Le Lot en Action, mis en ligne le 5 mars 2015
Hollande utilise la méthode d'Antonis Samaras, à savoir se servir des milices d'extrême droite. Éclairage de Yannis Youlountas sur ce qui se passe à Sivens, suivi du témoignage d'un couple de paysan, juste à coté de la ZAD, qui souligne l'incroyable complicité des forces de l'ordre.
Photo : Une du journal Al Watan Al Ne (30 janvier dernier) : http://bit.ly/18TfX4d
De juin 2012 à janvier 2015, le premier ministre grec Antonis Samaras avait régulièrement utilisé une méthode déjà connue auparavant, mais devenue avec lui un principe de gouvernement durant 30 mois. Elle consistait essentiellement à se servir des milices d'extrême-droite comme de forces supplétives de police pour :
- fabriquer le chaos ;
- organiser des destructions illégales ;
- répandre la violence et la peur dans les zones alternatives ;
- couper ces zones de leurs soutiens et sympathisants ;
- distiller la confusion dans les mass-médias.
Puis, il ne lui restait plus qu'à se présenter, dans l'opinion publique, comme le seul rempart contre ce chaos et à justifier la destruction finale par étapes de tout ce qui pouvait le déranger.
Cette méthode était également utilisée durant des manifestations délicates, comme le prouvent de nombreuses vidéos montrant des militants d'Aube dorée invités à combattre les insurgés sous le regard bienveillant de la police grecque, et même, souvent, directement à ses côtés et en suivant ses conseils.
Durant les émeutes de décembre 2014, marquée par la grève de la faim de Nikos Romanos et de nombreuses occupations et manifestations sur tout le territoire, Antonis Samaras a cru une dernière fois pouvoir utiliser cette méthode pour échapper à la montée en puissance de la protestation et reprendre le contrôle de l'opinion publique. Sûr de lui, il a donc annoncé des élections anticipées et s'est présenté encore une fois en rempart de l'ordre soit-disant protecteur contre un chaos qu'il avait lui-même provoqué en interdisant au jeune prisonnier Nikos Romanos de poursuivre ses études au-delà du bac.
La suite de l'histoire, vous la connaissez, conclue par son départ le 26 janvier 2015.
Vu l'aggravation quotidienne de la situation sur la ZAD du Testet et aux alentours, notamment le risque imminent d'une seconde victime quatre mois après la mort de Rémi Fraisse, il est urgent de démasquer la stratégie de François Hollande et de ses collaborateurs, à commencer par Thierry Carcenac.
Il est de notre responsabilité à tous de montrer le vrai visage du pouvoir en France : un pouvoir machiavélique, qui se sert des milices pro-barrages particulièrement destructrices et violentes, sous le regard de forces de police pas ou peu actives sinon pour couper, encore aujourd'hui, l'accès à la ZAD à un convoi de victuailles.
Il est de notre responsabilité à tous de dénoncer cette escalade violente, calculée et dangereuse, qui a pour but de justifier l’évacuation d’une population paisible qui a fait de la ZAD une zone d’utopie écologique et sociale.
Sans quoi nous serons tous responsables d'avoir laissé tuer un autre défenseur de la vie.
Yannis Youlountas - 4 mars 2015
Témoignage de Nadine Lacoste
Voilà bientôt 48 heures que nous sommes séquestrés par quelques dizaines de pro-barrages anti-zadistes.
Mon fils Clément âgé de 14 ans ne peut plus aller à l’école, et quand dans la journée en ayant assez d’être enfermé il sort faire du vélo dans la cour, il rentre en pleur car les pro-barrages depuis la route lui lance des insultes à l’égard de ses parents.
Je ne peux aller travailler au risque de voir ma voiture avec moi dedans retourné sur le toit comme les pro-barrages me l’ont promis. Je passe ma journée enfermé car si je me montre dehors ce n’est qu’insulte et menace crié depuis la route toute proche.
Pour mon mari le travail sur l’exploitation est tout bonnement impossible. Inutile de sortir son tracteur pour se rendre dans les champs car il faudrait à chaque fois une vingtaine de gendarmes en cordon de sécurité pour éviter tout affrontement avec les pro-barrages.
Mon beau-père cardiaque, ma belle-mère souffrant d’hypertension ont l’habitude comme préconisé par le corps médical de marcher tous les jours une bonne demi-heure. Depuis Lundi impossible pour eux aussi d’aller sur la route effectuer cette activité quotidienne.
Photo : protection rapprochée au fond de notre chemin
Lundi pour récupérer notre fils à la descente du bus scolaire sur la Départementale 999 mon époux et moi avons pris notre voiture et nous nous sommes présentés devant les forces de l’ordre. Celles-ci après s’être renseigné sur nos intentions sont allées négocier auprès des pro-barrages qui tiennent les barricades notre passage. Un gendarme est alors revenu vers nous en nous expliquant que même en créant une bulle de protection autour de notre véhicule le passage au milieu de ces gens sur excités allez être très difficile et qu’ils ne pouvaient pas garantir notre sécurité. Pire il nous annonçait que notre retour à la maison avec notre fils dans la voiture serait encore plus compliqué. Nous avons donc, afin d’éviter des moments pénibles à notre fils et d’embraser une situation déjà très tendue, décider de faire raccompagner chez nous notre fils par une amie infirmière en espérant comme nous l’ont assuré les gendarmes qu’elle pourrait passer sans encombre.(voir JT 20 heure de France 2 lundi 02 mars)
Le Directeur du collège à qui nous avons expliqué hier matin les raisons de l’absence de notre fils a signalé à la Gendarmerie de Lisle sur Tarn cette aberration dans un état de droit. Contacté en fin de matinée par un gendarme de la brigade pour essayer de trouver une solution, nous sommes actuellement sans aucune nouvelle et ne savons pas quand notre fils pourra revenir en classe.
Que penser quand on voit depuis chez nous Monsieur M. passer plusieurs fois par jours au travers du blocus des pro-barrages, du dispositif de sécurité des gendarmes mobiles et poursuivre comme par miracle sans aucune escorte au travers des barricades des « zadistes » son chemin jusqu’à la maison de sa mère afin de récupérer des meubles. (si nous parlons de miracle c’est que lui et les pro-barrages font le blocus de sivens afin de dénoncer une situation intolérable qui les empêcheraient de circuler librement afin d’aller sur leurs propriétés).
Toujours depuis chez nous, à la télévision, un de nos seuls liens avec l’extérieur (comme en prison) nous voyons stupéfait au JT de 20H sur France 2 un voisin pro-barrage vociféré que puisque il ne peut aller sur ses terres il nous interdit de sortir de chez nous. Peut-il décider comme les seigneurs du Moyen-Âge de la libre circulation des personnes.
Aujourd’hui des amis qui voulait nous rendre visite ont été refoulés par les forces de l’ordre.
Le Lot en Action, 24 avenue Louis Mazet, 46 500 Gramat. Tél.: 05 65 34 47 16 / [email protected]