Günter Grass : Israël et sa puissance atomique menacent la paix mondiale

Al-OufoK | mercredi 4 avril 2012 - mis en ligne par paco


Le prix Nobel de littérature allemand Günter Grass a publié mercredi un poème dans lequel il défend l’Iran et estime qu’Israël, avec ses armes atomiques, "menace la paix mondiale déjà si fragile".
Intitulé "Ce qui doit être dit", le poème en prose paru dans le journal allemand Süddeutsche Zeitung dénonce d’éventuelles frappes préventives israéliennes contre des installations nucléaires iraniennes comme un projet qui pourrait mener à "l’éradication du peuple iranien parce que l’on soupçonne ses dirigeants de construire une bombe atomique".
Dans le même temps, il y a "cet autre pays, qui dispose depuis des années d’un arsenal nucléaire croissant - même s’il est maintenu secret -, et sans contrôle, puisque aucune vérification n’est permise", poursuit le Nobel de littérature 1999, en visant Israël sans le nommer au début de son texte.
Le Nobel de littérature 1999 affirme que ce projet pourrait mener à "l’éradication du peuple iranien".
Grass, qui jouit d’une grande autorité en Allemagne, évoque "cet autre pays, qui dispose depuis des années d’un arsenal nucléaire croissant - même s’il est maintenu secret", qui bénéficie de livraisons de sous-marins nucléaires qui pourraient rendre les Allemands, "déjà suffisamment accablés", complices d’un "crime prévisible".
L’Allemagne et Israël ont conclu en 2005 un contrat de vente de sous-marins conventionnels de type Dolphin, dont un sixième exemplaire doit être livré prochainement. Ces sous-marins peuvent être équipés d’armes nucléaires.
Grass dénonce "le silence généralisé sur ce fait établi" - qu’il qualifie de "mensonge pesant" -, parce que "le verdict d’antisémitisme tombera automatiquement" sur qui le rompra.
"Pourquoi ne dis-je que maintenant (...) que la puissance atomique d’Israël menace la paix mondiale déjà fragile ? Parce qu’il faut dire ce qui pourrait être trop tard demain", explique l’auteur.
"Je ne me tairai plus, parce que j’en ai assez de l’hypocrisie de l’Occident" vis-à-vis d’Israël qui est le vrai "responsable de cette menace", selon Grass.
Il demande également "un contrôle sans obstacle et permanent de l’arsenal atomique israélien et du programme nucléaire iranien par une instance internationale reconnue par les deux gouvernements".
Le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert a refusé de commenter le texte, au nom de la "liberté de création".
 
Commentaires (2)

1. Paco 10/04/2012

Merci Aldo pour cet ajout !

2. Aldo Maccionne 10/04/2012

Le poème de Grass et sa traduction à la suite



Warum schweige ich, verschweige zu lange
was offensichtlich ist und in Planspielen
geübt wurde, an deren Ende als Überlebende
wir allenfalls Fußnoten sind.
Es ist das behauptete Recht auf den Erstschlag,
der das von einem Maulhelden unterjochte
und zum organisierten Jubel gelenkte
iranische Volk auslöschen könnte,
weil in dessen Machtbereich der Bau
einer Atombombe vermutet wird.
Doch warum untersage ich mir,
jenes andere Land beim Namen zu nennen,
in dem seit Jahren - wenn auch geheimgehalten -
ein wachsend nukleares Potential verfügbar
aber außer Kontrolle, weil keiner Prüfung
zugänglich ist?
Das allgemeine Verschweigen dieses Tatbestandes,
dem sich mein Schweigen untergeordnet hat,
empfinde ich als belastende Lüge
und Zwang, der Strafe in Aussicht stellt,
sobald er mißachtet wird;
das Verdikt "Antisemitismus" ist geläufig.
Jetzt aber, weil aus meinem Land,
das von ureigenen Verbrechen,
die ohne Vergleich sind,
Mal um Mal eingeholt und zur Rede gestellt wird,
wiederum und rein geschäftsmäßig, wenn auch
mit flinker Lippe als Wiedergutmachung deklariert,
ein weiteres U-Boot nach Israel
geliefert werden soll, dessen Spezialität
darin besteht, allesvernichtende Sprengköpfe
dorthin lenken zu können, wo die Existenz
einer einzigen Atombombe unbewiesen ist,
doch als Befürchtung von Beweiskraft sein will,
sage ich, was gesagt werden muß.
Warum aber schwieg ich bislang?
Weil ich meinte, meine Herkunft,
die von nie zu tilgendem Makel behaftet ist,
verbiete, diese Tatsache als ausgesprochene Wahrheit
dem Land Israel, dem ich verbunden bin
und bleiben will, zuzumuten.
Warum sage ich jetzt erst,
gealtert und mit letzter Tinte:
Die Atommacht Israel gefährdet
den ohnehin brüchigen Weltfrieden?
Weil gesagt werden muß,
was schon morgen zu spät sein könnte;
auch weil wir - als Deutsche belastet genug -
Zulieferer eines Verbrechens werden könnten,
das voraussehbar ist, weshalb unsere Mitschuld
durch keine der üblichen Ausreden
zu tilgen wäre.
Und zugegeben: ich schweige nicht mehr,
weil ich der Heuchelei des Westens
überdrüssig bin; zudem ist zu hoffen,
es mögen sich viele vom Schweigen befreien,
den Verursacher der erkennbaren Gefahr
zum Verzicht auf Gewalt auffordern und
gleichfalls darauf bestehen,
daß eine unbehinderte und permanente Kontrolle
des israelischen atomaren Potentials
und der iranischen Atomanlagen
durch eine internationale Instanz
von den Regierungen beider Länder zugelassen wird.
Nur so ist allen, den Israelis und Palästinensern,
mehr noch, allen Menschen, die in dieser
vom Wahn okkupierten Region
dicht bei dicht verfeindet leben
und letztlich auch uns zu helfen.




