Natura Vox. Le 6 décembre 2010 par Sylvie Simon
La toute puissante FDA (Food and Drug Administration), l’agence américaine des produits alimentaires et des médicaments qui détermine ce qui est bon ou pas pour notre santé, a donné son feu vert en 2008 pour la consommation aux États-Unis, de viande et de lait provenant de clones de bovins, de porcs et de chèvres, ainsi que pour la descendance de ces clones, à l’exception de la viande et du lait d’ovin. Cette restriction vient peut-être du souvenir de l’échec de la brebis Dolly dont la mort et le vieillissement prématurés n’ont jamais été expliqués par les « experts » qui jouent à l’apprenti sorcier et ne pensent jamais que leurs brillantes idées d’aujourd’hui seront les catastrophes de demain.
Il a fallu des années d’études et d’analyses pour être « certain » que cette nourriture est « aussi sûre que celle qui provient des animaux conventionnels », comme l’a affirmé Stephen F. Sundlof, directeur du centre de médecine vétérinaire de la FDA. Mais il est de notoriété publique que si nous avalons des animaux conventionnels et non issus de l’élevage biologique, nous mettons d’horribles poisons dans nos assiettes. Au cas où nous l’oublierions, les maladies bovines et ovines sont là pour nous le rappeler épisodiquement, ainsi que la grippe aviaire engendrée par de monstrueux élevages intensifs, sans compter la salmonellose qui est devenue maladie courante. Ainsi, nous ne sommes plus à un poison près.
La FDA a précisé qu’aucun étiquetage n’est prévu pour indiquer que ces aliments seront obtenus par clonage. Cependant, si un producteur souhaite mentionner que ses produits ne proviennent pas de clones, sa demande sera examinée au cas par cas pour assurer « le respect des exigences de véracité de l’étiquetage ». Il est certain que les services de santé américains — grands pourvoyeurs de maladie — mettront tous les obstacles possibles à ces demandes et que cela va conduire à une totale opacité sur la provenance des produits.
L’association américaine Friends of the Earth (Les Amis de la Terre) a fait circuler une pétition pour signifier aux magasins d’alimentation que les consommateurs n’achèteront plus leurs produits si ces commerçants ne s’engagent pas à ne jamais vendre ce genre de viande et sous-produits animaux. Elle enverra une copie au Congrès et à la FDA.
Et l’Europe ?
Les députés européens se sont prononcés à une écrasante majorité contre la mise sur le marché des produits provenant d’animaux clonés et de leur descendance, mais une minorité de pays membres, dont la Grande-Bretagne, sont davantage ouverts à la commercialisation de « viande clonée ». Selon la réglementation européenne, les produits alimentaires, incluant le lait, provenant d'animaux clonés doivent être soumis à des contrôles et obtenir une autorisation pour être mis sur le marché, mais le commissaire européen chargé de la Santé, John Dalli, est très ouvert à l’expérimentation et aux avancées technologiques dans le domaine alimentaire. Il est également à l’origine de la décision de mise en culture des plantes OGM, car leur utilisation alimentaire serait sans danger pour la santé des consommateurs, selon l’avis des experts. Faute de position commune des États membres, la Commission européenne a autorisé la commercialisation dans l’UE de six variétés de maïs transgénique, utilisé pour l’alimentation humaine et animale. Par ailleurs, la Commission donne des assurances que la pomme de terre Amflora, modifiée génétiquement, est uniquement destinée à l’industrie du papier ; mais Bruxelles a également donné au groupe allemand BASF une autorisation d’utilisation d’Amflora pour l’alimentation animale et humaine.
L’eurodéputée écologiste Michèle Rivasi a accusé John Dalli de « jouer aux apprentis sorciers », ajoutant qu’il est « très lié au lobby agroalimentaire, qui souhaite l’acceptation du clonage », mais la Commission se retranche derrière l’avis favorable des experts qui assurent que la consommation de lait et de viande d’animaux clonés n’a pas d’effet nocif sur la santé humaine. De son côté, Dairy UK, qui représente l'industrie laitière britannique, a affirmé que « le lait et la viande de la progéniture de clones ne présentent pas de risque alimentaire ».
Or, l'Agence de sécurité des aliments du Royaume-Uni (FSA) a confirmé, l’été dernier, que la viande de la progéniture d'une vache clonée était entrée dans la chaîne alimentaire du pays, l'année dernière.
