« Pendant les soixante-dix dernières années, les habitants de Détroit ont cru à tort que leurs vies étaient liées à General Motors, Ford et Chrysler, explique Maureen Taylor, militante depuis des années dans la lutte contre la pauvreté. Ils nous ont mis dans la tête que ce qui était bon pour eux était bon pour nous. Il nous fallait donc cesser de marcher et conduire des voitures. Et si nous n’aimions plus cette voiture, nous en achetions une autre. Cela a duré pendant des décennies mais aujourd’hui, c’est fini ». Tournant le regard vers les rues désertes de Détroit, Maureen conte le quotidien de ses habitants les plus touchés par la crise. Des gens mourant de froid sur les trottoirs, des enfants retrouvés morts dans les maisons incendiées, un système de soin de santé inaccessible pour les bas-revenus, « un monde de fous » résume t-elle.
Exode urbain
Empruntant l’autoroute qui traverse la ville d’Est en Ouest, Peter Landon s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence, au sommet du pont enjambant Red-River. De là surgit le complexe de Ford. Des fumées s’en échappent encore. Dans les années 30, ces quatre km2 d’usines ont constitué la plus grande entreprise intégrée du monde, employant jusqu’à 100 000 personnes ! « Aujourd’hui, c’est moins de 6 000 salariés » déplore Peter. Membre de l’Union démocratique des camionneurs (TDU), Peter Landon a vu les effets dévastateurs de la crise de l’industrie automobile. Une crise qui n’en finit pas.
En 2008, Détroit a perdu près de 70 000 emplois. Si le taux de chômage officiel est de 15,8 %, il augmente à mesure que l’on s’approche du centre-ville et dépasse 50 % dans certains quartiers. Près d’une famille sur trois ont un revenu égal ou inférieur au seuil de pauvreté défini par le gouvernement fédéral. Avec les crises immobilière et financière de ces dernières années, la situation empire. Longtemps quatrième ville la plus importante des Etats-Unis, Détroit a vu sa population baisser de plus de moitié, passant de 1,8 million d’habitants en 1950 à quelque 700 000 aujourd’hui.
Mouvement ouvrier : du compromis à la déroute
Près des chantiers navals, dont il ne reste qu’un monument commémoratif, nous rencontrons l’amie de Peter, Wendy Thompson. Elle est l’ancienne présidente d’une section locale du syndicat des Travailleurs Unis de l’Automobile (UAW). Après avoir travaillé 33 ans dans une usine de General Motors (GM), Wendy est un témoin actif de l’histoire ouvrière de Détroit. Aujourd’hui retraitée, elle se souvient des luttes menées pour obtenir de meilleures conditions de travail quand « à l’époque nous travaillions douze heures par jour ». Et nous conte cette inlassable lutte, ce rapport de force permanent, entre les « Big Three » – Ford, GM, et Chrysler – et leurs salariés. La crainte des syndicats et de l’organisation des travailleurs, l’industrie automobile la cultive depuis les années 30, n’hésitant pas, pour détruire les collectifs de travail, à déménager leurs usines, parfois en dehors de Détroit, et plus récemment hors du pays.
Au lendemain de la Grande dépression de 1929, l’industrie automobile embauche largement les travailleurs des plantations du Sud afin de contrecarrer l’activité des ouvriers – en majorité polonais et italiens – très syndiqués. Ford, GM, et Chrysler obtiennent que la ville d’Hamtramck, situé à 8 km, leur offre – déjà ! – des défiscalisations. Un paradis fiscal en plein Détroit. Elles y déplacent de nombreuses activités. « On voyait certaines usines fermer pour rouvrir juste à côté sans réembaucher les militants les plus actifs ». Les crises successives du secteur vont accompagner pendant des années les politiques patronales de compression des salaires et de diminution des droits sociaux. Progressivement, les syndicats, pour sauver le peu qui reste, préfèrent les « compromis » et les « accords » à l’usage de la grève et la pression des salariés.
