Source : Le Monde, mis en ligne le 29 avril 2014
L'association Générations futures publie, mardi 29 avril, une étude sur l'exposition des enfants aux pesticides perturbateurs endocriniens (PE), ces substances chimiques capables de modifier le fonctionnement hormonal et produire des effets néfastes. Leur singularité est d'affecter les organismes à des doses très faibles, spécifiquement lors de périodes-clés du développement (stade fœtal, petite enfance).
Pour cette étude concernant des enfants en âge d'être scolarisés, l'association a fait prélever des mèches de cheveux sur 30 enfants vivant dans des zones de cultures céréalières, dans une zone viticole, dans des zones maraîchères, arboricoles (pommiers et cerisiers) ou en ville.
EN FONCTION DE LA PROXIMITÉ D'UNE « ZONE PULVÉRISÉE »
D'après le questionnaire déclaratif rempli par les parents au moment du prélèvement, un tiers des enfants participant à l'enquête étaient scolarisés dans un établissement se trouvant à moins de 50 mètres d'une zone agricole où des pesticides sont pulvérisés. Pour les 70 % restants, l'école est située à moins de 1 kilomètre de tels lieux. Soixante-trois pour cent des enfants ont leur résidence principale à moins de 50 mètres d'une « zone pulvérisée ».
Les 36 % restants se situent à moins de 200 mètres de telles zones. Par ailleurs, indique l'association, 14 % des enfants ont reçu un traitement antipoux à base d'huiles essentielles ou d'huile de coco. De même, selon les données déclaratives, 26,6 % des enfants ont été exposés à des insecticides ménagers de type antimoustiques, antipuces pour animaux… dans les trois mois précédents le prélèvement.
624 RÉSIDUS DE PESTICIDES PE
L'analyse des mèches a montré que 80 % des enfants auraient été, moins de trois mois avant les prélèvements (réalisés entre octobre et décembre 2013), exposés à des pulvérisations de pesticides à usage agricole, alors que 98 % des parents disent ne pas travailler dans un secteur nécessitant la manipulation de pesticides.
L'analyse des 29 échantillons a fait apparaître 624 résidus de pesticides suspectés d'être des perturbateurs endocriniens, soit, indique l'association, une moyenne de 21,52 résidus par échantillons. Au total, treize substances interdites dans l'agriculture ont été retrouvées dans les cheveux de ces enfants.
Les perturbateurs endocriniens sont au centre d'intenses débats réglementaires aux niveaux français et européen. A l'échelon communautaire, le dossier est enlisé depuis plusieurs mois. L'Union européenne s'était engagée à donner une définition des perturbateurs endocriniens pour la fin 2013, mais l'adoption de cette définition se fait toujours attendre. En France, une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) était également attendue pour la fin 2013 et devait être présentée mardi 29 avril par le ministère de l'écologie.
Génération futures indique que son étude vise à éclairer le débat sur l'exposition aux substances cangérogènes et ne se veut pas « parfaitement représentative de l'exposition moyenne des enfants français vivant dans des zones agricoles et ne prétend pas refléter exactement l'état moyen de la contamination par des pesticides des enfants français vivant dans les zones agricoles ». Cependant, les pesticides recherchés au cours de l'étude ne forment qu'une part de l'ensemble des perturbateurs endocriniens auxquels la population générale est exposée. Ces substances, nombreuses, sont susceptibles d'agir de manière synergique (par « effet cocktail ») dans l'organisme et posent d'importantes questions sanitaires et réglementaires, puisqu'elles ne sont testées en laboratoire qu'une par une, sans considération pour le fait que la population est exposée à des mélanges de substances.
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