Source : Reporterre, par Grégoire Souchay, mis en ligne le 16 octobre 2014
Depuis début septembre, Christian Conrad, Roland Fourcard et Gilles Olivet sont en grève de la faim pour demander l’ouverture d’un débat public sur le projet de barrage de Sivens. Reporterre est allé à leur rencontre et nous reproduisons ci-dessous quelques extraits de ce reportage, à lire dans son intégralité sur le site.
« Je suis désolé, je suis un peu énervé là. » Christian Conrad a pourtant toujours l’air assez serein alors que nous le retrouvons chez lui, dans le village de Lisle-sur-Tarn, à quelques kilomètres seulement de là où se trouvait il y a encore un mois la zone humide du Testet. « C’est l’imprimante qui ne fonctionne pas alors qu’on aurait besoin d’imprimer une lettre ouverte à Ségolène Royal pour lui demander de bouger ».
Ils n’arrêtent pas. Alors que les militants de la ZAD comme du collectif Testet commencent à craindre pour leur santé, les grévistes de la faim sont présents, ici avec les lycéens, là devant le centre des impôts d’Albi. S’ils appartiennent tous les trois au collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, chacun a un profil différent.
Christian Conrad est naturaliste, de l’association APIFERA et militant de longue date. « Dès le mois de février dernier, on avait envisagé l’utilisation de ce mode d’action avec Ben Lefetey, le porte-parole, en dernière extrémité. Les autres membres nous trouvaient fous à l’époque ». Mais l’avancée inexorable du chantier à partir de début septembre les amène à reconsidérer cette éventualité.
- Christian Conrad -
"Nous appartenons à la Terre"
Alors que les travaux menacent de débuter, on apprend par communiqué que « Christian Pince (63 ans), Marc Pourreyon (57 ans), Roland Fourcard (52 ans) et Ben Lefetey (44 ans) entament le 27 août une grève de la faim. Les rejoignent ensuite Eric Pétetin (dit Pétof, 61 ans) le 1er septembre, Gilles Olivet (60 ans) et Christian Conrad (67 ans) le 2 septembre. Nanie (64 ans) a commencé le 8 septembre. »
Si cet engagement paraissait évident pour Christian Conrad et Ben Lefetey, c’est avec surprise qu’ils se sont vus rejoindre par d’autres, jusqu’ici moins engagés dans la lutte. Ainsi, Roland Fourcard habite Graulhet et travaille actuellement comme assistant d’éducation en lycée agricole.
« Devant la destruction de la forêt et le refus d’entendre raison des promoteurs, nous avons décidé d’attirer l’attention du public et des médias. Ça peut paraître un peu extrême mais comment faire autrement quand les lois sont déniées et la démocratie bafouée ? »
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Objectif : un débat public
Le plus étonnant est que cette grève de la faim ne revendique même pas l’arrêt immédiat du projet ou son retrait mais simplement un débat public. « On n’a eu aucune réponse en la matière de la part du président du Conseil Général, Thierry Carcenac. »
Ce dernier a écrit le 6 octobre dernier aux grévistes pour déplorer les méthodes employées par certains opposants qui n’hésitent pas à porter gravement atteinte à leur santé pour faire prévaloir leur point de vue sur cette retenue d’eau et ajoute : « Si votre objectif avec un débat contradictoire est d’arriver à la remise en cause de ce projet, de ses caractéristiques et de fait à son abandon, il me semble aujourd’hui obsolète et hors de propos ».
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Après respectivement cinquante jours pour Roland et quarante-quatre jours pour Christian et Gilles, l’action est aujourd’hui en passe de se terminer. « Jusqu’ici ça allait mais là on commence à vraiment sentir la fatigue », souffle Roland. Après s’être réunis ce samedi pour discuter de la suite à donner, « pour le moment on continue une ou deux semaines ». La question est désormais « de terminer cette action la tête haute ».
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Reste enfin le grand rassemblement qui se prépare pour le week-end du 25 octobre. « Mais on aimerait arrêter avant » pour des raisons de santé qui deviennent plus sérieuses notamment pour Roland Fourcard, mais surtout, « pour pouvoir profiter de tout ce qu’il y aura à manger ce jour-là, plaisante Christian, et c’est l’anniversaire de Gilles en plus, comment fera-t-il pour manger son gâteau s’il continue la grève de la faim ? »
Source et photos : Grégory Souchay pour Reporterre
Lire aussi : DOSSIER : La bataille pour sauver la zone humide du Testet
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