Combien faudra-t-il de temps pour renverser ce gouvernement de riches ?

Politis. Le 26 Janvier 2011 par Sébastien Fontenelle

 

À l’automne, t’en souvient-il : nous fûmes (presque) toutes et tous dans la rue, contre la réforme des retraites.

Et nous eûmes bien raison, car en effet : « La captation par les marchés des retraites n’a pas seulement pour conséquence leur fragilisation financière, mais, bien plus profondément, un effet structurel de verrouillage définitif de la libéralisation financière », puisque « par les masses d’épargne qu’elle concerne, la retraite capitalisée pousse l’implication financière du salariat à son comble et, par la même, lie objectivement les intérêts des salariés aux bonnes fortunes de la finance... laquelle prospère précisément de les opprimer » [1] - nous rappelle Frédéric Lordon, qui est l’un des contributeurs de ce fraîchement paru livre collectif.

Ainsi : « Le salariat désormais - et à son corps défendant - mouillé jusqu’aux yeux dans la logique des marchés voit se fermer toute possibilité d’entrer frontalement en conflit avec la finance », qui est « pourtant l’instance de toutes ses oppressions ».

Ainsi : après que « l’emprise de la finance a rendu la vie de beaucoup de salariés odieuse », la « capitalisation rampante en fera de même avec celle des pensionnés ».

Question de Frédéric Lordon : « Est-ce que par hasard ça ne commencerait pas à faire un peu beaucoup ? »

Si : beaucoup trop.

C’est pour ça que nous fûmes (presque) toutes et tous dans la rue - « car on croyait le peuple souverain seule communauté de référence de l’État, son ayant-droit exclusif, l’unique objet de ses devoirs ».

Moyennant quoi : la réforme des retraites fut adoptée (puisque décidément « le pouvoir politique ne gouverne pas pour ceux dont il a reçu la “légitimité” - mais pour d’autres ».)

« En octobre 2010, selon les sondages, une immense majorité des personnes interrogées (70%) refusait le projet de loi qui prévoyait notamment l’allongement du temps de travail avant de pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein », rappelle Gérard Mordillat dans sa préface - mais ce « projet » fut « néanmoins voté et promulgué un mois plus tard sur ordre du président de la République ».

Ça porte un nom : c’est un déni de démocratie, « éclairant du mépris dans lequel sont tenues non seulement la volonté populaire, mais aussi son intelligence, sa perspicacité », et qui montre clairement que si la France n’est pas une dictature, « la politique mortifère de ses dirigeants la place, de fait, dans la sujétion de la dictature des banques et des marchés », qui, « jour après jour, ruine la démocratie ».

Dès lors, une seule question se pose, conclut Mordillat : « Combien faudra-t-il de temps pour renverser ce gouvernement de riches, par les riches, pour les riches, et rendre à la démocratie sa définition première, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ? »

Et de répondre : « Sans vouloir être devin, parions que les jours à venir seront des jours de colère ».

Notes

[1] Et certes : « Un sophiste libéral qui passerait par là objecterait sans doute que si les salariés souffrent un peu, les pensionnés qu’ils seront plus tard en profiteront ». Mais « on lui répondrait d’abord que les appels à la patience pour quarante ans sont bien le propre des nantis d’aujourd’hui (qui font miroiter aux autres leur improbable nantissement de demain) » - et « on l’enverra surtout paître en lui faisant observer, expériences désormais suffisamment nombreuses à l’appui, que les fonds de pension (...) font et les salariés exploités et les retraités miséreux, tout simplement parce que les très nombreux intermédiaires de la division du travail financier se payent sur la bête en prélevant d’effarantes commissions ».


Commentaire (1)

1. Laurie - Le 03/02/2011 à 22:50

Et si on imitait les tunisiens?
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Dernière mise à jour de cette page le 03/04/2011

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