Pourquoi je ne dis pas 
pourquoi ai-je tu pendant trop longtemps 
ce qui est pourtant évident 
et a fait l'objet de tant de simulations 
dans lesquelles nous, les survivants, 
sommes au mieux des notes de bas de page. 

On évoque le droit à une frappe préventive, 
l'éradication du peuple iranien soumis, 
tenu à une liesse sans joie par un fort en gueule, 
sous prétexte que ce potentat construirait une bombe atomique. 

Mais alors, pourquoi m'interdis-je 
de nommer cet autre pays 
qui dispose depuis des années, 
certes dans le plus grand secret, 
d'un potentiel nucléaire croissant 
et échappant à tout contrôle, 
puisque aucun contrôle n'est permis ? 


Le silence général autour de ce fait établi, 
ce silence auquel j'ai moi-même souscrit, 
je le ressens comme un mensonge pesant, 
une règle que l'on ne peut rompre 
qu'au risque d'une peine lourde et infâmante : 
le verdict d'antisémitisme est assez courant. 


Mais aujourd'hui, alors que mon pays 
coupable de crimes sans commune mesure, 
pour lesquels il doit rendre des comptes encore et encore, 
mon pays donc, dans un geste purement commercial, 
certains parlent un peu vite de réparation, 
s'en va livrer un nouveau sous-marin à Israël, 
un engin dont la spécialité est d'envoyer 
des ogives capables de détruire toute vie 
là où l'existence de ne serait-ce qu'une seule 
bombe nucléaire n'est pas prouvée, 
mais où le soupçon tient lieu de preuve, 
je dis ce qui doit être dit. 


Pourquoi me suis-je tu aussi longtemps ? 
Parce que je croyais que mes origines, 
entachées par des crimes à jamais impardonnables, 
m'interdisaient d'exprimer cette vérité, 
d'oser reprocher ce fait à Israël, 
un pays dont je suis et veux rester l'ami. 


Pourquoi ne dis-je que maintenant, 
vieux, dans un ultime soupir de mon stylo, 
que la puissance nucléaire d'Israël 
menace la paix mondiale déjà fragile ? 
Parce qu'il faut dire maintenant 
ce qui pourrait être trop tard demain, 
et parce que nous, Allemands, avec le poids de notre passé, 
pourrions devenir les complices d'une crime, 
prévisible et donc impossible 
�� justifier avec les excuses habituelles. 


Je dois l'admettre aussi, je ne me tairai plus 
parce que j'en ai assez de l'hypocrisie de l'Occident 
et j'espère que nombreux seront ceux 
prêts à se libérer des chaînes du silence, 
pour appeler l'auteur d'une menace évidente 
à renoncer à la violence tout en exigeant 
un contrôle permanent et sans entraves 
du potentiel atomique israélien 
et des installations nucléaires iraniennes 
par une instance internationale 
acceptée par les deux gouvernements. 


Ce n'est qu'ainsi que pourrons aider 
les Israéliens et les Palestiniens, 
mieux encore, tous les peuples, 
frères ennemis vivant côte à côte 
dans cette région guettée par la folie meurtrière, 
et en fin de compte nous-mêmes. 



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