Le Lot en Action. 26 novembre 2010
" Si l’on compare la quantité produite, le coût de la production, l’eau consommée et l’énergie consommée, l’emploi créé, on arrive à la conclusion qu’il vaut mieux avoir 100 fermes de 50 hectares qu’une ferme de 5 000 hectares. Je ne pense pas qu’il faille aller jusqu’à revenir à l’ancien mais qu’il faille trouver un autre équilibre que celui que nous avons eu l’erreur de croire bon" affirme l’ancien Ministre de l’Agriculture, Edgar Pisani, l’inventeur de la PAC. Il est l’un des intervenants du dernier documentaire de Agnès Fouilleux au cinéma le mardi 30 novembre prochain, au Quercy à Cahors (20h30, suivi d'un débat avec la réalisatrice Agnès Fouilleux).
Le bon sens paysan qui faisait l’agronomie d’hier a peu à peu, depuis plus de cinquante ans, été remplacé par des logiques marchandes, qu’une poignée d’entreprises multinationales a réussi à imposer en prenant le pouvoir jusqu’au plus haut niveau. Les petites fermes polyvalentes et autonomes des paysans d’hier ont laissé la place à d’immenses "exploitations" qui portent bien leur nom... Pourquoi, comment et au profit de qui la production agricole s’est-elle industrialisée au point de désertifier les campagnes, d’empoisonner l’eau et les sols, de stériliser les paysages, de confisquer les semences et d’affamer des millions de paysans dans le monde ?
Au delà des discours et des bonnes volontés politiques affichées, les conséquences de l’évolution de notre agriculture sont là : malbouffe, dégâts environnementaux irréversibles, conséquences sociales ... Le constat de la mise à mal des quatre éléments fondamentaux qui assurent la souveraineté alimentaire à venir : l’eau, la terre, les semences, et la biodiversité est aujourd’hui alarmant.
Le film d’Agnès Fouilleux nous révèle pas à pas les mécanismes et les enjeux de la mondialisation et de la financiarisation de l’agriculture, face auxquels des résistances commencent à apparaître. Après le Grenelle de l’environnement, alors que le "bio" a le vent en poupe, la réalité paysanne prouve que l’agriculture industrielle et la politique agricole commune nous amènent droit dans le mur... Du paysan au chercheur, de la semence précieusement conservée au lobbyiste sans état d’âme de Bruxelles, ce tour d’horizon exhaustif suggère clairement, travaux pratiques à l’appui, que ce qui est petit, ou du moins pas trop grand est beaucoup plus "joli" pour notre avenir...
Pourtant tout ça risque d’être difficile à modifier... du moins tant qu’une minorité aura tant d’argent à gagner...
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