Près de trois quarts des Etats, à commencer par ceux en guerre, comme l'Irak ou l'Afghanistan, sont perçus comme gravement corrompus, selon le rapport annuel de l'organisation non gouvernementale Transparency International présenté mardi à Berlin, siège de l'ONG.
Dans son "Index 2010 de la perception de la corruption", l'ONG lance également une mise en garde aux gouvernements, estimant que la corruption pèse sur leurs efforts pour renflouer les marchés financiers et lutter contre le réchauffement planétaire ou contre la pauvreté.
"SITUATION TRÈS INQUIÉTANTE"
Sur les 178 pays étudiés par l'ONG, près des trois quarts affichent un indice de perception de corruption inférieur à la moyenne. Transparency International affirme par ailleurs que sur les 36 pays industrialisés ayant signé la convention anticorruption de l'Organisation de coopération et de développement économiques, qui interdit notamment le versement de pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers, une vingtaine d'entre eux montrent "peu ou pas" d'empressement à faire respecter la législation.
"Accepter que la corruption perdure est inacceptable ; trop de personnes pauvres et vulnérables dans le monde continuent à souffrir de ces conséquences. Nous avons besoin de voir une mise en œuvre plus importante des règles et lois existantes", a souligné la présidente de l'ONG, Huguette Labelle.
La responsable de Transparency International pour l'Allemagne, Edda Müller, a estimé que la situation internationale était "très inquiétante". Elle a également souligné la nécessité pour la communauté internationale de mettre en place des structures gouvernementales crédibles dans des pays où l'Etat a failli. "Ceci est au moins aussi important que la mise à disposition de milliards en aide au développement", a-t-elle ajouté.
LA FRANCE 25e, LA SOMALIE LANTERNE ROUGE
L'indice, élaboré grâce à des sondages réalisés auprès d'hommes d'affaires et de spécialistes, va de 10 pour un pays considéré comme "propre" à zéro pour un pays perçu comme gangrené par la corruption. Selon le classement établi par Transparency International, le Danemark, la Nouvelle-Zélande et Singapour arrivent en tête des pays perçus comme les moins corrompus, avec un indice de 9,3. L'Afghanistan et la Birmanie sont ex-aequo avant-derniers sur la liste avec un indice de 1,4, tandis que la lanterne rouge revient à la Somalie avec un score de 1,1.
Parmi les autres pays, le Canada arrive à la 6e place avec un bon indice de 8,9 ; la Suisse en 8e position (8,7) ; la Grande-Bretagne en 20e position (7,6) ; les Etats-Unis et la Belgique se retrouvent tous deux à la 22e place (7,1) ; tandis que la France arrive en 25e position (6,8).
L'ONG, qui publie sa liste annuelle depuis 1995, souligne que certains pays – dont le Bhoutan, le Chili, l'Equateur, la Macédoine, la Gambie, Haïti, la Jamaïque, le Koweït et le Qatar – ont amélioré leur score depuis 2009. En revanche, des pays tels que la République tchèque, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, Madagascar, le Niger et les Etats-Unis sont perçus comme plus corrompus que l'an dernier.
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