Bakchich info. 16 septembre 2010 par Louis Cabanes
Une nuit blanche pour mettre la réforme des retraites au clair. Les députés ont veillé jusqu’au petit matin, mercredi, pour achever l’étude du texte. Au prix de débats houleux. Voici les perles de la nuit.
La pénibilité au travail, les députés l’ont votée puis expérimentée. Au cours d’une séance épique de douze heures de débats dans la nuit de mardi à mercredi. Soit de 21h30 à 9h30 non stop. Entrecoupées de relais à la buvette pour tenir le coup. Bakchich vous livre les plus belles perles verbales à mesure que se dessine le crépuscule.
M. Yves Cochet[Vert] : Madame la présidente [Catherine Vautrin UMP] Je souhaiterais que vous nous indiquiez si vous avez l’intention d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à cinq heures, sept heures, dix heures ou treize heures, voire jusqu’à la séance de l’après-midi, qui est, elle, fixée à quinze heures.
Catherine Vautrin [UMP] : […] La séance qui a été ouverte à vingt et une heures trente ne peut se poursuivre au-delà de neuf heures trente demain matin. (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Mme Martine Billard [Parti de Gauche] : Vous avez le sens de l’humour !
M. Vidalies [PS] : Le travail de nuit, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, ne diminue pas – à l’Assemblée nationale non plus…
M. Jean Mallot [PS] Mon intervention portera sur la charnière entre les articles 25 et 26.
M. Philippe Martin [PS]. À la charnière, on nous prend pour des gonds !
M. Jean Mallot [PS] Eh, c’est que vous en avez, des charnières, sur votre tracteur, monsieur le ministre ! Le ministre est agriculteur ; il est touché par la prise en compte de la pénibilité, lui aussi.
M. Christian Hutin [apparenté PS]. Oh, les méchants !
M. Christian Paul [PS] Je le dis en l’absence de M. Woerth, qui n’a semble-t-il pas jugé utile de participer en totalité au débat sur la pénibilité !
M. Georges Tron [UMP], secrétaire d’État. Oh ! Vous êtes arrivé il y a une demi-heure !
M. Christian Paul [PS] Mais oui, monsieur Tron, je sais que ce débat est, depuis le début, un concours d’élégance, mais j’aurais préféré que ce soit un concours de présence, y compris hier soir, mes chers collègues de l’UMP, où vous avez démontré par votre absence que le travail parlementaire de nuit est sans doute un travail pénible.
M. Patrick Roy. (PS) J’ai envie de marteler combien ce gouvernement, et vous, monsieur le ministre, êtes un spécialiste du mensonge. J’ai à l’esprit un personnage d’un célèbre classique du dessin animé. Si c’était vous, les fonctionnaires qui vous font face seraient gênés par votre nez qui s’allongerait démesurément à chacune de vos déclarations.
.Je sais qu’à Chantilly, vous me l’avez dit une fois, les citoyens viennent se plaindre de payer trop d’impôt sur la fortune.
M. Éric Woerth [UMP]. Mais quel menteur !
M. Jean-Marc Ayrault [PS] Vous avez précisé que la crise, en creusant les déséquilibres, était responsable de l’accélération de la réforme. Par conséquent, vous faites payer la facture de la crise financière, de la crise d’un système capitaliste, absurde, aux Français modestes.
M. Christian Jacob [UMP] Ce n’est pas un discours qui restera dans les annales de l’Assemblée ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Patrick Roy [PS] M. Jacob fait de la provocation ! Il voudrait être président du groupe UMP !
M. Jean-Marc Ayrault [PS] Depuis le début du quinquennat, vous préservez celles et ceux qui se sont rendu complices ou responsables ; le dernier avatar est l’affaire Tapie et ses 210 millions d’euros, montrant, une fois de plus, que ce Gouvernement est bien un le gouvernement des riches.
M. Bernard Deflesselles [UMP] Tapie, c’est votre ami.
Plusieurs députés du groupe de l’UMP. C’est vous qui l’avez fait ministre. C’est votre créature !
M. Jean-Marc Ayrault [PS] Sans recettes régulières des cotisations, vous pouvez toujours continuer de creuser des trous, vous n’en sortirez jamais.
M. Christian Hutin [apparenté PS] C’est le Sapeur Camember !
Un peu après….
M. Jean-Marc Ayrault [PS]. Tous les Français, ou presque, ont des problèmes de dos.
M. Bernard Deflesselles [UMP] Ce n’est pas lié au travail !
M. Patrick Roy [PS] Jacob en a plein le dos !
M. Christian Jacob [UMP]. Non, ce n’est que du plaisir !
M. Jean-Marc Ayrault [PS] Mais il faut bien, n’est-ce pas, trouver quelque part de l’argent pour faire des chèques de 30 millions d’euros à Mme Bettencourt, à tous vos amis du Fouquet’s et du Bristol.
