Actu environnement. 10 décembre 2009 par Rachida Boughriet
Selon le rapport de l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) sur les migrations, l'environnement et le changement climatique publié le 8 décembre, en marge du sommet sur le climat de Copenhague (Danemark), 20 millions de personnes ont été déplacées en 2008 par des catastrophes naturelles.
L'OIM relève que le nombre de catastrophes naturelles a plus que doublé en vingt ans. Rappelons que selon ''les prévisions les plus optimistes'' annoncées par le Haut commissaire adjoint de l'ONU pour les réfugiés, les conditions météorologiques extrêmes, la baisse des réserves d'eau et la dégradation des terres agricoles pourraient causer le déplacement forcé de 250 millions de personnes d'ici 2050. De son côté, dans un rapport publié en mai 2007, l'association britannique Christian Aid avait estimé qu'ils seraient plus d'un milliard de personnes d'ici 2050 à fuir leur habitat en raison de la pénurie des ressources mais aussi des conflits qui résulteront de ces bouleversements climatiques.
Des migrations en majorité ''internes''
Le rapport de l’OIM souligne que la majorité de déplacements liés aux conséquences du changement climatique ont lieu à l'intérieur des frontières d'un pays. Il indique qu'il n'y a pas eu d'augmentation des migrations internationales depuis les régions touchées au cours de ces dernières années. Au contraire, ''la majorité des flux migratoires provoqués par les catastrophes naturelles soudaines ou lentes (la sécheresse, par exemple) sont avant tout internes. Les mouvements se font entre zones rurales ou de zones rurales à zones urbaines'', explique l'OIM.
Par exemple, au Mali, les flux se sont effectués du nord vers le sud et vers les côtes d'Afrique de l'ouest. ''Il s'agit pour eux d'une stratégie spontanée d'adaptation à la sécheresse. Le pays reconnaît cependant que cette migration interne ajoute une pression supplémentaire sur un écosystème déjà fragile''.
''La plupart de ces migrations sont internes ou dans des pays voisins, contrairement à la peur répandue que des millions de personnes pauvres touchées par les changements climatiques aillent se réfugier dans les pays riches'', souligne l'étude . A l'exception toutefois des petits Etats insulaires menacés ''par la montée du niveau des eaux qui, dans certains cas, a déjà effacé certaines îles de la carte, provoquant ainsi des flux migratoires internationaux''.
Un soutien international nécessaire aux pays vulnérables
L'OIM rappelle que les pays pauvres risquent d'être les plus exposés à ces menaces et auront besoin d'une aide internationale pour y faire face. ''L'ampleur potentielle des mouvements futurs nécessitera d'apporter un soutien international aux pays les moins avancés qui sont les plus touchés par la migration environnementale interne et transfrontière car ces pays n'auront pas la capacité ou les ressources pour gérer de tels flux'', prévient-elle. Parmi les pays ''potentiellement'' les plus concernés par ces phénomènes migratoires liés au climat, figurent l'Afghanistan, le Bangladesh, l'Amérique centrale, plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et de l'Est et d'Asie du sud-est, précise l'OIM.
Le rapport met également en évidence ''les carences politiques préoccupantes dans les pays de destination du monde industrialisé pour faire face à la migration environnementale''. L'OIM alerte que la migration internationale est susceptible ''d'être de plus en plus importante dans l'avenir et nécessitera la mise en œuvre de programmes politiques qui sont aujourd'hui inexistants''.
Dans un communiqué, l'association environnementale Les Amis de la Terre s'est félicitée ''que la question des migrants environnementaux soit ainsi reconnue'' et a demandé ''la création d'un statut juridique spécifique pour ces populations (…) protégeant à la fois les déplacés à l’intérieur des frontières de leur pays et les déplacés dans un pays étranger''. Ce statut spécifique ''devra protéger les droits nécessaires à la réinstallation des déplacés dans un nouveau lieu de vie (droit à la vie, à être secourus, à l’alimentation, à l’eau, à la santé, au logement, au travail, au retour si possible sur leur lieu de vie originel, et a minima tous les droits reconnus par la Convention de Genève ainsi que ceux reconnus par la Convention de l’OIT sur les droits des travailleurs migrants)'', selon Les Amis de la Terre.
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