Source : La rûche qui dit oui, par Odile, mis en ligne le 1er mai 2014
Sylviane Duffau et Bernard Sancho, couple de maraîchers bio de Haute Garonne et producteurs-pionniers du réseau des Ruches ont choisi cette année de « pailler » leurs cultures. Moins d’arrosage, moins de désherbage, plus de matières organiques, la technique semble avoir tout bon. Pour en avoir le cœur net, nous sommes allés à leur rencontre. Découverte en 8 questions.
Au printemps, on vous a vu installer de la paille au pied de vos cultures, de quoi s’agit-il ?
La nature n’a pas conçu la terre nue. Il y a toujours de la végétation qui pousse dessus, entre et avec les cultures. C’est pour cela que nous avons recours au paillage, pour revenir à quelque chose de plus naturel. La technique consiste à recouvrir le sol de matériaux organiques ou minéraux pour le nourrir et le protéger. Toutes ces matières sont déposées au pied des plantations.
Vous utilisez quoi comme végétaux ?
De la paille que nous avions de côté. Il en faut beaucoup de balles, et c’est assez onéreux. Mais nous pensons que ça sera compensé par des économies d’eau et de temps de désherbage. Nous retrouverons surtout un équilibre naturel dans le sol, que nous ne travaillerons plus.
On dit qu’un binage est égal à deux arrosages, qu’en est-il du paillage ?
Sur un sol nu, le phénomène d’évaporation est 3 fois plus important que sur un sol forestier. Aussi, en été lorsque les températures augmentent, la plante transpire beaucoup. L’eau s’évapore, ses racines se réchauffent. Le paillage permet d’absorber l’eau et de maintenir l’humidité du sol. C’est une bonne méthode pour réduire l’arrosage !
Un sol toujours frais et humide, c’est la garantie d’une bonne récolte ?
Le paillage protège le sol des variations climatiques et évite ainsi le phénomène de battance des sols, c’est-à-dire le tassement de la terre sous l’action de la pluie. On évite donc la formation d’une croûte imperméable en surface qui empêcherait l’eau des prochaines pluies ou des arrosages de s’infiltrer et de nourrir la plante. Pour les plantes, un sol paillé est aussi la garantie d’une certaine constance. Terminé le stress d’un sol trop chaud, trop froid, trop sec ! Humidité et températures clémentes sont garanties toute l’année.
Le paillage n’étouffe-t-il pas les plantes ?
Si mais seulement celles qui ne nous intéressent pas. La paille est déposée autour des plantes que l’on souhaite voir pousser. Leurs tiges et leurs feuilles sont donc à l’air libre et peuvent se développer aisément. En revanche, comme le paillage empêche la lumière d’atteindre la surface du sol cela empêche les mauvaises herbes de germer et de se développer.
Les bestioles doivent adorer ce sol meuble, frais et humide ?
Le paillage sert de refuge pour les insectes qui jouent un rôle important dans la structure de la terre. Ils sont à l’abri l’hiver et aèrent les sols (on y trouve des vers de terre et autres insectes).Au fil des mois, le paillage se décompose et se transforme petit à petit en humus. Ainsi, le complexe argilo-humique du sol s’enrichit, sa fertilité augmente.
Le paillage semble n’avoir que des qualités, pourquoi avoir attendu cette année avant de le mettre en pratique ?
Nous avons appris cette technique en parlant avec d’autres agriculteurs, et avons testé le paillage l’an dernier sur une petite parcelle de pommes de terre : elles étaient superbes ! Du coup, nous nous sommes lancés pour tester sur les autres cultures.
Enfin, vous utilisez cette technique pour vos cultures maraîchères, est-ce généralisable à toutes les cultures ?
On peut tout pailler. Essayez dans votre potager, ou même au pied de vos plantes en pot. Le paillage est également très conseillé pour les pays dont les cultures souffrent de températures extrêmes.
Sylviane et Bernard auront-ils plus de tomates cet été ? Leurs salades seront-elles plus belles que l’an passé ? Expérimentation à suivre…
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