Le bon vieux temps de la consommation de masse
En 2009, en pleine crise financière, Chrysler et General Motors sont au bord de la faillite. L’UAW va alors accepter de devenir actionnaire majoritaire de Chrysler, à hauteur de 55 %, mais aussi de GM à 17,5 %. Pieds et mains liés, le syndicat renonce à la grève jusqu’en 2015, accepte des baisses de salaires et la reprise de la gestion de l’assurance-santé, au détriment des intérêts des salariés. Dans le même temps, l’UAW perd des milliers de membres. Le siège de la section locale, comme tant d’autres bâtiments, est d’ailleurs à vendre.
Au milieu de maisons soldées à moins de 8 000 euros, s’élève la demeure centenaire de Grace Lee Boggs. Agée de 94 ans, Grace est une anthologie vivante de soixante-dix années de luttes pour les droits civiques et les droits des femmes. La rencontrer c’est saisir la chance de mieux comprendre comment Détroit en est arrivé là. « Cette résidence a été construite en 1929, à une époque où beaucoup de grandes maisons étaient construites ici. L’industrie apportait la prospérité et Détroit était perçu comme le symbole de la réussite de la révolution industrielle », raconte-t-elle. Ainsi allait la vie à Détroit pendant cette première moitié du XXe siècle. Le monde roulait dans les voitures sorties des chaînes de montage et découvrait la consommation de masse grâce aux standards de production inaugurés dans les mêmes usines par Henry Ford. Rebaptisée pendant un temps Hitsville USA, la ville à succès, le monde se mit à danser sur les tubes concoctés dans les studios de la Motown, le label de musique fondé en 1959 par un jeune afro-américain nommé Berry Gordy.
Face à la désindustrialisation : la drogue et les jeux
« Cette révolution n’a pas duré » poursuit Grace. Lorsqu’elle arrive à Détroit dans les années 50, les autoroutes sont déjà construites et les populations blanches commencent à quitter le centre-ville pour s’installer en banlieue. « La désindustrialisation a débuté après la deuxième guerre mondiale. Avec l’automatisation, le nombre de travailleurs nécessaires sur les lignes d’assemblage a fortement diminué. Face à la montée du mouvement ouvrier, beaucoup d’usines sont parties s’installer en banlieue. Comme les jeunes ne trouvaient plus d’emploi, ils se sont dits : pourquoi aller à l’école si je peux gagner de l’argent en une journée avec de la drogue ? L’économie de la drogue s’est donc développée. »
C’est le début de son engagement dans le mouvement des Black Power. Les révoltes en juillet 1967 vont marquer un tournant. Expression du ras-le-bol devant la ségrégation raciale, ce soulèvement va permettre aux afro-américains d’accéder à des responsabilités qui leur étaient jusqu’alors interdites. « Les structures de pouvoir en place ont reconnu qu’elles ne pouvaient plus maintenir l’ordre. C’est ainsi que pour la première fois en 1973 un maire noir, Coleman Young, a été élu », rappelle Grace. Mais durant ses vingt années à la tête de Détroit, le maire peine à ramener l’emploi au centre ville, malgré sa politique en faveur de l’industrie du jeux. Les casinos remplacent les lignes d’assemblage. Mais pas de jackpot pour nombre d’habitants, qui s’enfoncent dans la pauvreté. Une tentative qui fait échos à certains grands projets aujourd’hui développés en Europe, comme le projet Eurovegas en Espagne.
« Tuer les pauvres ne leur fait pas peur »
Maureen Taylor est de celles qui ne renoncent pas. Depuis des années, elle lutte pour que cessent les coupures d’eau, de gaz et d’électricité des plus démunis. Elle est particulièrement en colère contre « la politique agressive menée par DTE Energy », une compagnie privée qui n’hésite pas à sanctionner les ménages incapables de payer les factures d’électricité, les jours où le thermomètre approche des valeurs négatives. « Tuer les pauvres ne leur fait pas peur » dénonce t-elle. Ces dernières années, plusieurs incendies mortels ont eu lieu dans des maisons qui ne recevaient ni gaz ni électricité. Et de blâmer la réduction de moitié du nombre de pompiers à Détroit, alors même que le taux d’incendie criminel est le plus élevé au monde avec 30 feux de structures par jour. « La municipalité ferme volontairement les yeux », dénonce Maureen. Plusieurs dizaines de milliers de résidences seraient également affectées par des coupures d’eau menées par la régie municipale.
