L’auteur de cet article, le journaliste Michael Hanlon, est régulièrement l’invité des télés et radios en tant qu’ « expert scientifique ». Les lecteurs britanniques, et à présent les internautes francophones, sauront-ils reconnaître ses mensonges sur Fukushima ?
« Fukushima Daiichi : zéro mort ». C’est faux. La catastrophe nucléaire a déjà provoqué des centaines de morts directs ou indirects. Cet article les ignore, c’est de la pure désinformation. Le triste décompte des premiers morts dus à la catastrophe nucléaire se fait ici : «
Les premiers morts de la catastrophe de Fukushima », avec toutes les références nécessaires. Et c’est sans compter
les disparus…
Il n’y a pas que le titre de son article qui est mensonger : « La centrale de Fukushima Daiichi, bien qu’obsolète, criblée de défauts de conception et frappée par des forces géologiques supérieures aux prévisions du cahier des charges, a remarquablement résisté », rapporte-t-il. C’est faux. La centrale n’a pas « remarquablement bien résisté ». Au contraire, il s’y est produit au moins
4 explosions provoquant de graves pollutions radioactives, et 3 cœurs de réacteur ont fondu quasi simultanément, ce qui représente la pire configuration d’accident nucléaire de tous les temps. Le confinement n’est plus assuré. La nappe phréatique est contaminée. L’océan pacifique subit
la pire des pollutions radioactives de l’histoire. Au moins 8% du territoire japonais est contaminé au césium pour 300 ans. Du plutonium a été répandu dans l’atmosphère.
« Les réacteurs ont été détruits, mais les radiations n’ont pas causé de morts à Fukushima Daiichi et ne devraient pas en causer au cours des cinquante prochaines années », lit-on encore dans cet article. C’est complètement faux. Pourtant, en tant que scientifique, Michael Hanlon sait bien que les radiations ne tuent pas immédiatement. Elles provoquent de nombreuses maladies et provoquent des cancers des années après. A Tchernobyl, les premiers cancers de la thyroïde dus à l’iode 131 sont apparus
au bout de 3 ans. Il ne faut pas attendre 50 ans pour compter les morts comme le prétend cet article négationniste. Entre 1986 et 2004, on estime à 985 000 le nombre de morts dus à la catastrophe de Tchernobyl (source :
Chernobyl : Consequences of the Catastrophe for People and the Environment).
Il n’y a pas que ce journaliste qui désinforme, en France nous avons aussi des gens qui profitent de leur position pour diffuser des contre-vérités dans l’unique but de défendre l’industrie nucléaire. Dans les ministères, on se bouscule pour suivre la voix du président. On connaissait déjà Eric Besson, ministre de l’industrie, qui annonçait le 12 mars 2011, après l’explosion du bâtiment réacteur n°1 de Fukushima Daiichi que ce n’était «
pas une catastrophe nucléaire ». A présent, c’est au tour de Gérard Longuet, ministre de la défense, de lancer cette phrase incroyable : «
[Le nucléaire] est une économie sans production de CO2. C'est une énergie qui n'a tué personne ». C’est insoutenable. Au-delà de la catastrophe de Fukushima qui est en cours, le ministre français semble nier les centaines de milliers de victimes de Tchernobyl…
Il faut dénoncer par tous les moyens ces paroles insensées, car elles contribuent à chaque fois à mettre en péril l’avenir de l’humanité. L’énergie nucléaire est une énergie extrêmement dangereuse, sa maîtrise est un mythe ‒ Fukushima l’a définitivement prouvé ‒ et on ne doit pas laisser les apprentis-sorciers dire n’importe quoi sans réagir.
Le site « lepoint.fr » désinforme également en annonçant dans l’article
Fukushima un an après : manifestations antinucléaires à Tokyo : « Un millier d'opposants se sont rassemblés dans la capitale japonaise, un an après la catastrophe de Fukushima ». C’est faux. Comme le rapporte justement le journal
le Monde, il y avait
plusieurs milliers de manifestants à Tokyo, répartis dans plusieurs manifestations. Le Point.fr ne rapporte pas non plus la manifestation à Kôriyama rassemblant
16 000 personnes… une information qui a pourtant toute son importance !