Coca, Colorants et cancers

Le Lot en Action n°50. 30 mars 2012 par Bluboux, mis en ligne le 16 avril

Colorant cancérigène : Coca-Cola obligé de modifier sa recette

C’est officiel : le soda le plus vendu au monde est cancérigène et va devoir modifier sa recette…
C’est une association américaine de défense des consommateurs, le CSPI, qui a donné l’alerte en février 2011, en saisissant la fameuse FDA (Food and Drug Administration). Le Coca-cola, ainsi que son petit frère le Pepsi-Cola, contiennent une substance chimique, le 4-méthylimidazole (4-MEI), qui sert à colorer ces boissons, mais également d’autres produits alimentaires, tels que sauces de soja, certaines bières brunes, etc. Il est souvent étiqueté de la façon suivante : colorant caramel…


sante-coca-cola-cancerigene-3-300.jpgLa fameuse FDA, qui fut à une époque fort lointaine l’une des autorités sanitaires les plus sûres et sévères au monde, est devenue un repaire d’anciens cadres de haut niveau de Monsanto et fonctionne dorénavant à peu près comme notre Commission européenne, où la corruption, officiellement nommée lobbying est devenue la règle. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle tergiverse depuis plus d’un an sur cette affaire. En s'appuyant sur une étude menée chez des rongeurs, l'administration américaine indique qu'il faudrait boire plus de 1000 canettes par jour pour être exposé. De son côté, le CSPI (Center for Science in the Public Interest) avance de nouveaux tests, qui prouveraient au contraire la nocivité de la substance. Selon l'association, la substance cancérigène se formerait lorsque l'ammoniac et/ou les sulfites sont utilisés avec le 4-MEI pour donner aux sodas leur couleur brune.
Le CSPI a effectué des prélèvements d'échantillons de différents sodas achetés à Washington. D'après ces résultats, le Coca-Cola contiendrait de 142 à 146 microgrammes de 4-MEI dans l'équivalent d'une canette américaine (12 onces, soit 35 cl), le Coca-Cola light de 103 à 113 microgrammes et le Pepsi de 145 à 153 microgrammes. Bien au-dessus des nouvelles limites fixées par l'État de Californie, pour qui le niveau maximum conseillé est de 29 microgrammes consommés sur l'ensemble d'une journée. Au-delà de cette limite, le fabricant doit faire apparaître un message d'avertissement sur le produit.
En Europe la législation est encore moins contraignante, puisque la limite est fixée à  250 milligrammes de 4-MEI par kilogramme, ce qui ferait plus de 80 000 microgrammes par canette ! Citoyens, buvez et mangez en toute confiance, les autorités de régulation européennes en matière de santé veillent sur vous !
Le CSPI demande que cette saloperie soit interdite le plus rapidement possible, et que dans cette attente (la FDA va encore faire traîner longtemps) les étiquettes portent la mention « colorant caramel issu de l'ammoniac et du sulfite » ou « colorant de caramel chimiquement modifié ».

sante-coca-cola-cancerigene-4-300.jpgSi la firme Coca continue à nier fermement que le 4-MEI est dangereux pour la santé, elle s’inquiète tout de même de l’ampleur que pourrait prendre cette polémique : « La compagnie a demandé à ses fournisseurs de caramel de faire le nécessaire afin de satisfaire les exigences de l'État de Californie », a indiqué Diana Garza Ciarlante, porte-parole du groupe. Les fournisseurs de Coca-Cola ont expliqué qu'ils modifieraient le processus de fabrication de manière à réduire simplement sa présence et respecter la législation. En clair, Coca souhaite éteindre le feu le plus rapidement possible, craignant une forte médiatisation, mais ne changera pas grand-chose.
Faites passer le message autour de vous ! Même si les lecteurs du LEA ne sont certainement pas les plus grands consommateurs de ces saloperies cancérigènes (il n’y a pas que le 4-MEI qui soit cancérigène, l’aspartame (voir article ci-après) également) que sont le Coca, Pepsi et bon nombre de sodas, nous connaissons tous des adeptes sérieusement dépendants. Le discours visant à réfuter les preuves n’est aujourd’hui plus cohérent. Celui consistant à mettre en avant le fait que de toute façon, nous respirons, buvons et ingurgitons malgré nous plein de saloperies ne l’est pas non plus, puisque les études démontrent que ce sont les cocktails chimiques qui sont encore plus dangereux.



