Interdiction des perturbateurs endocriniens en Europe, acte 1. Le Parlement a voté jeudi 14 mars, et à une très large majorité, en faveur d’un rapport demandant des mesures claires pour réduire l’exposition à ces substances chimiques. Même à faible dose, celles-ci peuvent être très nocives pour l’organisme : cancers, baisse de la fertilité... Les élus européens ont souligné que, en l’état actuel des connaissances, on ne pouvait établir de valeur limite pour les perturbateurs endocriniens, en deçà de laquelle il ne serait pas constaté d’effets indésirables.
Toute exposition peut par conséquent présenter un risque, à moins que le fabricant soit en mesure de démontrer scientifiquement qu’un seuil peut être défini. Les exigences des députés s’orientent ainsi clairement vers une interdiction, que réclament diverses ONG européennes depuis plusieurs années. « Nous nous félicitons que le lobby de l’industrie chimique, puissant et très présent dans les couloirs des institutions européenne, n’ait pas réussi à faire modifier les demandes clés du rapport », a souligné l’eurodéputée Michèle Rivasi, vice-présidente du groupe des écologistes (Verts/ALE) au Parlement européen et co-rapporteure du dossier.
Jean-Jacob Bicep, député européen écologiste, a également rappelé qu’avec de telles exigences, l’utilisation d’un produit comme le chlordécone, un pesticide utilisé aux Antilles jusqu’en 1993, aurait été bannie. Et des milliers de personnes épargnées. Car en plus des nombreux cancers dont souffrent les ouvriers des bananeraies qui utilisaient ce pesticide, des perturbations sanitaires risquent de se manifester sur les descendants des utilisateurs. Les effets des perturbateurs endocriniens sont transgénérationnels. « Nous avons le devoir de rendre ces scandales simplement impossibles à l’avenir », a estimé Jean-Jacob Bicep.
Espérons maintenant que la Commission européenne va intégrer les recommandations adressées par le Parlement. La politique communautaire sur les perturbateurs endocriniens devrait aussi se fonder sur l’avis scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Laquelle devra démontrer, selon Gilles Pargneaux, député socialiste et membre de la commission de la santé et de l’environnement, « qu’elle est capable de travailler en toute indépendance et transparence sur ce dossier crucial pour la santé de nos citoyens. » Or, « sur ce point », ajoute-il, « de sérieux doutes subsistent. »