Marianne 2. Le 4 Novembre 2010 par Gaël Brustier & Jean-Philippe Huelin
Il est assez cocasse de voir se former à l’Assemblée Nationale un groupe de députés étiqueté « Droite rurale » sous l’impulsion du député UMP de Lozère Pierre Morel-A-L’Hussier. Plus cocasse encore de lire que ce groupe entend défendre, entre autres, les services publics en milieu rural. Ont-ils donc dormi depuis 2002 pour ne constater qu’aujourd’hui que leur propre camp s’est ingénié à détruire les services publics partout et surtout à la campagne ? Cette initiative vise autant à tenter de masquer les effets désastreux de l’action du pouvoir sur le plan économique et social sur le monde rural que de lutter contre le calamiteux bilan symbolique de l’action présidentielle qui heurte les forces traditionnellement conservatrices d’une partie des campagnes. Il révèle surtout que le monde rural représente aujourd’hui un enjeu stratégique essentiel pour 2012, ce que la gauche pourrait enfin comprendre…
Les zones rurales souffrent de l’image que véhiculent un certain nombre de représentations figées. Pour beaucoup de commentateurs, de prétendus analystes politiques, d’hommes politiques de gauche ou de droite (comme Monsieur Copé au soir des élections régionales), la « ruralité », c’est d’abord « vaches + tracteurs + jolis paysages ». Equation fausse qui mène tous ceux qui la suivent au désastre électoral dans ces zones. En vérité, le monde rural compte 11 millions de Français soit 20% de la population métropolitaine et certainement un peu plus de l’électorat potentiel ou de l’électorat qui se déplace effectivement aux urnes. Comme le soulignait un rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) de septembre 2009, les zones rurales concentrent des problèmes sociaux majeurs. En zone rurale, 35% des actifs sont des ouvriers, souvent les plus précaires et les premiers frappés par les délocalisations. Seulement 8% sont des agriculteurs. Il existe une jeunesse ouvrière et une jeunesse précaire en milieux ruraux, ainsi que Nicolas Renahy, sociologue et auteur du lumineux ouvrage « Les gars du coin » (La Découverte, 2005) l’a démontré.
Rappelons que la France périphérique, rurale ou périurbaine, avait voté Nicolas Sarkozy en 2007. Comme l’analysait Jérôme Fourquet : « Le candidat UMP obtient 32,5 % des voix en moyenne nationale, mais 36 % dans les campagnes, alors que Ségolène Royal, qui est à 27 % en moyenne nationale, ne recueille que 21 % dans l'électorat rural. » Le phénomène se retrouve au second tour : Nicolas Sarkozy obtiendrait 58 % du vote rural, contre 52 à 53 % en moyenne nationale. Une ébauche de redressement des scores de la gauche dans ces régions a été opérée en particulier grâce à une hausse du vote ouvrier pour le candidat socialiste entre 2002 et 2007
1. airelle - Le 06/11/2010 à 06:57