Le Lot en Action, par Bluboux (source : dossier de presse de l'UNAF), mis en ligne le 2 décembre 2014
Pire que les années 2012 et 2013 déjà extrêmement difficiles pour les apiculteurs français, la production nationale est cette année la plus faible de notre histoire. Aux intoxications récurrentes qui déciment le cheptel, viennent se surajouter cette année des conditions météorologiques catastrophiques pour les abeilles et l’activité apicole, d’autant qu’elles ont persisté tout au long du printemps et de l’été.
Nombre d’Apiculteurs
1995 : 85 000 apiculteurs
2005 : moins de 70 000 apiculteurs (statistiques Ministère de l’Agriculture et enquête Gem)
2014 : plus de 70 000 apiculteurs à nouveau, en rai son de l’engouement pour l’apiculture et de la suractivité des ruchers écoles
Nombre de ruches
1995 : 1 350 000 ruches
2011 : 1 250 000 ruches
2014 : entre 1 250 000 et 1 300 000 ruches
Production nationale
En 1995 : environ 32 000 tonnes / 33 000 tonnes
En 2011 : environ 20 000 tonnes
En 2013 : près de 15 000 tonnes
En 2014 : environ 10 000 tonnes
Importation
En 1995 : entre 6 000 et 7 000 tonnes
En 2010 : 25 000 tonnes (statistiques officielles des douanes)
En 2011 : environ 24 000 tonnes
En 2013 : supérieur à 26 000 tonnes
En 2014 : Environ 30 000 tonnes
Mortalité des colonies, selon les régions entre 50 et 80% !
Elles sont nombreuses, complexes dans leurs interactions et font l'objet d'études scientifiques aux quatre coins du monde. Si l'affaiblissement des espèces dû à une sélection trop marquée durant des générations a un impact certainement non négligeable, si le frelon asiatique (Vespa velituna) cause de sérieux dégâts, si l'affaiblissement de la biodiversité entre également en ligne de compte, si la présence de micro-plastiques dans le pollen est constatée, c'est bien l'utilisation des pesticides qui est la première cause de l'effondrement des populations d'abeilles.
Insecticides systémiques
En 1995, les insecticides néonicotinoïdes font leur apparition en France. Depuis lors, environ 300 000 ruches périssent chaque année et doivent être reconstituées. Les mortalités passent de 5 à 30%. Les rendements de miel par ruche sont significativement réduits divisant la production de miel française par deux en 20 ans.
Dès le départ, les producteurs de ces nouveaux insecticides ont nié leurs effets sur les abeilles : « les abeilles n’accèdent pas à la molécule », « la rémanence est bien maitrisée », « les doses sont inoffensives »...
Mais face à ces discours, de plus en plus d’études ont progressivement confirmé les observations des apiculteurs : l’imidaclopride se retrouve bien dans les pollens et le nectar à des doses certes infinitésimales mais toxiques pour les abeilles. En outre, très rémanente, elle persiste plusieurs années dans le sol... Dès 2003 et 2004, un Comité Scientifique et Technique, composé d’experts créé par le gouvernement français concluait que l’imidaclopride comme le fipronil posaient des « risques préoccupants pour les abeilles », « conformes aux observations des apiculteurs ». il faut pourtant attendre dix ans pour que ces résultats soientt confirmés par l’EFSA.
Interdiction de trois substances néonicotinoïdes : un premier pas important mais insuffisant
La Commission européenne a enfin retiré quatre molécules insecticides reconnues dangereuses pour les abeilles. En avril 2013, les Etats membres de l’Union européenne ont décidé le retrait du marché de trois molécules néonicotinoïdes : l’imidaclopride, la clothianidine et le thiaméthoxam (substances actives à la base des préparations : Gaucho, Cruiser, Poncho, Cheyenne, etc.).
En juillet, dix ans après son interdiction française, c’est le fipronil qui a été en partie interdit en Union Européenne pour ces usages agricoles
La Commission européenne a ainsi partiellement suspendu pour deux ans l’utilisation en enrobage de semences, en traitement de sol et en pu lvérisation de ces trois pesticides, responsables de la mort de milliers de colonies d’abeilles. L’interdiction est entrée en vigueur le 1er décembre 2013.
Ces décisions constituent donc un premier pas important mais il n’est malheureusement pas suffisant, car ni les céréales à paille semées en hiver, ni les betteraves, ni les traitements en forêts ne sont concernés par cette interdiction.
Par ailleurs, leur interdiction ne couvre que les usages précédents la floraison. Ces produits présentent pourtant une très grande persistance dans le sol, les rendant ainsi capables de contaminer les cultures suivantes ou les plantes adventices. En France, c’est un tiers des céréales à paille qui est traité avec les néonicotinoïdes, alors que ces mêmes cultures sont utilisées en rotation avec du tournesol, très attractif pour les abeilles !
Enfin d'autres substances très dangereuses pour les abeilles restent sur le marché, telles le thiaclopride ou l’acétamipride toutes deux de la famille des néonicotinoïdes.
A la suite de nombreuses publications scientifiques et de demandes de la part des apiculteurs et des parlementaires européens, la Commission européenne a saisi l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) en décembre 2010, afin qu’elle reconsidère l’évaluation des risques des pesticides systémiques pour les abeilles.
Le 23 mai 2012, l’AESA a publié un avis scientifique, d’une importance majeure, sur la manière dont les pesticides devraient être évalués quant à leur impact sur les abeilles. Cette analyse approfondie admet que les pesticides systémiques, accusés des mortalités accrues d’abeilles à une grande échelle, n’ont jamais été correctement évalués et en conséquence, n’ont jamais été correctement autorisés.
Pour enrayer l’hécatombe des pollinisateurs, la Commission et les Etats membres doivent adopter les nouvelles lignes directrices proposées par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA).
A l’occasion d’un point presse sur les avancées du plan de développement durable de l’apiculture, Stéphane Le Foll a annoncé le 28 avril 2014 que les pesticides bénéficiant de la « mention abeille » ne pourront être épandus qu’après le coucher du soleil. Une bonne nouvelle pour l’Union Nationale de l’Apiculture Française, intervenue au prix d’une mobilisation importante des apiculteurs. Mais de courte durée, puisque en novembre, les représentants du ministère de l’Agriculture annonçaient un assouplissement de cette mention abeille indiquant que l'objectif de cette révision était désormais de « ne pas traiter le matin de bonne heure quand les abeilles sont présentes en masse dans les champs », soit des traitements dans des plages horaires interdites selon la formulation actuellement en vigueur. Une étude Arvalis, concluant que les abeilles seraient présentes sur les cultures essentiellement le matin, aurait justifié une telle révision.
N'oublions pas qu'en France la politique agricole se décide aux sièges sociaux de Sofiprotéol et de la FNSEA et non pas au ministère de l'agriculture... Stéphane Le Foll étant clairement relégué au rôle de directeur de cabinet de Xavier Beulin...
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