Le gouvernement américain a « largement sous estimé le nombre de cancers liés à des causes environnementales » estime un rapport, remis au début du mois de mai au président Barak Obama. Rédigé par deux spécialistes du cancer – LaSalle D. Leffall et Margaret L. Kripke – qui ont auditionné des dizaines d’experts, ce rapport de 240 pages souligne le manque de recherches en la matière. 41% des Etats-Uniens sont, à un moment de leur vie, victimes d’un cancer. Les deux chercheurs constatent que les enfants sont particulièrement vulnérables. Les cancers infantiles augmentent depuis 30 ans.
« Les enfants sont exposés aux produits chimiques, toxiques et cancérigènes, par l’air qu’ils respirent, la nourriture et l’eau qu’ils consomment, les médicaments qu’on leur donne, l’environnement dans lequel ils vivent (...), y compris les véhicules motorisés dans lesquels ils voyagent. » Leur organisme en plein développement élimine beaucoup moins vite les particules toxiques qui y demeurent plus longtemps actives que chez les adultes. Certains prélèvements effectués sur les cordons ombilicaux de nouveaux nés ont ainsi révélé la présence de près de 300 polluants ! Du produit chimique utilisé dans des emballages de fast food aux pesticides, en passant par les retardateurs de flammes... Le rapport affirme haut et fort que l’exposition des Américains à des polluants environnementaux (issus de l’industrie ou de l’agriculture) pose « un problème important de santé publique ».
De ce côté-ci de l’Atlantique, le constat est à peu près similaire, quoique plus prudent. En septembre 2008, l’Inserm considère ainsi, dans une expertise consacrée aux liens entre cancers et environnement, que l’évaluation est « une problématique importante en terme de santé publique car cela concerne une large part de la population ». La dite expertise précise aussi que « l’évaluation de l’impact des facteurs environnementaux reste limitée dans bon nombre de cas, en raison d’une absence ou d’une insuffisance de données permettant de quantifier les expositions sur l’ensemble de la vie des populations exposées et de préciser les co-expositions. L’évaluation des effets des expositions chroniques à de faibles doses doit encore progresser. » Autant d’impératifs que l’on cherche encore dans les bonnes feuilles du Grenelle 2. En vain.