Le Lot en Action. 22 décembre 2009 par LieberTerre
Le samedi 12 décembre 2009
Ce matin là une couche de givre couvre le par brise du Trafic, j'ai laissée tourner le moteur avec la ventilation à fond pendant que je chargeais la marchandise et il m'a fallu gratter quand même avant de partir, je n'ai pas regardée le thermomètre mais j'évalue la température à -3 -4 °C.
Trente minutes plus tard je me gare à la halle de Figeac où je retrouve mes collègues. Les rues de la ville sont drapées de vastes guirlandes électriques et sous la halle, c'est carrément Versailles depuis quinze jours déjà, histoire de nous rappeler que même si il y a peu il faisait 20 °C en pleine après midi, c'est bientôt Noël et qu'il va falloir fissa penser à consommer, histoire de participer à la relance de l'économie surtout en pleine crise. La France à besoin de vous bande de mous du porte monnaie!!!
Tout en déchargeant nos véhicules comme chaque samedi, nous commentons la météo, les nouvelles, la politique, ça échange, ça plaisante, ça se congratule et on se dit qu'il ne va pas faire chaud ce matin et on espère la clientèle courageuse et acheteuse.
Je pars garer mon véhicule et comme il n'y a pas d'urgence je prends mon temps; de retour à mon banc, un client m'attend trépignant d'impatience car il va travailler. Il m'achète une volaille et comme nous nous connaissons bien il me confie qu'il a été appelé pour officier au centre de vaccination de Figeac. Interloquée je lui demande si il a été « réquisitionné ».
Il me dit que non mais qu'il a accepté parce que les gens veulent se faire vacciner alors...
Je lui demande si lui même c'est fait vacciner car je le savais réticent, il me répond que non surtout pas, on ne sait pas trop et devant mon air abasourdi il me lâche benoîtement que de toute façon, si ce n'est pas lui qui fait le boulot ce sera un autre alors....
Il faut savoir que cette personne est à la retraite mais pour palier au manque de personnel qualifié, il accepte encore des missions à l'hôpital ou dans les cliniques de Figeac, ça fait de lui un bon citoyen tout en arrondissant les fins de mois, pas vraiment difficiles en ce qui le concerne.
Habituellement plutôt diplomate avec la clientèle, je sens alors un flot de colère froide, c'est de saison, me submerger et je lui rétorque que pendant la guerre aussi les gars qui on conduit les trains de déportés ont tenus le même raisonnement.
Je pense avoir perdu un client mais qu'à cela ne tienne, je me rengorge car je l'ai bien mouché!
Autour de moi cette petite scène ne manque pas d'alimenter les conversations et de relancer le débat autour de la grippe et des quelques cas de décès.
Puis la matinée se déroule gentiment avec son cortège de clients fidèles qui nous plaignent d'être obligés de supporter ce froid, nous encourageant à tenir bon car le soleil arrive et patati et patata. Lors d'une conversation quelqu'un m'informe qu'il ya un monsieur assis la bas, parterre, tenant à la main un écriteau : J'AI FAIM MERCI.
La fin du marché arrive enfin et nous nous hâtons tous de remballer afin de regagner au plus
vite l'atmosphère douillette de nos maison, la perspective d'un repas chaud et pour certains une petite sieste bien mérité, nous redonne du cœur à l'ouvrage.
C'est alors que je le vis assis là, au coin du petit Casino, tenant toujours son écriteau, le regard perdu dans le vide, il paraissait vissé au sol. Je m'arrêtais devant lui et il a alors levé son regard vers moi.
Je me suis penchée pour lui demander ce qui lui était arrivé pour qu'il en soit là. Il s'est levé
et il m'a expliqué qu'il venait de Hongrie, qu'il avait fait des petits boulots à Paris et qu'il était venu seul sans sa famille.
Puis je me suis inquiétée de savoir si il avait des papiers et il m'a répondu: « juste une carte d'identité »
Je lui ai proposée de la viande mais il a préféré un bon café bien chaud. J'ai ouvert mon porte monnaie et je lui ai donné cinq euros. Il m'a doucement remercié et juste quand je suis partie, il m'a souhaité un bon Noël.
Quand je suis rentrée bien au chaud chez moi, j'ai alors regretté de ne pas l'avoir invité à me suivre mais il était trop tard. J'avais raté l'occasion de mettre en pratique la noble pensée d'aider son prochain d'autant plus que celui là était propre , bien rasé, jeune et paraissait en bonne santé.
Aurais-je eu les mêmes regrets si il avait été sale et alcoolique?
Depuis huit jours je repense à cette matinée en me demandant comment fait un homme d'environ 35 ans, au regard bleu et doux pour survivre au froid à la neige et à la faim.
J'ai entendu à la radio qu'un homme de cet âge était mort de froid sous des cartons mais c'était à Bordeaux. Ouf! « le mien » m'avait dit qu'il pensait se rendre à Brive ou à Aurillac, ce n'est donc pas lui... à moins que?
De celui qui refuse de se faire vacciner mais qui accepte de vacciner les autres ou du passant qui passe en laissant sur le trottoir quelqu'un qui risque de mourir de froid, lequel est le plus à blâmer? Que celui qui me jette la pierre etc...
Nous seront bientôt en 2010 après Jésus Christ et les guerres, la misère et la souffrance ravagent de plus en plus les hommes et la planète. Nous pouvons le constater chaque jour, les époques changent, les costumes changent, la haute technologie et la science sont omniprésentes mais les humains eux ne changent pas; ils donnent toujours leurs pouvoirs à des politiques qui n'ont eux même pas de pouvoir ou qui sont dévoués corps et âme au pouvoir de l'argent et à la poignée de dirigeants des multinationales qui appliquent avec soin et rigueur l'idéologie capitaliste et qui sont prêts à défendre jusqu’a la dernière goutte de sang, leurs acquis, quitte à semer derrière eux la mort, la misère et le désespoir.
Et si nous cessions de jouer aux gentils moutons, moutons blancs ou moutons noirs, nous restons des moutons qui avons encore besoin d'un berger en la personne des dirigeants qui nous mènent avec le bâton ou la carotte, c'est selon.
Les gouvernements nous mentent c'est écrit dedans: gouvern&ment
Alors qu’attendons-nous pour nous réveiller et reprendre le pouvoir et la véritable Liberté qui appartient à chacun d'entre nous, en cessant d'être les victimes consentantes et les gentils esclaves du système!
Et si nous réfléchissions ensembles à un autre système d'échange basé sur l'économie réelle qui redonnerait tout son sens au travail et rendrait leur dignité aux êtres humains.
Et pour terminer petites citations:
« Lorsque l'esclave meurt, c'est le maître qui disparait » Georg Hegel -Philosophe-
Et puis aussi:
« Ne doutez jamais du fait qu'un petit groupe de citoyens éclairés et déterminés puisse changer le monde. En fait on n'a jamais pu le changer autrement »!
On commence aujourd'hui? Margaret Meid -Anthropologue-
Je dédie cette chronique à mon ami Hongrois et à tous ceux qui souhaitent ardemment se changer pour changer le monde. La véritable Liberté est en chacun de ceux là.
1. La Boétie Le 22/12/2009 à 19:39