« Toutes les questions que vous vous posez sur Détroit ont leur réponse dans la banlieue » affirme William, un trentenaire ami de Maureen. Embarquement à bord d’une berline. Impossible en effet de gagner les faubourgs autrement. Au royaume de la bagnole, les liaisons en bus sont très rares entre son centre-ville et sa banlieue. Les trains de voyageurs sont quasi-inexistants. Le berceau de l’automobile a beau être en crise, l’alternative en matière de transports en commun n’existe pas. D’autant que des coupes drastiques ont été opérées dans le budget du transport : plus d’une centaine de chauffeurs de bus licenciés, certaines lignes supprimées ou réduites. « Si tu n’as pas de voiture à Détroit, tu ne peux rien faire », confirme William. Et pourtant, un quart des habitants n’en posséderaient pas. Les inégalités sont aussi une question de mobilité.
Ségrégation et décroissance forcée
L’autoroute marque la séparation entre un centre-ville et sa population noire à 85 % et une banlieue blanche à 80 %. « Il y a quelques quartiers noirs à l’extérieur du centre-ville nuance William, mais les plus riches restent incontestablement les quartiers blancs ». De l’autoroute, on aperçoit la gare centrale abandonnée, des écoles et des hôpitaux fermés. En arrivant à Southfield, à une vingtaine de km du centre-ville, le contraste est saisissant. « Vous nous demandiez où étaient les magasins ? Ils sont ici. Vous n’en verrez aucun au centre-ville. Les gens qui ont de l’argent investissent là et y construisent leur maison et leur commerce », assure William. « C’est une ségrégation de classe. » Encore aujourd’hui, il semble difficile pour les ménages noirs de s’installer dans des quartiers à majorité blanche. Beaucoup, selon William, estiment que leur présence ferait baisser la valeur économique des biens immobiliers.
Alors que le trafic ne cesse de s’épaissir à mesure que l’on pénètre la banlieue, les grandes surfaces, villas cossues, banques et parkings bondés défilent. « Vous avez là ce à quoi ressemble le rêve américain : chacun est un Don Quichotte qui croit pouvoir devenir ce qu’il veut », commente William. Aux portières sont accrochés de mini-drapeaux américains. Des stickers « I love America » ornent les vitres arrière. La moindre voiture garée sur les pelouses tondues au millimètre approche les 40 000 $. On compte en moyenne deux à trois voitures par ménage. Derrière les grandes maisons protégées, on devine le métier de son propriétaire, ingénieur, avocat ou manager pour la plupart. « Toute notre éducation ici est basée sur l’argent, déplore William. A l’âge de 19 ans, tu dois acquérir ta première maison. Tout autour de nous, le capitalisme continue d’opérer. Nous ne reconnaissons toujours pas que nous avons fait une erreur. Pour l’instant, les effets collatéraux ont seulement touché le centre-ville. » C’est ce que l’on appelle aussi ici « l’effet donut », du nom de ces beignets gras percés d’un trou en leur milieu.
« Les banques détruisent toute richesse à Détroit »
« Ce que fait le maire dans cette situation ? ironise William. Il prend des quartiers historiques, il dit qu’ils sont morts, puis il ferme les écoles, les parcs publics, il démolit les bâtiments ». Le maire de la ville est pris en étau. D’un côté, les banques favorisent les saisies immobilières en exigeant le remboursement des prêts des ménages endettés. Autant d’habitants et de revenus en moins pour le budget municipal. De l’autre, ces mêmes banques prélèvent toujours plus d’intérêts pour financer la dette de la ville, imposant à celle-ci et son maire des réductions de dépenses publiques. Aujourd’hui, Détroit croule sous le poids d’un déficit budgétaire de 100 millions de dollars et d’une dette obligataire de quelque 14 milliards de dollars.
