Vie de Gauche. 22 novembre 2009 par Jean-Baptiste Blondin et Jean-Vincent Jehanno
Des salariés impayés, la remise en cause du droit du travail et du droit syndical : voilà ce que préfigure la privatisation rampante de la Poste.
Les jeunes facteurs d'Alternative Post, à Vaux-en-Velin, viennent d'en faire les frais : un matin, ils ont trouvé porte close et, soutenus par les syndicats et les élus de gauche, vont devoir engager une action devant le tribunal des Prud’hommes pour obtenir le paiement de leurs salaires du mois d'octobre. Plus scandaleux encore, cette entreprise fondée fin 2006 et qui reçu en janvier dernier à Lyon le trophée du « meilleur espoir » de la Fête de l’entreprise (sic) tente de rejeter la faute de leur situation sur les salariés eux mêmes : « Comprenez, nous n’avons pas d’argent pour vous payer. Certains d’entre vous ont mal travaillé, ont détourné des plis, des bons d’achats : donc, on a perdu des clients, des contrats, et on ne peut plus vous payer ! 99% d’entre vous ont bien travaillé, mais 1% non… », se sont-ils entendus dire, ébahis.
Etrange, car dans les colonnes du « Monde », Christophe Viornery, le président d'Alternative Post, donnait une toute autre version des faits: « On va arrêter pour des raisons strictement financières (…) On pensait trouver un partenaire important pour continuer l'aventure. Il fallait juste qu'on tienne jusqu'à l'ouverture totale du marché postal à la concurrence », expliquait-il.
Mais ses actionnaires ont « jeté l'éponge » face aux 3 millions de déficit de l'année, qui vont s'ajouter à 4 millions déjà engloutis...
Ironie du sort : c'est lors d'une réunion prévue pour l'installation du Comité d'entreprise que les 360 salariés d'Alternative post ont appris la situation de leur entreprise. Du coup, leur premier CE, convoqué lundi, devra certainement être suivi d'un CE extraordinaire.
Bilan de l'opération : une bien triste première expérience du monde du travail pour des jeunes qui, majoritairement âgés de 20 à 25 ans et issus de l'immigration, ont été recruté au SMIC avec pour tâche de concurrencer les postiers d'Etat. Mais la mobilisation suit l'abattement et, épaulés par les syndicats des PTT, ils demandent désormais à être repris par La Poste...
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