samedi 9 mai 2009 (18h16) Bellaciao
de Michel MENGNEAU
A force de faire des mises en garde, de crier : « Attention danger ! », la plupart des dirigeants européens ont prit conscience que la généralisation des agro-carburants était assez aléatoire, pour plusieurs raisons qu’il est inutiles de rappeler.
Bon, malheureusement cela ne pouvait pas faire l’unanimité, et celui qui naturellement a voulu se singulariser est l’inconscient Sarkozy, une sorte de savant fou diront certains, qui a fait accélérer le mouvement pour que la France soit la première à 10% de mélange essence et éthanol avec toutes les conséquences qui en découlent.
Surtout que l’agro-carburant mis sur le marché est tout à fait discutable, ainsi que je l’ai déjà expliqué dans un article précédent. Cependant, il ne faudrait pas que cela soit une disqualification totale des éthanols qui dans le cas de surproduction agricole mondiale reste un palliatif et une façon intelligente de réduire des stocks encombrants, mais uniquement dans ce cas là, cela va de soi.
D’autant que parallèlement à la fabrication d’éthanol, l’agrobusiness qui se met en place pour fournir agrochimie va devoir aussi fabriquer des polymères à partir des amidons et cellulose. On invoque donc les agro-carburants en dénonçant leur généralisation mais l’on oublie cette face cachée de la pétrochimie qui maintenant va se transformer en agrochimie pour fabriquer emballage, sacs plastiques et autres formes de conditionnement. Et si le marché des carburants est porteur avec l’usage intempestif des bagnoles, celui de l’ensachage, du conditionnement l’est probablement encore plus. Donc déjà nous devons tirer la sonnette d’alarme lorsque l’on voit que la profusion de sacs plastiques venant des dérivés du pétrole pourrait être remplacée par les mêmes sacs, biodégradables, mais fabriqués avec des amidons issus du blé nourricier.
Une évidence s’impose, c’est que nous devons changer nos modes de vie et par exemple privilégier la bouteille en verre consignée, à la bouteille en plastique jetable. Même si l’on estime que le recyclage contribuera en bonne partie à subvenir à nos besoins, il n’en reste pas moins que nos habitudes de consommation doivent changer. Mais c’est là que le bas blesse, car on est loin d’aller dans ce sens là. En effet, Les polymères par exemple s’incluent bien dans des principes courant à la catastrophe sous le fallacieux prétexte de développement durable. Donc on en revient à dénoncer l’origine de ces façons de faire destructrices de l’équilibre de la planète que sont le productivisme et son moteur la recherche du profit maximum, les deux adages du capitalisme.
Bien que la crise soit celle du capitalisme on s’aperçoit que celui-ci continue sur sa lancée productiviste en mettant l’agrobusiness au service du capital, ce qui implique exploitations expansives de toutes sortes ou formes de territoires, avec à la clé, déforestations, surdoses d’engrais, pesticides, insecticides, OGM, arrosages intempestifs, et le tout sans se soucier de la demande nutritionnelle qui se trouve dévoyée au profit de la bagnole et des sacs plastics. On assiste donc à la mainmise des multinationales de l’agrobusiness que beaucoup ont dénoncé à travers l’exemple le plus souvent cité, Monsanto. Si les critiques à l’encontre de cette firme sont justifiées, elle est néanmoins l’arbre qui cache la forêt.
On se souvient de Svalbard Global Seed Vault qui est une sorte de banque de conservatoire de graines, située sur l’île du Spitzberg, et dont on doit le financement à la fondation Rockefeller, à la Fondation de Bill Gâtes, à la Fondation Syngenta et à Monsanto, le tout avec l’appui du gouvernement Norvégien. Fondée en février 2008 certains avaient tiqué sur l’intention profonde des participants qui voulait que cette action soit uniquement à but humanitaire afin de garder mémoire du patrimoine biologique de la planète. Le nom des prétendus philanthropes en a laissé septiques plus d’un. Mais à la suite de la dernière trouvaille des rapaces de l’agrobusiness on comprend mieux dans quelle optique mercantile et à quoi pourrait servir par la suite un tel potentiel de graines.
En effet OEB (Office Européen des Brevets) a été saisi de demandes à déposer des brevets pour des variétés de plantes et semences issues de croisements traditionnels. Cela parait anodin puisqu’il s’agit du Brocoli désigné sous l’appellation barbare de EP 1069819, et de la tomate EP 1211926 dont les" brevetages" sont à l’approbation. On ne peut que s’en émouvoir car jusqu’à présent les brevets étaient réservés à des plantes ou animaux issus de la recherche biologique, des droits d’auteurs en quelque sorte. Mais là on est devant le cas de produits venant de culture conventionnelles ce qui change tout l’aspect de la question puisque par se biais les grands ensemenciers auraient la mainmise sur toutes les filières économiques, que les produits viennent par le tripatouillage des scientifiques de l’INRA pour ne citer qu’eux, ou tout simplement parce que le cultivateur a gardé de la graine qu’il a replanté ou semé. On comprend l’enjeu monétaire pour les multinationales si elles arrivent à breveter ce brave brocoli, ce dont s’est ému l’ONG, « No Patends on Seeds » qui lance avec Greenpeace et plusieurs autres associations un cri d’alarme. http://www.no-patents-on-seeds.org
Si ces deux produits sont brevetés le champ de la marchandisation de toutes espèces de la biodiversité sera ouvert aux seules multinationale qui vont faire leurs choux gras d’une telle aubaine. C’est pourquoi la Fondation Rockefeller et consort n’a probablement pas creusé son coffre fort renfermant pour l’instant que se graines dans un seul but lucratif ou celui d’une œuvre caritative. Comme on le voit, pour s’accaparer de tout notre patrimoine, pour faire du fric, les capitalistes ne manquent pas de ressources. Ce qu’ils savent faire aussi sans vergogne lorsqu’il s’agit de licencier les ouvriers d’usines prétendues non rentables.
L’agrobusiness capitaliste monopolisera alors toutes les filières de la production agricole. De la semence, au carburant qui ira dans la bagnole s’approvisionnant au « super-market » du coin d’où son propriétaire consommateur en ressortira avec un cabas à base d’amidon, pendant que la poche de nouille sera hors de prix pour celui-ci et tout à fait inaccessible pour l’exploité du Mali.
Non seulement ils vont manger à tous les râteliers en écrasant le prolétaire, après avoir vidé en partie le sous-sol de la terre, ils vont maintenant tirer le maximum de profit de sa surface en continuant à la détruire….
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