Pour Jérôme Goldberg, avocat spécialiste des saisies immobilières, « les banques détruisent toute richesse à Détroit ». « Plutôt que de licencier ou diminuer les salaires des employés et supprimer des services publics pour équilibrer le budget, le maire et son Conseil devraient résister aux banques et mettre en place un moratoire sur le paiement de la dette », estime l’avocat. Car « le plus grand problème à Détroit renchérit la syndicaliste Wendy Thompson, c’est l’école. » D’ici 2016, la municipalité envisage le départ de 13 000 étudiants du district scolaire. Cette prévision à la baisse des inscriptions devrait accompagner la fermeture programmée de 28 écoles publiques de la ville. Pour la fédération des enseignants de Détroit, c’est la mise en concurrence avec les charter schools, ces écoles américaines laïques à gestion privée, qui expliquent cet exode. Et d’interroger : « Comment faire croire aux gens qu’ils devraient nous confier leurs enfants si l’on procède à des coupes constantes ? »
De la rouille à la verdure
« Les gens expérimentent le déclin ici depuis 60 ans mais il restent façonnés par un optimisme libéral, comme si cette crise était seulement quelque chose de local. Quiconque que vous écoutiez, le maire, les mouvements écolo, tous intègrent le mot croissance dans leur discours », déplore témoigne Killian O’Brien, un professeur venu s’installer à Détroit en 2009. Détroit serait-elle définitivement devenue une ville fantôme, un laboratoire abandonné de la mutation en cours ? Pas si sûr. « De plus en plus de jeunes gens quittent les banlieues et regagnent le centre-ville pour s’y installer. Ils y achètent une maison à bas prix, s’équipent d’un vélo et réinvestissent progressivement Détroit », s’enthousiasme Grace Lee Bogs. « Avec la crise énergétique, le modèle des banlieues ne tient pas. Elles ont été pensées pour un pétrole à bas-prix ». Pour elle, une société post-industrielle est en construction dans la métropole déchue. Détroit pourrait ainsi constituer « une opportunité unique » de repenser ce à quoi une nouvelle communauté américaine pourrait ressembler.
L’une des clés réside dans le mouvement autour de l’agriculture urbaine en pleine expansion. Alors que la portion de la ville inoccupée est évaluée à 233 km² (sur une surface totale de 350 km²), Détroit et la ’Rust Belt’ (littéralement, ceinture de rouille) [1] pourrait se transformer en ’Green Belt’ (ceinture verte). Paradoxe historique : un siècle plus tôt, dans les années 1890, Détroit était le premier centre urbain à considérer l’agriculture urbaine comme une nécessité. Le maire de l’époque, Hazen Stuart Pingree, mit en place un plan qui visait à transformer en potagers les territoires de la ville laissés vacants afin de nourrir les plus démunis. En 1992, face à l’échec des politiques publiques, un mouvement – Détroit Summer – s’est mis en tête de « reconstruire la ville en partant du sol ». « Certains se préoccupèrent de développer le transport en vélo, d’autres créèrent des groupes de travail en poésie afin d’exprimer leurs pensées », raconte Grace. Aujourd’hui, plus de 1 300 jardins sont gérés par le programme Detroit Garden Ressource. Moyennant entre 10 $ par an (7 euros) pour les jardins communautaires et 20 $ (15 euros) pour les jardins familiaux, ce programme assure distribution de graines, plants et formations. 45 écoles publiques seraient également impliquées dans les programmes Farm-to-School (« De la ferme à l’école »).
Révolution culturelle au pays des Fast-Food
Développer un jardin est un moyen de construire une solidarité de quartier. Dans la droite ligne du sociologue américain Saul Alinski qui a fortement inspiré Barack Obama, l’objectif est de « construire une communauté », et de la rendre en quelque sorte résiliente aux évènements extérieurs. « Il ne sert à rien de dépenser son énergie à quémander auprès des pouvoirs publics qui n’ont plus de ressources. Il faut se prendre en main pour changer nos façons de vivre », assène Leanne, membre d’un jardin communautaire. Cette « transformation du rapport à la nourriture » générerait donc une véritable révolution culturelle au pays des Fast-Food. Evidemment, les obstacles ne cessent de se dresser à l’image de ce partenariat conclu entre des bibliothèques de la ville de Détroit et Mc Donald’s : contre l’emprunt régulier des livres, les enfants voient leur carte de bibliothèque créditer de bons gratuits chez le roi de la malbouffe. Ronald incitant à la lecture, difficile à avaler !
