Bellaciao. 5 février 2012
Lettre Adressée à Jean Grave
Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.
Compagnons,
Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit de suffrage.
Le délai que vous m’accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j’ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.
Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.
Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.
Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.
N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance.
Je vous salue de tout cœur, compagnons .
Élisée Reclus.
Lettre adressée à Jean Grave, insérée dans Le Révolté du 11 octobre 1885. Reclus, Élisée (1830-1905), Correspondance, Paris : Schleicher Frères : A. Costes, 1911-1925. pp.364-366
1. 16/02/2012
mais madame voulez vous dire que le ps, c'est la gauche? et on sait bien qu'au 2eme tour nos écolos-gauchistes retournent à la niche..euh non ...aux urnes... voter pour la continuité de ce foutage de gueules qu'on ose appeler la démocratie! le pain,le boulot,la liberté se sont faits dans la rue!!!!! vive l'anarchie!!!
2. 06/02/2012
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"Voter, ce n’est pas abdiquer ; ce n’est pas nommer un maitre pour une période courte ou longue, ce n’est pas renoncer à sa propre
souveraineté. Celui que vous nommez sera simplement votre mandataire , le candidat que vous élirez ne sera votre supérieur. Vous ne devez pas nommer des hommes qui sont au-dessus des lois, mais des hommes qui doivent être révocables s’ils ne respectent pas le mandat pour lequel vous les avez élus.
Voter, ce n’est pas être dupe ; c’est savoir que les hommes élus sont tout comme vous des hommes qui ne peuvent tout savoir et tout comprendre. C’est pourquoi en raison même de l’immensité de la tâche, il ne faut pas que le peuple s’en retourne a ces occupations le lendemain des élections. L’histoire vous enseigne que le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti, et que si on n’y prends garde , la médiocrité prévaut fatalement. Le peuple doit en être le garde fou.
Voter ce n’est pas trahir ses idéaux. Pour cela , il ne faut pas que la politique ne soit pas un metier, il faut que sa rénumeration soit celle du salaire moyen des français et que son mandat soit limité pour qu’il ne rève pas d’une trop longue carriere . Aujourd’hui, le candidat voit les comptes de la nation, et demain, s'il se trompe c’est a vous qu’il devra rendre des comptes. Il doit donner des ordres aux actionnaires et aux rentiers. L’ouvrier, doit être son maître, et il doit mépriser la faveur du patron . Le fougueux banquier doit apprendre a courber l’échine lorsqu’il le convoque à son bureau. Il doit purifier l’atmosphère de ces corps législatifs ou l’air est malsain à respirer. La politique ne doit pas se faire dans des antichambres et il doit consulter le peuple plutôt que les mandataires d’un milieu de corruption.
N’abdiquez donc pas, votez, mais sans remettre vos destinées à des hommes qui échappent à tout contrôle et à des traîtres futurs. Un foi l’élection passée, il vous faut contrôler votre destinée, et pour cela la premiere chose que doit faire votre candidat, c’est de changer les lois et la constitution, afin qu’un vrai contrôle sur l’assemblée et l’Elysée soit les garants de votre liberté ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, se laver les mains des élections c’est manquer de vaillance.
Je vous salue de tout cœur, compagnons ".
Élisée Reclus
Je pense que ce message provient de la droite car il est évident que la droite a intérêt à ce que les gauchistes ne votent pas . Ainsi est repassé Bush. Franchement, parfois, je me dis que le peuple de gauche est aussi con que celui de droite.
Si Sarko repasse vous imaginez, il n’aura plus à essayer de plaire pour repasser : perte totale de démocratie, sabotage final du service public etc...
Faire du prosélytisme pour influencer le non vote = DROITE !!!!!!!!!!!!!
A savoir que Elisée Reclus et Jean Grave à qui la lettre esr adressée étaient les fondateurs du journal Le Révolté et considérés comme appartenant aux mouvements anarchistes de l'époque.