Borloo, maître nickel de l’illusion

Backchich Info. Le 1er Novembre 2010 par Fabrice Nicolino

 

 

Borloo se cache dès qu’il lui faut assumer publiquement une décision impopulaire, avant de ressortir comme une fleur une fois le danger passé.

Ce n’est pas une farce. Quoique. Rappelons que se termine à Nagoya (Japon) une énième conférence mondiale sur la biodiversité. Et passons sans transition à Jean-Louis Borloo, maître illusionniste qui sera peut-être Premier ministre dans deux semaines. Ce malin évite depuis des mois – et même des années – tout sujet qui pourrait nuire à ses ambitions. Car le monsieur n’a qu’un but depuis des lustres, en attendant peut-être mieux : Matignon.

Avec une prudence de Sioux, il se cache dès qu’il lui faut assumer publiquement une décision impopulaire, avant de ressortir comme une fleur une fois le danger passé. D’un côté, celui des caméras, l’écologie. De l’autre, loin des regards, l’économie. La vraie, la dure.

Le 27 avril, Borloo présente devant le Conseil des ministres un plan consacré aux métaux dits stratégiques. Certains sont rares et peu connus, d’autres fameux, comme le nickel. Le 27 avril, Borloo parle nickel. Et se félicite de la bonne évolution d’un dossier, celui du gisement de Weda Bay, sur l’île d’Halmahera, en Indonésie.

Un groupe français s’est emparé de cette manne colossale – quatre millions de tonnes de nickel –, pour le plus grand profit de notre industrie. Dans le propos officiel de Borloo, notons cette perle : « L’accès à ces métaux dans de bonnes conditions est nécessaire pour assurer à l’industrie française les conditions de son développement et lui permettre l’élaboration de produits plus vertueux et plus compétitifs. » Le mot décisif est évidemment « vertueux ».

Le groupe français vanté par Borloo, Eramet, emploie 15 000 personnes dans le monde, et l’État français continue d’y jouer un rôle clé, notamment à travers la participation au capital du groupe public Areva. En somme, tout va bien, et de mieux en mieux. Mais pour qui ? Le réseau des Amis de la terre dénonce aujourd’hui un incroyable désastre, en contradiction absolue avec tous les engagements du gouvernement français. Car le nickel indonésien est situé au-dessous d’une forêt tropicale dont la biodiversité est parmi les plus riches au monde. Elle abrite plus que vraisemblablement des espèces n’ayant encore jamais été décrites par les scientifiques. Sur le papier, elle est donc intouchable. Et dans la réalité, l’État français s’apprête à se rendre complice d’un crime écologique majeur. Qui touchera de plein fouet les Togutil, un peuple forestier qui ne peut pas plus se passer d’arbres que d’air. Borloo, écolo ma non troppo.


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Dernière mise à jour de cette page le 01/11/2010

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