Le Lot en Action mag n°42. 27 octobre 2011 par Bluboux
Mais que se passe t-il à Sauzet ? Nous avons reçu plusieurs appels téléphoniques et des courriers de citoyens du village, qui se plaignent de subir des pressions, voire des menaces de la part des partisans de la prison, c'est-à-dire de proches des élus qui sont, il faut bien le constater, un tantinet isolés et ridiculement minoritaires dans cette affaire.
Devant les menaces, les prises à partie en public et les coups de gueule, c’est une véritable chape de plomb qui pèse sur le village et plusieurs opposants à la prison ont peur... En quelques mois, la quiète petite commune du plateau est en passe de devenir le symbole de la discorde. C’est la conséquence directe de la décision des élus, qui de façon totalitaire, ont tenté d’imposer l’établissement pénitentiaire. En passant sous silence le projet dans un premier temps (rappelons que les habitants ont appris l’existence de ce projet par la presse), puis en refusant tout débat public sur le sujet, allant même jusqu’à opposer une fin de non recevoir aux citoyens, sous une forme magnifique : « Vous nous avez élus, nous sommes là pour prendre des décisions ».
Des pressions seraient également exercées sur les médias locaux, puisque La Dépêche et les quotidiens lotois auraient reçu comme consigne de « lever la plume » sur ce qui se passe à Sauzet … Force est de constater que la Dépêche n’a pas écrit une ligne, ni sur le climat délétère qui règne dans le village, ni sur les actions entreprises par le collectif citoyen qui se bat pour dénoncer le projet de la prison « Monique Saillens » (maire du village), depuis le 1er octobre. Il faut dire que la veille, le collectif Sauzet Evasion avait trompé la vigilance de Miquel, Vayssouze et Saillens et forcé le barrage qui tentait de les éloigner de François Hollande, en visite à Cahors. Il était difficile de passer un tel évènement sous silence, puisque l’information avait alors largement dépassé les frontières de notre département. Mais à part ce « fait divers », il faut remonter au 12 septembre pour lire un article dans notre quotidien local adoré. Résultat des courses, les seules informations qui sont publiées sur cette lutte citoyenne légitime sont dans le seul média libre et indépendant : votre journal !
La situation se crispe donc dans le village, et probablement que la solution passe par l’organisation d’une votation citoyenne, un référendum local. Il est fort probable que la municipalité refusera cette proposition, mais les Sauzetois peuvent très bien se passer de son avis ! Reste à organiser une vraie campagne d’information et à créer les conditions pour que le débat public ait lieu.
Par Tic, Tac et Toc
Prison « Monique Saillens » ! Mme Saillens voit rouge, elle voudrait même porter plainte paraît-il !
Est-ce donc si offensant de donner son nom à une prison ? Est-ce une insulte ou une honte ?
C'est justement de cela que nous voulons parler dans notre 2ème article et Mme le maire devance nos explications par sa réaction même.
Citons le sociologue Philippe Combessie dans son étude « Prisons des villes et des campagnes » :
« Une école peut s’appeler Victor Hugo, un hôpital Ambroise Paré, un stade Roland Garros... une prison, trop lourde sans doute de problèmes humains et sociaux, semble ne pas pouvoir porter d’autre nom que celui du lieu où elle se trouve. Or son poids social est tel que la seule désignation du lieu risque d’évoquer aussitôt la prison qu’il renferme. Quand on pense à l’importance symbolique du nom dans l’univers social, on ne s’étonne pas d’observer la panoplie déployée par les administrations et les populations pour proposer, repousser, modifier ou revendiquer telle ou telle dénomination. »
Par sa colère, Mme Saliens nous prouve qu'être associée à une prison est stigmatisant. Elle n'en veut pas pour elle-même, mais elle en veut bien pour son village. Les maires passent les prisons restent ! Pourtant si cette prison était un tel bienfait pour Sauzet, elle le revendiquerait : « C’est grâce à moi, qu'on lui donne mon nom ! »
Alors quel nom pour la prison de Sauzet ? Prison « Gérard Miquel » ? Je suis sure qu'il ne veut pas non plus de cette reconnaissance…
Citons encore Philippe Combessie : « À Joux-la-Ville le maire avait émis deux souhaits : que le mot détention n’apparaisse pas ou qu’il soit alors lié à réinsertion sous la formule double détention-réinsertion ; que la prison ne porte pas le nom de la commune. Le premier correspond au désir d’évoquer explicitement les fonctions « humanitaires » légitimantes de la prison dans le double souci des détenus et des populations voisines. Pour le second qui ne protège que la commune, le maire proposait le recours au nom du lieu-dit où la prison est située. »
Réinsertion : on nous a déjà dit ça dès le projet ! Ce n'est pas une prison mais un Etablissement de Réinsertion Active, c'est juste une façon de nous faire croire qu'il s'agit d'une œuvre humanitaire généreuse et non pas d'un lieu d'enfermement.
Les Sauzetois vont devoir assumer ce rapprochement Sauzet-prison, ce n'est plus Sauzet-basket, ça sonne plus triste ! Et ce sera pour longtemps.
Mais peut-être l'appellera t-on la prison « Camp de Guitard », et tant pis pour les voisins, pour ne pas entacher le nom de Sauzet ?
Pour ceux qui voudraient savoir ce qu'une prison implique dans la vie sociale de l'endroit où elle s'implante, je conseille la lecture du livre « Prison des villes et des campagnes », par Philippe Combessie, Sociologue, professeur des universités, Département de sociologie, Université de Paris X - Nanterre
Edition : Les classiques des sciences sociales. ISBN : 2708232363. 22 €
1. 13/11/2011
C'est quoi cette peur. J'habite une ville où la prison était dans le centre. Faute de place elle a été transférée en périphérie. Il faut savoir que les murs sont assez hauts, il y a des filets de sécurité et des miradors. De plus elle est située à quelques pas de l'hôpital. Alors si vous avez peur des populations carcérales, dormez tranquilles.