Bakchich Info. Le 9 Juin 2010 par Doug Ireland
Les Américains sont abasourdis devant l’impotence de l’équipe gouvernementale face à la marée noire, dont Obama s’obstine à laisser l’entier contrôle à BP.
Cinquante jours après le début de la catastrophe de la marée noire, cette tragédie domine la conversation nationale des Américains. Et d’autant plus que le désastre dans le Golfe de Mexique devient un facteur majeur qui contribue à la crise économique.
Car les scientifiques du très officiel National Center for Atmospheric Recherche prévoient qu’un courant fort et rapide dans le Golfe, le "Loop Current", amènera la marée noire à contourner la péninsule floridienne et à polluer la moitié de la cote Est de l’Amérique, jusqu’à la Caroline du Nord ! Les huit États touchés, déjà au bord de la faillite à cause de la crise économique et de la chute de leurs revenus fiscaux, vont ainsi subir une nouvelle calamité. Avec des conséquences politiques énormes.
Un sondage du Washington Post publié au début de cette semaine montre que plus que deux tiers des Américains ont une appréciation négative de l’action gouvernementale en réponse à la marée noire : 69%, soit 7 points de plus que les accusations de défaillance du gouvernement de George W. Bush après l’ouragan Katrina ! Et c’est Barack Obama qui est dans le collimateur de l’opinion publique.
Dessin de Soulcié
La criminalité de BP, le géant pétrolier responsable de la crise, ne fait plus de doutes. Le New York Times n’est pas le seul quotidien à avoir publié des révélations sur les centaines des cas où BP a violé les lois qui régissent le forage en mer, tandis que les agences fédérales ont fermé les yeux ou accordé à BP des exemptions dangereuses, sans aucune raison.
Obama, qui a fait campagne pour la Maison Blanche en prétendant incarner la réforme, a refusé jusqu’à ce jour de faire le ménage parmi les bureaucrates incompétents qui ont des relations incestueuses avec l’industrie pétrolière et qui sont les co-responsables de la catastrophe.
Chaque jour la télévision et l’Internet montrent des images en direct d’une caméra au fond de la mer qui observe le puits de pétrole déverser un torrent incessant de nuages huileux. Et on a même annoncé que la fuite ne pourrait être colmatée avant août au plus tôt, voire qu’elle pourrait continuer jusqu’en décembre !
La particularité des Américains est qu’ils vivent toujours dans l’espoir, dans l’idée que leur pays est si puissant qu’il peut tout faire. Mais, déjà pris de peur et de fureur par l’incapacité du gouvernement à résorber le chômage ou à mettre fin aux pratiques rapaces des banquiers de Wall Street et des PDG aux bonus obscènes, et épuisés par des guerres en Irak et en Afghanistan qui n’en finissent pas, les Américains sont aujourd’hui abasourdis devant l’impotence de l’équipe gouvernementale face à la marée noire, dont Obama s’obstine à laisser l’entier contrôle à BP.
La distance émotionnelle d’Obama face au désastre est beaucoup critiquée : quand un interviewer lui a demandé mardi matin, "Êtes-vous en colère contre BP ?" Obama s’est borné à répondre qu’il était seulement "furieux contre la situation entière". Et cette semaine le président "cool" a même dénoncé ces critiques, dans le plus pur style de feu le Président Nixon, comme une invention "des médias" et "des talk-shows câblés".
Le gouffre entre les Américains et leur gouvernement est désormais abyssal et la marée noire risque de marquer définitivement la présidence de Barack Obama.
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