais on ne voit pas de lumière au bout du couloir», a déclaré à la presse avant la réunion Thierry Douine (CFTC). Selon lui, «on est plus près d'appuyer sur le bouton rouge que de remettre les mains dans nos poches et signer cet accord».
Pour Bernard Jubin (CFE-CGC), «on a le devoir d'être optimiste, car si c'est une grève, c'est un carnage». «Tout le monde veut un accord, mais chacun a des exigences». Les syndicats ont «fait le grand pas depuis le début, c'est à TLF de faire le dernier millimètre qui manque». «Au départ, on est parti sur une revendication de 9%», rappelle de son côté Richard Jaubert (CGT).
Faute d'accord, les routiers menacent de bloquer à partir de dimanche, 21 h 30, des entrepôts de la grande distribution, ce que le gouvernement souhaite empêcher à quelques jours des fêtes de fin d'année.
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