LE MONDE | 15.05.09 | 14h41 • Mis à jour le 15.05.09 | 21h40
Nîmes Envoyée spéciale
S'afficher en nombre et unis : devant quelque 1 000 personnes rassemblées lors d'un meeting du Front de gauche, jeudi 14 mai à Nîmes, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) et Francis Wurtz (PCF) ont voulu montrer que la gauche du "non" était toujours présente dans ce département du Gard où le traité constitutionnel européen avait été rejeté à 64 % en 2005.
En toile de fond de cette réunion où flottaient les drapeaux rouges, figuraient les luttes locales - les suppressions d'emplois aux Salins du Midi ou à Merlin-Gerin à Alès - comme nationales, face à "un pouvoir qui refuse de reculer parce que la gauche n'est pas à la hauteur". Ce fut le leitmotiv de la soirée : la gauche a failli, tant dans le soutien aux mobilisations sociales que dans sa cogestion de l'Europe.
"Il faut donner un débouché politique aux luttes pour stopper cet engrenage libéral", a commencé Marie-Pierre Vieu, candidate communiste sur la liste du Sud-Ouest. "Amplifier" le refus de l'Europe libérale, c'est "prendre ses responsabilités dans un climat où sévit le politiquement correct", a lancé Francis Wurtz, député européen (PCF) sortant. Citant l'ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, des tarifs de l'électricité ou de La Poste, le député a dénoncé le "fiasco du modèle libéral de l'Union européenne", cogéré par les socialistes.
"MENTEUR !"
Usant d'un lyrisme très jauressien, Jean-Luc Mélenchon, tête de liste, a renchéri, en attaquant Nicolas Sarkozy d'abord - "notre Woody Woodpecker national qui saute partout en essayant d'enfumer le peuple". "Menteur !", a-t-il rugi, stigmatisant le discours du 5 mai à Nîmes, durant lequel le chef de l'Etat a appelé "à construire une Europe protectrice alors qu'il a coécrit le traité de Lisbonne".
Les autres cibles du sénateur de l'Essonne sont tous ceux qui "écrivent une lettre au Père Noël en parlant d'Europe plus protectrice" : l'UMP, François Bayrou, président du MoDem, le PS... tous coupables d'avoir approuvé le traité de Lisbonne. S'adressant aux électeurs socialistes, le sénateur a raillé l'Europe sociale défendue par ses anciens amis : "Au Parlement européen, les députés socialistes ont voté dans 95 % des cas avec la droite." Ragaillardi par "l'esprit rebelle" qu'il dit sentir dans sa campagne, il a exhorté encore une fois à voter "pour punir un système injuste".
Quelques heures plus tôt, Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a pour sa part appelé à voter blanc ou nul le 7 juin, lâchant ses anciens compagnons de la campagne du référendum de 2005. "Le discours de Nicolas Sarkozy, comme celui du PS, est celui d'un illusionniste", et les idées du Front de gauche ne sont pas "claires", a expliqué M. Chevènement. "C'est une immense déception", a réagi M. Mélenchon, avant d'assurer que onze fédérations du MRC ont "rejoint la campagne" du Front de gauche.