Les responsables de cet organisme ont fait cette découverte après l'ouverture d'une enquête sur les déclarations d'un éleveur britannique qui avait affirmé au New York Times vendre du lait produit par une vache née d'un clone, ce qui est interdit par l'Union européenne. Il a expliqué qu'il mélangeait chaque jour le lait de traite d'une vache née d'un bovin cloné à celui du reste de son troupeau. Au cours de leurs recherches, les responsables de la FSA ont aussi découvert que deux taureaux, nés en Grande-Bretagne et provenant d'embryons d'une vache clonée aux États-Unis, avaient tous deux été abattus. La viande provenant de l'un des deux bovins « aurait été consommée ». Ces révélations ont provoqué de vives controverses parmi les éleveurs anglais qui ont bien compris le manque total de contrôles et de surveillance des productions alimentaires, carnées ou non, liées aux techniques de manipulations génétiques.
En France, nous ne sommes pas à l’abri de ces risques, car la EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a déjà rendu public un avis « préliminaire » favorable aux aliments issus d'animaux clonés, dans lequel elle considère qu’il est « très improbable » qu’il existe une différence de sécurité alimentaire entre les produits provenant d'animaux clonés et de leur progéniture et ceux issus d'animaux élevés de manière traditionnelle, ce qui implique qu’ils seront aussi dangereux.
Photo : Dolly
Elle convient toutefois que le taux d'animaux clonés morts ou malades est nettement plus élevé que celui des animaux élevés de manière traditionnelle, mais le fait que « les animaux clonés malades sont éliminés de la chaîne alimentaire, comme c'est le cas pour les animaux élevés de manière traditionnelle » garantit cette sécurité. Il est évident que si Dolly est morte à six ans d’arthrite et de maladie pulmonaire, elle n’était pas en bonne santé, mais elle n’a pas été éliminée pour autant et personne, de son vivant, n’a dévoilée qu’elle pouvait être malade.
La EFSA admet également que la technique du clonage est « relativement nouvelle et que les données pour une évaluation des risques sont limitées » car les études ont été menées sur de petits échantillons. Mais peu importe ! Ainsi, on peut lire sur son site : « En se basant sur une série de paramètres, notamment physiologiques et cliniques, les animaux clonés sains et leur progéniture saine ne montrent aucune différence significative par rapport aux animaux élevés de façon traditionnelle ». N’oublions pas que les poulets ou les œufs de batterie, entre autres, sont considérés comme « sains ».
Et comment ose-t-on parler de « paramètres cliniques », alors que personne encore n’a servi de cobaye pour cette sorte de « nourriture », si l’on a le culot de l’appeler ainsi.
Le GEE, ou EGE en anglais (Groupe européen d'éthique des sciences et des nouvelles technologies), créé par la Commission européenne, vient de rendre un avis défavorable à la commercialisation d'aliments issus d'animaux obtenus par clonage (comme la viande et le lait). Dans son communiqué, il exprime douter que le clonage à des fins alimentaires soit éthiquement justifié en raison « de l'ampleur actuelle des souffrances et des problèmes de santé des animaux porteurs et des animaux clonés ». Mais l’avis du GEE n'est que consultatif, et ne concerne que les aspects éthiques de la question.
En revanche, ses experts préconisent de vérifier l'innocuité pour les consommateurs, les conditions d'élevage des animaux, la traçabilité et le contrôle des circuits commerciaux avant d'accepter ces pratiques pour l'alimentation humaine.
Nous pouvons donc espérer que la Commission interdise, au moins temporairement, la commercialisation en Europe de produits issus d'animaux clonés, quelle que soit la conclusion définitive de l'EFSA.
Ce serait le seul moyen de ne pas se mettre à dos l'opinion publique qui a refusé le maïs transgénique, au grand dam des États-Unis.
Des cochons transgéniques qui brillent dans la nuit. Cette étonnante création a déjà été réussie par d'autres chercheurs, mais les Taïwanais affirment qu'ils sont les premiers à avoir des cochons qui sont complètement verts : aussi bien en dedans qu'en dehors... A la lumière du jour, la peau et les yeux des cochons ont une teinte légèrement verdâtre et dans le noir, ils virent au vert fluo.
Comment ont-ils obtenus ces créatures ? Une protéine fluorescente extraite de méduses a été introduite par "microinjection" dans le noyau de cellules dans un embryon de cochon, a expliqué le professeur Wu Shinn-Chih, responsable de l'équipe, et membre de la faculté de science animale de l'Université nationale de Taïwan. "Oui, c'est vraiment important. Cela pourrait être utile à l'accélération de la recherche clinique sur les cellules souches humaines car les cochons sont généralement considérés comme comptant parmi les animaux les plus proches des être humains", a-t-il ajouté.
M. Wu espère que la technologie mise au point puisse être en particulier utilisée pour suivre le développement de tissus quand des cellules souches sont employées pour générer de nouveaux organes humains destinés à en remplacer d'autres déficients. "Il n'y aucune raison de s'inquiéter car les cochonsverts ne peuvent pas être croisées avec des espèces sauvages et produire des FrankenCochons", a assuré le chercheur.
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