Le Lot en Action. 12 décembre 2009 par Bluboux
Jusqu’à hier soir je me suis pris à rêver. Les routiers sont en colère et menaçaient de bloquer le pays. Vous imaginez, juste avant noël, les plateformes de distribution bloquées, les grandes surfaces dans l’incapacité de réapprovisionner les rayons de jouets. Pas assez d’huitres, de foie gras, de champagne. Les banques ne pouvant vendre leurs crédits à la consommation aux pauvres bougres qui s’endettent pour payer à leurs enfants des cadeaux et pouvoir faire « comme tout le monde », oublier un instant leur condition de français moyens, c'est-à-dire se rapprochant du seuil de pauvreté.
Et puis il y a du monde en colère, parce que si les routiers avaient mis leur menace à exécution, les agriculteurs auraient probablement emboité le pas. En pleine crise du lait, dont les vraies raisons sont nichées au cœur des politiques libérales, Sarko a même osé leur conseiller d’embaucher des travailleurs de l’est, payés comme des esclaves. Arrêtez de vous plaindre et changez, profitez de ce que le traité de Lisbonne vous offre, la directive Bolkenstein. Sont pas contents les paysans!
Puis il y a les personnels de santé qui sont également à toc, prêts à exploser. Comment voulez-vous comprendre que l’on exploite votre conscience professionnelle, sachant que vous ne ferez pas grève (on ne laisse pas les gens malades sans soins), que vous assistez sans pouvoir lutter à la destruction de l’hôpital public, et que des milliers de citoyens qui bossent ne peuvent même plus se payer une consultation chez un toubib et/ou des médicaments, venant grossir les files d’attente des urgences le dimanche ? Et par-dessus le marché on leur explique que l’état vient de dépenser des milliards en masques, Tamiflu et vaccins pour une grippe qui, si elle est fort contagieuse, est dix fois moins mortelle que la grippe normale, mais qu’il faut faire des économies, because il n’y a plus de sous dans les caisses, que l’on va multiplier les rapprochements hôpital-clinique et qu’il est hors de question d’embaucher, même si le système est au bord de l’implosion.
On peut ajouter à la liste tous les fonctionnaires, y compris ceux de police et de gendarmerie. Un départ sur deux non remplacé, des services de l’état incapables de mener à bien leur mission. Alors on privatise, on externalise, on dilapide… avec des résultats magnifiques, comme pour les chômeurs, où les boites privées qui se sucrent sur leur dos sont épinglées par des rapports officiels constatant que leur efficacité est plus que discutable et que Pôle emploi obtenait de meilleurs résultats…
Il y a aussi tous les fonctionnaires sur la sellette, ceux qui travaillent dans « les fraichement privatisées » comme France Télécom, ERDF-GRDF, la SNCF. Chez France Télécom la direction n’a de cesse de vouloir se débarrasser de ses statutaires, qui coûtent beaucoup trop cher. Il est tellement plus rentable de les remplacer par des CDD à temps partiel, sous-payés et corvéables à merci, alors touts les moyens sont bons pour y arriver : 33 suicides chez France Télécom… Des gens qui sont mis au placard, sans mission, harcelés jusqu’à ce qu’ils craquent… et démissionnent ou se suicident.
Au rang des mécontents il y a tous les chômeurs, les « bénéficiaires » du RSA, tous les gens qui cumulent les p’tit boulots de merde sans arriver à joindre les deux bouts, et qui vont grossir les files d’attente au resto du cœur.
Même les élus de la majorité grossissent les rangs des insatisfaits, effrayés de perdre leur "petit plassou" confortable avec la nouvelle réforme des collectivités locales.
Il n’y a plus guerre que les sympathisants de l’extrême droite et les nantis qui exultent. Oh ils essayent de le faire discrètement, à l’abri des regards, histoire de ne pas provoquer trop vite la révolte. Et cette révolte ils s’y préparent autant qu’ils la craigne nt puisqu’elle risque de les empêcher de continuer à piller ce qui reste. Il suffit de constater avec quel empressement l’état vient de lâcher plus de 100 millions d’euros en allègement de charges pour les entreprises du secteur routier. Il faut à tout prix empêcher le feu de s’allumer, même si les braises sont ardentes. Il faut gagner du temps, encore et encore, parce que chaque jours qui passe se chiffre en milliards, parce que chaque jours qui passe permet de renforcer l’arsenal sécuritaire, de museler encore un peu plus les médias et d’accroître l’idée que l’on ne peut rien y faire, qu’il n’y a pas d’autre solution que la croyance forcenée dans les préceptes du libéralisme.
Je me suis pris à rêver que tous les citoyens en colère lèvent leurs fesses et descendent dans la rue pour faire reculer ce ramassis de malfaiteurs qui nous gouvernent, jusqu’à la porte de sortie. C’eut été le plus beau des cadeaux de noël.
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