20% : c’est le taux de mortalité moyen des colonies d’abeilles domestiques en Europe. Un taux qui connaît de très grandes variations à la fois entre pays et en fonction des hivers [1] Alarmant, ce déclin des abeilles « est sans doute le résultat de causes multiples telles que maladies et parasites, le dérèglement climatique et les pratiques de l’agriculture industrielle », souligne un récent rapport de Greenpeace. « Parmi ces pratiques, l’usage de certains pesticides, et notamment des néonicotinoïdes, jouent un rôle dévastateur », ajoute l’ONG.
Greenpeace réclame l’interdiction de sept pesticides (commercialisés sous le nom de Gaucho, Cruiser, Poncho, Régent ou Raid...) [2], jugés particulièrement toxiques. « L’urgence n’est plus à la seule observation scientifique, mais à l’action politique », déclare-t-elle. Elle invite l’Union européenne « à promouvoir l’agriculture écologique (...) en augmentant les crédits en faveur de la recherche, du développement et de l’application de pratiques agricoles écologiques. »
Des pesticides dans les gènes
Ce rapport tombe alors que d’âpres négociations ont lieu en ce moment à Bruxelles autour de l’interdiction de trois néocotinoïdes, ces nouvelles générations d’insecticides, qui se présentent sous forme de granules ou en enrobage de semences. Ces molécules chimiques sont conçues par Bayer, Syngenta ou BASF pour pénétrer au cœur des gènes et du système dans la plante. Laquelle sécrète ensuite le toxique tout au long de sa croissance. La Commission européenne souhaite interdire ces trois néocotinoïdes, dont la dangerosité a été soulignée en janvier janvier dernier par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Pour le moment, aucune majorité ne parvient à se dégager.
Le 15 mars dernier, treize pays (dont la France) ont voté en faveur du bannissement des ces toxiques, neuf ont voté contre (notamment l’Allemagne et l’Angleterre), et cinq se sont abstenus. « Les “experts” se prononcent souvent non pas en fonction de l’état de la science mais plutôt en fonction de l’intérêt économique bien compris du pays qu’ils représentent. C’est clairement le cas de l’Angleterre et de l’Allemagne qui protègent ainsi les intérêts économiques de leur secteur agrochimique avant tout… » dénonce François Veillerette, porte-parole de l’association Générations futures. La Commission soumettra sa proposition à un nouveau vote dans les prochaines semaines.