Les Nouvelles calédoniennes. Le 22 Juin 2011 (publié par Marie)
En 2010 déjà, Jeffrey Lee avait reçu le soutien du ministre de l’Environnement de l’époque, Peter Garrett. Aujourd’hui encore, le gouvernement voudrait empêcher tout projet minier. Photo Archives AFP
C’est une petite bombe - atomique - qui vient d’exploser en Australie. Selon le journal de Melbourne The Age, la compagnie française Areva aurait fait pression depuis plusieurs mois sur le gouvernement fédéral australien pour l’empêcher de demander l’inscription du site de Koongarra au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’information, confirmée lundi de source anonyme par le gouvernement, intervient alors que se réunit à Paris cette semaine, la 35e assemblée de l’organisation internationale pour justement sélectionner les nouveaux sites qui feront leur entrée sur la liste.
Uranium. D’après plusieurs sources, les responsables d’Areva auraient formellement demandé à Canberra d’abandonner son projet, alors que la compagnie française dispose depuis 1971 d’un permis d’exploration sur cette zone de 13 km² dont les sous-sols enfermeraient plus de 14 000 tonnes d’oxyde d’uranium.
Située dans le Territoire du Nord, 250 kilomètres à l’est de Darwin, Koongarra borde le parc national de Kakadu, lui-même classé au patrimoine mondial depuis 1979.
Sur demande expresse du clan aborigène Djok, seul propriétaire légal des lieux et pour rester fidèle à une promesse électorale faite l’an passé, le gouvernement fédéral souhaite aujourd’hui étendre le mandat de l’Unesco au site de Koongarra. En cas de succès, cette décision interdirait tout projet minier dans la zone et mettrait un point final aux ambitions d’Areva dans cette région du nord de l’Australie.
Dossier. Le leader mondial de l’énergie nucléaire se bat depuis plusieurs décennies pour pouvoir démarrer une exploitation dont les populations aborigènes locales ne veulent pas entendre parler. L’un d’entre eux, Jeffrey Lee, fait d’ailleurs partie de la délégation australienne en route pour défendre le dossier à Paris. « J’y vais pour raconter l’histoire de mon pays et demander sa protection », explique l’un des derniers survivants du clan Djok, qui assure avoir subi « d’énormes pressions depuis trop longtemps ». Il aurait même pu être l’homme le plus riche d’Australie s’il avait accepté l’accord proposé par la compagnie, alors que la valeur du dépôt d’uranium est estimée à plus de 441 milliards de francs.
Malgré ses tentatives, Areva s’est heurtée à une fin de non-recevoir de la part du gouvernement australien qui espère maintenant voir son site retenu le 29 juin prochain par l’Unesco. La partie s’annonce pourtant difficile alors que quarante-deux endroits à travers le monde sont en compétition. « Notre dossier est bon et pour une fois il s’agit de protéger un site réellement en danger à très court terme », veut croire Tony Burke, le ministre fédéral de l’Environnement.
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