Le Sénat rejette l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes

Source : Natura Sciences, par Hugo Lebout, mis en ligne le 7 février 2015

La proposition de résolution portée par le sénateur écologiste Joël Labbé demandait au Gouvernement d’ « agir auprès de l’Union européenne pour une interdiction de toutes les utilisations des pesticides néonicotinoïdes en Europe tant que les risques graves pour la santé humaine, animale et l’environnement ne seront pas écartés». Elle vient d’être rejetée par le Sénat.

Neonicotinoides senatLors de son examen au Sénat, la proposition de résolution visant à faire interdire les néonicotinoïdes au niveau européen a été rejetée. Sur 347 votants, 312 suffrages ont été exprimés. 248 sénateurs se sont exprimés contre cette proposition, seulement 64 sénateurs se sont prononcés pour. Le vote étant à scrutin publique, vous pouvez voir quels sénateurs ont voté pour, contre ou se sont abstenus ici.

Lors de la séance au Sénat, le ministre Stéphane Le Foll a défendu son opposition au vote de cette résolution. Il a notamment rappelé qu’une restriction d’utilisation existait déjà au niveau européen pour 3 substances néonicotinoïdes pour toutes les cultures attractives pour les abeilles. « Elles ne peuvent plus être utilisées en période de floraison. Pour les cultures restantes et pour les céréales à paille, les semis ne peuvent pas se faire à la période de forte activité des abeilles», a rappelé Stéphane Le Foll. L’interdiction de semer des semences enrobées a lieu de Janvier à Juin.

Dans ce cadre, interdire les néonicotinoïdes n’est pas pour lui la solution. « C’est un pensée globale qu’il faut avoir », assure-t-il. Le débat doit prendre en compte l’ensemble des parties prenantes et notamment la réalité du monde agricole. C’est « parce qu’on ne doit pas caricaturer le débat » et « réussir l’objectif de réduction des phytosanitaires et de l’utilisation des néonicotinoïdes qu’il faut qu’on soit en capacité, collectivement, de mener ces débats en assurant les transitions nécessaires », défend-il. C’est le rôle du plan Ecophyto 2 qui vient d’être annoncé.

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Pourquoi vouloir interdire les pesticides néonicotinoïdes ?

Sous la dénomination de « néonicotinoïdes », on trouve plusieurs substances actives, à savoir le thiaméthoxam, l’imidaclopride, le thiaclopride, le dinotéfuran, l’acétamipride et le clothianidine. Ces néonicotinoïdes sont des pesticides systémiques. En tant que tels, ils sont présents dans et sur la plante tout au long de sa vie. Ils sont repris par la plante et transportés dans tous les tissus de façon préventive, même en absence de ravageurs. On les retrouve donc sur les feuilles, fleurs, racines, tiges, mais aussi dans le pollen et le nectar. Persistantes dans l’environnement, ils contaminent le sol, l’eau et l’air.

En séance au Sénat, Joël Labbé a rappelé les principales motivations qui l’ont conduit à proposer ce texte : le caractère systémique de ces insecticides agissant sur le système nerveux central des insectes, les impacts sur les pollinisateurs et les effets supposés sur la santé humaine, notamment sur le développement du système nerveux humain. De plus, il a rappelé que plusieurs rapports et publications font valoir que l’utilisation de ces molécules n’a pas permis une augmentation significative des rendements pour les agriculteurs.

 

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