Altermonde sans Frontière. Le 2 juillet 2010 par Napakatbra
Dans la série "tout va très bien, mais ça va quand même un peu mal", c’est Andrew Roberts (RBS) qui vient de poser le scénario d’un nouvel épisode. Pour lui, "le bord de la falaise est proche pour le système bancaire mondial", et il faut maintenant "penser l’impensable" !
Après la Société Générale, qui prépare ses clients à "l’effondrement économique mondial", après Simon Johnson (ex-FMI) qui prédit une "énorme catastrophe", c’est Andrew Roberts, analyste en chef de Royal Bank of Scotland (RBS), qui s’y colle. Propos rapportés et analysés par Le Telegraph...
Alors que la reprise s’essouffle, aux États-Unis comme en Europe, les analystes se remettent à évoquer la crise de 1929, exhumant au passage un vieux discours de Ben Bernanke (alors gouverneur de la FED), prononcé en 2002. Un véritable manuel de guerre anticrise qui décrit les armes de la dernière chance à utiliser quand tout a échoué précédemment. Et le jour J se rapproche : les taux d’intérêt sont à zéro et les gouvernements ont tellement dépensé qu’ils se retrouvent acculés à la faillite. En pareil cas, Ben Bernanke propose une mesure pour le moins radicale : "Le gouvernement américain possède une technologie, qui s’appelle la presse à imprimer (des billets), et qui lui permet de produire autant de dollars qu’il le souhaite quasiment gratuitement."
Ce scénario a d’ailleurs déjà été activé en 2008, lorsque le système de crédit s’est bloqué : 1 750 milliards de dollars de bons du Trésor, de titres hypothécaires et d’obligations d’État ont ainsi été rachetés. Fin de l’histoire, pensaient alors les investisseurs, rassurés. Sauf que les dernières données macro-économiques sont inquiétantes. L’ECRI notamment, un indicateur avancé très important a chuté une nouvelle fois la semaine dernière à - 6,9, indiquant une baisse record (depuis l’après-guerre) de l’activité économique US d’ici la fin de l’année. Du coup, Andrew Roberts, analyste en chef de la Royal Bank of Scotland (RBS), conseille à ses clients de lire attentivement le texte de Bernanke. Parce que la Fed va bientôt avoir besoin de lancer une émission "monstre" de monnaie (quantitative easing, QE).
"Nous ne soulignerons jamais assez combien nous pensons que le bord de la falaise est proche pour le système bancaire mondial (en particulier en Europe) et pour l’économie mondiale. Penser l’impensable.", a t-il affirmé dans une note aux investisseurs. La Fed devrait ainsi acheter 2 000 milliards de dollars d’obligations sous peu, et plus encore si la débâcle de l’Union monétaire européenne se confirme. Un point de vue partagé par Albert Edwards, l’un des analystes les plus réputés de la Société Générale, qui fustige "le puant désordre fiscal" actuel et pour lequel "la réponse à la tourmente déflationniste à venir sera l’émission d’une si grande quantité de monnaie supplémentaire que le récent QE paraitra bien insignifiant"...
Malgré les apparences, les États-Unis sont aussi dans la tourmente. Le Congrès a refusé d’étendre les prestations pour les chômeurs de plus de six mois, laissant 1,3 million de citoyens sans aucun soutien. La Californie a supprimé 19 milliards de dollars de dépenses de cette année : autant que la Grèce, le Portugal, l’Irlande, la Hongrie, et la Roumanie... cumulés. Les États US doivent globalement réduire leurs dépenses de 112 milliards de dollars. Et tout cela, alors que la deuxième crise de l’immobilier devrait commencer à se faire sentir courant 2011.
Autant dire que les 800 milliards de dollars du plan de relance fiscale de l’administration Obama paraissent bien faibles. À l’instar du "bouclier" de 750 milliards d’euros de l’Union européenne, qui n’a pas réussi à stabiliser les marchés des dettes européennes (les contrats de dettes grecs battent tous les jours des records historiques malgré le plan de sauvetage). Les investisseurs mettraient-ils en doute la solvabilité de l’UE ?
Toujours est-il que nous approchons clairement de la fin d’une époque où les gouvernements pouvaient jongler gaiement avec leurs immenses dettes. Aujourd’hui, la charge du remboursement a été déplacée : c’est maintenant au contribuable de payer pour les frasques de nos dirigeants. Comme la Banque des Règlements Internationaux (BRI) le dit si bien, la crise des dettes souveraines s’approche "du point d’ébullition" dans la moitié de l’économie mondiale.
Qui vivra paiera...
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