Qu'elle fut belle cette matinée à Figeac, cette fête du travail. Certes il y a eu moins de monde que le 19 mars, mais près de 1 500 personnes ont suivi la manifestation dans les rue de Figeac. L'année dernières ils étaient onze... et n'ont pas défilé (véridique).
Et derrière les syndicats, il y avait les formation politique, PS, Front de Gauche (Parti de Gauche + PC + Gauche Unitaire), des drapeaux de la Conf, et beaucoup beaucoup de monde.
Le 1er mai, c’est d’abord la fête du travail, et la presse dans son ensemble s’est mobilisée pour refuser de donner une information anxiogène à tous ceux qui sont restés chez eux. Parce qu’on n’alarme pas les lecteurs un jour de fête.
Le premier point d’accord entre les rédactions, c’est que les jours fériés sont payés double, et bien peu de journalistes se sont mis à pisser de la copie le jour de la fête du travail. Car c’est bien connu : le travail, c’est sacré ! Un terrain d’entente a aussi été trouvé pour estimer mitigée la mobilisation syndicale. La formule la plus lapidaire est donnée par le gratuit 20 minutes : bilan : beaucoup plus de monde qu’un 1er Mai traditionnel, mais moins que le 19 mars ! La question demeure de savoir si le mécontentement engendré par les licenciements et les fermetures de sites est toujours présent dans la population : un peu partout, en province où 283 manifestations unitaires étaient organisées, les salariés directement touchés par les réductions d’effectifs ont également occupé les premiers rangs des cortèges, écrit Le Figaro en reprenant une dépêche d’agence : à Toulouse, les salariés des équipementiers automobile américains Molex et Freescale, qui vont perdre 1.400 emplois, étaient dans la rue, avec 30.000 manifestants selon les organisateurs, 15.000 selon la police.
Les défilés syndicaux sont une bonne occasion pour faire de l’information à peu de frais. Pour une fois, la ressource est en masse sur le pavé, alors qu’elle se terre d’habitude à l’intérieur des cabinets ministériels. Nombreux sont les micro-trottoirs réalisés le jour de la fête du travail. La Croix trouve même le moyen de se référer à la religion le jour où les partageux défilent : le gouvernement doit arrêter de clamer son impuissance face à la crise, assure Catherine. Bien sûr, personne ne croit au miracle, mais il faut que les responsables politiques montrent qu’ils nous écoutent et nous respectent, même par des gestes symboliques, ils pourraient par exemple annoncer qu’ils renoncent à certains privilèges liés à leurs fonctions… Histoire de montrer que ce ne sont pas toujours les mêmes qui subissent la crise !
Si la presse représentait un indicateur d’anxiété, elle tendrait à montrer que le nombre de personnes dans les rues fait aussi peur que l’unité syndicale provisoirement affichée. Il faut dire que les syndicats ont peur de se faire déborder par les mouvements sociaux spécifiques nés de la crise, poursuit 20 minutes : plus que sur les grands défilés, l’attention médiatique se concentre ces dernières semaines sur des conflits sociaux très durs sur fond de fermeture d’usine : Continental, Caterpillar… Au Figaro, Marc Landré parvient même à trouver qu’ils rivalisent d’imagination pour qualifier cette journée historique ou exceptionnelle, en comparaison des précédentes fêtes du Travail sur son blog. Quant à la rédaction, elle s’est vraisemblablement mobilisée pour partir en week-end, nous gratifiant d’un entretien exclusif avec Brice Hortefeux, forcément préparé les jours précédents.
L’unité syndicale vantée par Bernard Thibault est bien commentée par l’ensemble des journaux : les huit leaders syndicaux paradant en tête de cortège, invisibles aux yeux de la foule derrière la montagne de caméras qui les précèdent, écrit-on chez 20 minutes : même chez Solidaires, proche de l’extrême-gauche, on prône les vertus de l’unité : Nous n’accepterons pas qu’il y ait des divisions dans le camp des gens qui souffrent, explique un leader syndical. D’autres, comme La Croix, la trouvent surévaluée : ce 1er Mai n’est pas comme les autres, s’égosille dans un micro, au loin, un militant syndical. Cette année, la fête du travail vise particulièrement à défendre ceux qui ont perdu leur emploi. Dans les colonnes du journal Le Monde, Rémy Barroux assure un son, soit le service minimum, et un internaute en colère commente : il faut tout de même informer les lecteurs puisque les journalistes ne le font plus : le Monde était présent à la manif ! Mais oui ! C’étaient les syndicalistes de la CGT du journal.
Pour tous cependant, le nombre des manifestants est compris entre 465.000 et 1,2 million, selon les chiffres respectifs de la police et de la CGT, contre 120.000 à 200.000 le 1er mai 2008 et 1,2 à 3 millions le 19 mars dernier. Logique dans la mesure où ces chiffres sont avancés par l’Agence France-Presse (AFP). Le front de gauche trouve tout de même grâce à Libération, qui rapporte que chacun minimise l’absence de Ségolène Royal, un temps annoncée, qui a défilé à Niort avec les salariés d’Heuliez. On ne peut pas reprocher aux élus confrontés à des vagues de licenciements sans précédent, d’être avec les salariés de leur région, justifie Hamon. Jean-Michel Normand assure la permanence sur son blog pour Le Monde, avec la rigueur intellectuelle qu’on lui connaît.
Le beau temps est propice aux beaux rassemblements
Et la crise est quand même un prétexte aux reproches,
Tous lui ont dit les gros ennuis qui leurs sont proches,
La presse y trouve au moins stupeur et tremblements…Quand les grands de ce monde ont vu les mouvements
Faits par leurs sujets prompts à viser plus d’approches,
Car dans ce jeu d’échecs les pions ont plus de broches
Pour tourner dans un sens qui souffle aux faux amants.À tout prendre, un grand nombre est trop contestataire
Des fronts soucieux sous ces panneaux consiste à taire
La voix grave et moins tendre au clin d’œil du journal.La crainte à voir tout noir dans les plus noirs désastres
Reste un point à mieux vendre ou reste au moins banal,
Quand sa mission se trouve au ciel tout noir des astres !
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