Décès de la dame privée de chauffage

L'Aisne Nouvelle le 31 janvier 2012 par L.Q. (avec J.-M.P.) [publié par Joce]

 

Il est bien rare que je relaie les informations de la presse quotidienne régionale, qu'elle soit d'ici ou d'ailleurs. Mais il est des jours où le sentiment de colère prend le pas sur toute autre considération. Je dis colère mais je devrais dire un sentiment de honte, non pas envers journalistes qui ont fait leur boulot, non pas envers l'entourage par manque de solidarité, honte envers un système qui permet et cautionne ces dérives! A vous de lire, à vous de voir... Par Joce

CHAUNY - Juliette Brzoska, 76 ans, est décédée. Nous l’avions rencontré chez elle le 16 janvier ; son chauffage avait été coupé suite à un malentendu...

 

Son histoire avait ému beaucoup de nos lecteurs (notre édition du 17 janvier). Lors de notre visite, cela faisait une semaine que cette septuagénaire, de santé fragile, vivait sans chauffage central, uniquement avec un radiateur électrique d'appoint. Il faisait alors 15°c dans son salon, un peu plus de 12 dans les autres pièces de sa maison, rue du maréchal de Lattre de Tassigny. Elle était transie sur son canapé, emmitouflée dans sa robe de chambre bleue.

De l'incompréhension

C'est son fils qui nous avait contactés : il ne comprenait pas pourquoi Gaz de France avait coupé le chauffage à sa mère. L'intéressée non plus : « J'ai bien essayé de les appeler mais il faut toujours taper des numéros sur le clavier du téléphone. Je n'y comprends rien ». Le 6 décembre dernier, la Chaunoise avait reçu un rappel de factures d'un montant de 971, 37 euros avec l'ordre de payer dans les vingt jours. Mais comme en début d'année, elle avait réglé la somme de 3 521 euros (surestimée à son goût) pour la période du 24 juillet 2010 au 6 janvier 2011, elle n'en avait pas tenu compte, pensant être dans son bon droit. Gaz de France a alors appliqué son règlement à la lettre en coupant la vanne d'alimentation en gaz. Ses derniers jours, Juliette Brzoska les a donc vécus dans des conditions loin d'être optimales à cause de quelques euros.

« Dans un état faible »

La suite, c'est son fils Georges Dygas qui nous la raconte. « Elle a été hospitalisée dans un état faible le 19 janvier, j'ai pu la visiter le 20 janvier et elle est décédée le 21 janvier. La cause médicale de son décès ne m'est pas encore parvenue. Elle était sous perfusion car elle ne s'était pas alimentée ni hydratée depuis plusieurs jours. »
Il nous a fait part de cette triste nouvelle samedi, en nous livrant d'autres précisions : « Elle a eu un scanner le 20 janvier dont je ne connais pas le résultat. Puis, après avoir reçu la pose d'une sonde urinaire, elle devait passer une fibroscopie et un doppler abdominal dans la semaine. Je l'ai quitté affaiblie le soir en la rassurant que tout allait maintenant mieux se passer pour elle. Le 21 janvier, alors que je me préparais à la visiter à nouveau, j'ai reçu un appel téléphonique annonçant sa mort à 12 h 20. »
Juliette Brzoska a été incinérée et ses cendres dispersées au jardin du souvenir du cimetière de Chauny le 27 janvier, « selon ses dernières volontés ». Elle était née le 12 avril 1935 à Guny ; elle laisse derrière elle un fils de 51 ans et trois petits-enfants de 23, 20, et 5 ans.

Demandes de préjudices

Son fils, domicilié à Paris, ne compte pas en rester là. « J'ai contacté une avocate. Même si la relation de cause à effet est difficile à prouver entre la coupure du chauffage et le décès - mais moi j'en suis convaincu -, des demandes de préjudices seront demandées à Dolcevita Gaz de France qui, bien sûr, a su aider ma mère dans ses derniers instants en respectant leur règlement au mépris de l'humain...C'est inadmissible », déplore-t-il.
Au moment de la rédaction de l'article, Gaz de France était injoignable ; personne ne s'est ensuite manifesté après la publication du premier article.

 

Lors de notre venue, cela faisait déjà une semaine que Juliette Brzoska vivait sans chauffage central ; elle est décédée cinq jours plus tard au centre hospitalier de Chauny.

Lors de notre venue, cela faisait déjà une semaine que Juliette Brzoska vivait sans chauffage central ; elle est décédée cinq jours plus tard au centre hospitalier de Chauny.

Commentaires (2)

1. mariemarie 09/02/2012

Nous sommes soit-disant dans un pays civilisé, dans un pays où les dirigeants se permettent de donner des leçons

Dans les pays soit-disant "en voie de développement", JAMAIS cela ne se serait produit. La dame aurait été entourée, ses voisins ne l'auraient pas lâchée d'une semelle, envoyant leurs enfants frapper à sa porte, lui demandant si elle avait besoin de quelque chose, un repas chaud -chez elle ou chez eux- etc...etc....

2. pensée libre 06/02/2012

lorsque l'argent l'emporte sur la dignité...Lorsque le business se rend coupable de crime contre l'humanité... lorsque les hommes en oublient d'ouvrir leurs coeur et pour une facture impayée appuient sur la touche Supprimée! Honte à ce monde, honte à mes frères, peuple de Gaîa comment pouvez vous laissez faire ça? paix à Juliette puisse t elle avoir rencontré la fraternité dans un monde plus vrai que celui là...

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