L’aspartame, parlons-en…


sante-coca-cola-cancerigene-aspartame-2-300.jpgL'aspartame est un édulcorant artificiel découvert en 1965 par J. Schlatter, chimiste de la société G. D. Searle & Company, lors de la synthèse d'un médicament. Il a un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du saccharose et est utilisé pour édulcorer les boissons et aliments à faible apport calorique ainsi que les médicaments. Cet additif alimentaire est utilisé dans un grand nombre de produits et autorisé dans de nombreux pays, il est référencé dans l'Union européenne sous le code E951.
En 1977, la Food and Drug Administration qui réglemente le marché des aliments et médicaments, refuse au groupe Searle son agrément pour une molécule : l'aspartame. La FDA demande même une procédure pénale après avoir découvert de nombreuses erreurs dans les tests de toxicité présentés par la Searle. Mais après la nomination de Donald Rumsfeld à la présidence du groupe Searle en juin 1977, la situation se débloque. Le procureur chargé de l'enquête pénale démissionne de ses fonctions et rejoint le cabinet d'avocats de Searle. Ronald Reagan nomme à la tête de la FDA Arthur Hull Hayes, ancien chercheur pour le Pentagone, qui en juillet 1981 autorise la mise sur le marché de l'aspartame, contre l'avis du comité scientifique.
La commercialisation de ce produit sous le nom de NutraSweet permit à la société Searle d'engranger, sous la direction de Rumsfeld, de substantiels bénéfices. La vente de Searle à la compagnie Monsanto lui aurait rapporté la somme de 12 millions de dollars.
En juillet 2005, des chercheurs de la Fondation européenne Ramazzini, à Bologne (Italie), ont présenté à la presse une étude menée sur des rats semblant montrer un effet cancérogène au niveau du cerveau. Cette étude a été critiquée par des agences de sécurité sanitaire, notamment pour sa méthodologie qui n'appuierait pas ses conclusions. L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) après une analyse détaillée des conditions opératoires de cette étude a conclu qu'il n'y a aucune raison de changer les conditions d'utilisation de l'aspartame en Europe. La France a aussi émis des réserves sur la méthode d'étude et des doutes quant à la validité des résultats.
Fin 2010, la polémique est relancée par deux études. La première a porté sur près de 60 000 femmes enceintes et a conclu à un risque plus élevé de naissances avant terme pour les femmes qui consomment des boissons gazeuses aux édulcorants artificiels. La seconde a été menée par l’Institut Ramazzini (centre de recherche en cancérologie environnementale) et a conclu que l’exposition à de hautes doses d’aspartame chez les souris induisait des tumeurs au foie et au poumon chez les mâles uniquement. Un toxicologue français, le Pr Narbonne, a repris ces études pour inciter les Français à la méfiance, pourtant l’EFSA en collaboration avec l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) a réexaminé les deux études et n’a pas trouvé d’éléments probants de dangerosité de nature à modifier le profil de sécurité de l’aspartame. Ont notamment été mises en causes les souris utilisées, connues pour présenter spontanément des tumeurs au foie et au poumon ; et pour la première étude le fait que les accouchements prématurés n'aient pas été spontanés mais déclenchés, sans investigations sur les raisons de ce choix médical.
En 2011, la polémique est attisée suite à la réponse de Hugues Kenigswald, à la tête de l'unité additifs alimentaires de l'EFSA, au réseau environnement santé qui lui demandait de prouver le caractère scientifique des études initiales ayant autorisé la mise sur le marché de l'aspartame : « L'EFSA ne dispose pas du dossier de demande d'autorisation de l'aspartame qui devait contenir ces études. Par ailleurs, les contacts que nous avons eus avec nos collègues de la Commission européenne semblent indiquer que la Commission ne dispose plus de ce dossier ». Ainsi, la question de l'existence des dossiers scientifiques ayant autorisé l'aspartame est désormais posée, de même que celle de l'indépendance des experts. En 2011, en France, des élus et ONG demandent à l'Europe d'invalider la dose journalière pour ce produit.
En septembre 2011, l'EFSA a mis en place un groupe de travail pour évaluer l'éventuel lien entre l'aspartame et les naissances prématurées. Les conclusions des scientifiques devraient être rendues fin 2012. L’examen de cet édulcorant est programmé dans le cadre de la réévaluation systématique de tous les additifs alimentaires ayant été autorisés dans l’Union européenne avant le 20 janvier 2009, examen prévu par le Règlement (UE) n° 257/2010.
Dans ce contexte, l’EFSA a lancé un appel à contribution pour recevoir toutes les études, documents nécessaires à l’évaluation de l’aspartame. L’agence a reçu plus de 600 études, publiées et non publiées, que les experts vont analyser en détail (sic !)

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