Rue89. 23 novembre 2009 par Sophie Verney-Caillat
A deux semaines de la grande conférence de Copenhague sur le climat, un fichier zippé comportant 1073 emails a été sorti des ordinateurs du Climate Research Unit de l'université de West Anglia en Grande-Bretagne. Ce fichier est apparu le 17 novembre dans un commentaire posté par un internaute sous le pseudo FOIA sur le blog The Air Vent.
Selon les personnes à l'origine de leur diffusion, ces échanges seraient compromettants pour les climatologues auteurs des études ayant inspiré le rapport du GIEC, celui-là même qui fait autorité dans le landernau scientifique et politique.
La police britannique a lancé une enquête pour savoir qui est à l'origine de ce vol. La mouvance des sceptiques du changement climatique est très active sur le Net, notamment aux Etats-Unis, et diffuse déjà des films de propagande très bien faits comme « L'Arnaque du réchauffement climatique ».
Cette fois, elle pense avoir mis la main sur la preuve irréfutable d'une vaste entente entre climatologues, une science qui n'a pas encore fait de prédiction exacte, comme nous l'avait expliqué le physicien Serge Galam.
L'authenticité des mails a été reconnue par le Climate Research Unit, qui s'en explique dans un communiqué publié sur son site.
Le terme « climategate » est vite apparu au fur et à mesure que le buzz est monté. Le suffixe « gate » donne à ses promoteurs l'impression qu'à l'image du scandale du Watergate qui avait poussé le président Nixon à la démission en 1974, là, les négociations de Copenhague pourraient être totalement remises à plat. Est-ce un scandale d'une telle ampleur ?
Les premières retranscriptions des mails font surtout apparaître le doute des scientifiques sur le réchauffement climatique :
« Le fait est que nous ne savons pas expliquer l'absence de réchauffement actuellement et c'est ridicule. (…) Notre système d'observation est déficient. »
Le ton des échanges de mails laisse apparaître une entente entre scientifiques qui tenteraient d'étouffer ce qui gêne leurs démonstrations. Vincent Courtillot, quasieent l'unique représentant en France des sceptiques parmi la communauté des climatologues, avait déjà accusé les scientifiques du Giec de rétention d'information. Les vidéos de ce professeur de géophysique circulent de manière virale dans le milieu des sceptiques.
La réponse du Climate Research Unit souligne que :
« Dans les échanges d'emails, les gens s'expriment plus librement que dans les déclarations publiques. (…) Mais ce qui est plus intéressant est ce qui n'est pas contenu dans les emails. »
Adoptant le langage paranoïaque, et faisant preuve d'un humour très anglais, il détaille :
« Il n'y a aucune preuve d'une conspiration mondiale, aucune mention d'un financement par George Soros de la recherche sur le climat, rien sur le fait que le réchauffement climatique serait un hoax, aucune preuve de falsification des données, aucune feuille de route donnée par des seigneurs socialistes, communistes, végétariens. »
Le communiqué reconnait le manque d'unanimité qui règne au sein de la communauté scientifique :
« Des gens qui travaillent de manière constructive pour améliorer leurs publications, des scientifiques en accord sur les grands points, en désaccord sur des détails et qui se lancent dans des discussions musclées. »
Sur le buzz, le communiqué remarque :
« Il est évident que les éléments les plus bruyants de la blogosphère vont faire beaucoup de bruit. Mais il est important de se rappeler que la science ne marche pas avec des gens qui sont polis tout le temps. (…) Aucun doute que des phrases seront sorties de leur contexte. »
Seul exemple développé, celui du « truc de Nature » :
« Le mot “truc” renvoie à “une bonne manière de traiter un problème”, plutôt que “quelque chose de secret”, et cela ne nous pose aucun problème. Les auteurs de l'article ont toujours recommandé de ne pas utiliser les données après 1960, le terme “cacher” est “probablement un mot mal choisi” car il s'agit de ne pas utiliser ces données dans ce schéma-là pour tenter de les comprendre dans des recherches ultérieures. »
Photo : l'explorateur britannique Pugh plonge dans l'Oceéan, au Pôle Nord le 16 juillet 2007 (Reuters)
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