« Détroit est aujourd’hui un désert alimentaire », observe Kwamena Mensah, un ancien fonctionnaire investi au sein d’une petite ferme urbaine, D-Town farm. Les établissements les plus accessibles sont des magasins à un dollar, des fast-food et des stations-service. « Nous avons ressenti le besoin de reprendre le contrôle de notre propre alimentation et nous avons fondé un réseau pour assurer la sécurité alimentaire de la communauté », explique Kwamena. « Nous ne pouvons plus continuer à importer 98 % de notre alimentation. Cette ferme est la preuve que nous pouvons faire autrement ». Mais pour Kwamena, D-Town farm ne peut se contenter de produire de l’alimentation : l’enjeu est aussi de créer des emplois. « Il n’est plus nécessaire de compter sur l’automobile, mais nous pouvons par contre nous appuyer sur l’agriculture, plus saine pour tous et redonnant du sens à la vie collective ».
Regain d’intérêts pour les coopératives
Michèle Obama a été photographiée sous toutes les coutures dans le potager de la Maison Blanche et l’on a pu voir figurer l’agriculture urbaine dans le plan de relance de l’économie américaine concocté par son mari. Est-ce à dire que l’agriculture urbaine pourrait suffire à nourrir la population de Détroit ? Ce n’est pas ce que pense Randy Harmshire, agriculteur bio rencontré au marché d’Eastern Market et possédant une ferme d’un peu plus de 80 hectares à 130 kilomètres au Nord de Détroit. Voyant d’un bon œil que les citadins « remettent les mains dans la terre », il reste sceptique sur la capacité à produire en ville des cultures à faible valeur ajoutée, comme le blé ou le haricot noir, et considère qu’il est « urgent de préserver les fermes victimes de la pression urbaine permise par la voiture ».
Du côté des syndicats, la question de la reconversion des industries gagne du terrain. Du moins, dans les courants les plus à gauche de l’UAW. « Avec toutes les usines qui ferment, beaucoup d’entre nous évoquent la possibilité de les rouvrir pour produire des bus ou des trains, explique Wendy Thompson. Mais « la faiblesse de la structure sociale en place pour que ce changement se produise rend les choses difficiles ». « Nous n’avons pas le choix », réaffirme de son côté Dan Carmody, le président d’Eastern Market Corporation, le plus grand marché de produits frais de la ville.
Vers une société post-industrielle
« Les cinquante prochaines années seront très différentes car nous n’aurons plus accès au pétrole à bas-coût et cela va tout changer. La raréfaction de l’énergie questionne l’alimentation, les transports, les bâtiments. Nous faisons tous partie d’un système qu’il nous faut changer ou aucun d’entre nous ne survivra ». Très impliqué dans le mouvement pour la relocalisation de l’alimentation, Dan espère que ce dernier saura s’inspirer du modèle économique de l’industrie de la bière aux Etats-Unis. « Les grandes firmes comme Budweiser sont en train de perdre les marchés au profit de coopératives produisant de la bière artisanale locale, nous devons être capable de faire la même chose dans le domaine de l’alimentation ».
Détroit est-elle entrée malgré elle en transition ? Pour Grace Lee Boggs, la ville a été pendant des décennies le symbole international de l’industrialisation avant de devenir celui de la dévastation du capitalisme. Aujourd’hui confie Grace, « nous créons une société post-industrielle, une nouvelle civilisation. En sortant de chez moi, vous pouvez regarder autour de vous et voir seulement une ville en ruine. Ou bien, regarder Détroit et vous dire, voici notre futur ». Ce qui se joue à Détroit inspirera-t-il d’autres parties du monde frappées du même mal, qu’il se nomme austérité ou récession ?
Texte : Sophie Chapelle
@Sophie_Chapelle sur twitter
Vidéo : Sophie Chapelle et Maxime Combes / Alter-Echos
Photos : Jean-Paul Duarte / Collectif à-vif(s)