M. Éric Woerth, ministre du travail [UMP] Et les amis de Mme Royal ou de M. Strauss-Kahn ?
M. Jean-Marc Ayrault [PS]. …à vos amis du premier cercle et quelques autres encore, M. Wildenstein et compagnie dont on reparlera, ne vous inquiétez pas, monsieur Woerth.
M. Éric Woerth [UMP], ministre du travail. Soyez courageux au moins une fois dans votre vie !
M. Christian Paul [PS] Et vous, monsieur Woerth, soyez honnête au moins une fois dans votre vie !
M. Éric Woerth, ministre du travail. Et si l’on parlait de vos turpitudes !
M. Roland Muzeau [PCF]. La compréhension commence à se faire jour en pleine nuit dans vos esprits (Sourires sur les bancs du groupe UMP). J’en veux pour preuve que vous avez retrouvé le chemin de vos bancs alors que vous étiez en train de traîner dans les couloirs (Exclamations sur les bancs du groupe UMP)
Mme Valérie Rosso-Debord [UMP] Monsieur Muzeau, vous étiez avec nous à la buvette !
Mme la présidente [UMP] Le temps de parole du groupe GDR, donc le vôtre, monsieur Chassaigne, est épuisé.
Mme Martine Billard [Parti de Gauche]. Notre temps de parole est peut-être épuisé mais pas nous !
M. Maxime Gremetz [PCF] Il leur reste huit ou dix heures, à l’UMP ! Qu’ils se montrent donc généreux et nous en fassent profiter !
Mme la présidente [UMP]. Cela ne sert à rien de rester debout, mes chers collègues.
M. Maxime Gremetz [PCF] Soyez démocrates, chers collègues de l’UMP !
Mme Martine Billard [ Parti de Gauche] Nous voulons travailler plus et mieux !
M. Maxime Gremetz [PCF]. Monsieur le trésorier de l’UMP, combien vendez-vous votre temps de parole ? (Sourires)
M. Maxime Gremetz M. Gremetz, qui tente de monter à la tribune, en est empêché par les huissiers.
M. Maxime Gremetz. C’est vraiment incroyable ! Envoyez les CRS dans l’hémicycle !
M. Maxime Gremetz. Le président ne sait pas lire !
M. Maxime Gremetz. Rendez-nous Debré !
Un peu plus tard…
On ne mange pas à la même table, c’est évident, et pas dans le même restaurant ; mais enfin, nous sommes dans le même hémicycle ! C’est la maison commune, chère à…
M. Jean-Pierre Brard [PCF] Gorbatchev !
Mme Marie-Françoise Clergeau [UMP] Il est six heures moins le quart ! C’est l’heure à laquelle nous allons commencer à parler des veufs et des veuves, des femmes, des seniors. Je n’ai jamais vu autant de parlementaires, épuisés, tentant de se reposer dans les salons autour de l’hémicycle.
M. Roland Muzeau [PCF] Et le code du travail ? Et les journées de seize heures pour les agents de l’Assemblée ?
Mme Marie-Françoise Clergeau [UMP]. Il est inadmissible de faire travailler les parlementaires dans de telles conditions.
M. Charles de La Verpillière [UMP] Nous sommes en pleine forme !
M. Dominique Dord [UMP] Je n’ai jamais vu autant de députés dans l’hémicycle.
M. Pascal Terrasse [PS]. Monsieur le président, regardez M. Bocquet !
M. le président [UMP] Monsieur Terrasse !
M. Patrick Roy [PS] Libérez Alain Bocquet !
M. Maxime Gremetz [PCF] Nous sommes piétinés, bâillonnés ! Vous ne l’emporterez pas au paradis !
Mme Catherine Coutelle [PCF] Monsieur le ministre, vous nous avez plutôt habitués à mentir. Chez vous, cela semble être une seconde nature, voire votre nature.
M. Denis Jacquat [PS] rapporteur. De tels propos sont inadmissibles !
M. Éric Woerth [UMP], ministre du travail. Qui êtes-vous, madame Coutelle, pour dire cela ? Quel état d’esprit scandaleux !
M. Éric Woerth[UMP], ministre du travail. Collabo !
M. Christian Eckert [PS]. Monsieur le ministre, vous avez traité Mme Coutelle de collabo. C’est honteux !
M. Éric Woerth [UMP], ministre du travail. Et alors ? Et vous, vous ne valez pas mieux !
M. Christian Eckert [PS]. Monsieur le ministre, à cette heure matinale et après de longs débats, je souhaite faire un constat. Certes, nombre d’entre nous sont fatigués.
M. Charles de La Verpillière [UMP]. Nous allons très bien !
M. Christian Eckert [PS]. Néanmoins cela n’autorise pas les dérapages verbaux.
M. Yves Durand [PS] C’est lamentable !
Mme Laurence Dumont [PS]. Des excuses !
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