Le Lot en Action n°47. 27 janvier par Bluboux. Mis en ligne le 6 février
Nous publions ci-dessous le mini-dossier publié dans le n°47. Nous revenons sur ce sujet dans le n°48, avec notamment les propositions concrètes qui ont été faites au Grand Cahors ainsi qu'au Conseil Général, que ce soit par Quercy Energie, des élus ou des citoyens.
Par Stéphane Lefebvre
Dans les débats concernant l'avenir de la ligne ferroviaire Cahors Capdenac, un facteur essentiel semble avoir été oublié : L'aménagement du territoire.
En effet, si l'on réduit la question de cet axe de communication à sa vocation touristique, on ne prend pas la mesure de son rôle économique et social. Ceci a pour conséquence de ne pas voir l'absurdité du remplacement d'une voie de communication à vocation régionale en piste cyclable et de rendre presque « normal » ce transfert aux yeux des populations.
La problématique dans laquelle doit s'inscrire le débat sur l'avenir de la ligne Cahors-Capdenac est : Quel réseau de transport voulons-nous pour structurer la région Midi-Pyrénées ?
En préambule, il faut rappeler que la région Midi-Pyrénées est la région la plus déséquilibrée de France avec une métropole, Toulouse, dix fois plus peuplée que la seconde agglomération régionale. De plus, cet écart ne cesse de grandir. Donc la question en débat concernant les réseaux de transport est de savoir si nous voulons :
- Une région dans laquelle tout le réseau de transport est centré sur Toulouse (réseau en étoile) ce qui a pour conséquence un renforcement de la pompe aspirante toulousaine et la désertification, voire la vassalisation des autres territoires à la capitale régionale. La France, à une autre échelle, est un exemple typique de ce type de réseau avec Paris en son centre.
- Ou une région plus équilibrée, dotée d’ un réseau de transport en « maille » avec la possibilité de rejoindre d'autres parties de la région sans devoir transiter par Toulouse, ce qui permet de multiplier et de diversifier les échanges. Les territoires allemands ou néerlandais correspondent plutôt à ces modèles.
La ligne Cahors Capdenac s'inscrit dans ce choix. En la gardant active on garde la possibilité de développer un arc de transports collectifs permettant de relier les villes du Nord de la région entre elles, Cahors-Figeac-Decazeville-Rodez-Millau et au delà vers la cote méditerranéenne ou Clermont-Ferrand. On offre à Cahors des possibilités d'échanges avec d'autres territoires régionaux que Toulouse. Qui plus est, Cahors serait reliée à la « mecanic-vallée » qui va de Tulle à Rodez et son réseau de PME orientées vers la construction mécanique.
Dans un contexte de volonté nationale et internationale de réduction du trafic routier (fret et voyageur) la suppression de cette ligne condamne la région de Cahors à se rendre définitivement dépendante de Toulouse (ou Paris) seule ville de la région (avec Montauban) accessible en transport en commun relativement performant.
A titre d'exemple, Il est très difficile, à l'heure actuelle, de se rendre en transport en commun à Cahors à partir de Figeac ou Rodez.
La ville de Cahors, semble t-il, souhaite développer une offre d'enseignement supérieur. La municipalité doit donc se poser la question de savoir d'où viendront les étudiants et comment ? Sans offre de transport en commun efficace entre Cahors et l'Est du Lot et l'Aveyron les étudiants de ces territoires continueront à étudier à Toulouse pour, au final y rester. C'est un exemple de « vassalisation » à la région toulousaine qui empêche, au final toute autonomie du territoire.
Le schéma et les arguments qui consistent à fermer la ligne sont des arguments du passé à une époque où la route était reine et où la centralisation (vers Toulouse en l’occurrence) était le maitre mot de l'aménagement du territoire. Or cette époque est terminée, d'une part, l'augmentation actuelle et future du coût de l'énergie va réduire, de fait, le transport routier et, d'autre part, la centralisation du territoire sur Toulouse commence à trouver ses limites (saturation des infrastructures de l’agglomération).
En conséquence, la fermeture de cette ligne, pour en faire une « voie verte » à la rentabilité et à l’intérêt limité pour la région de Cahors est un anachronisme.
Cette ligne peut même être un facteur d'innovation, en effet, pourquoi ne pas étudier la possibilité de faire circuler des trains au biogaz fourni par des centrales de cogénération. Un tel train circule en Suède. Cette ligne pourrait donc participer un renouveau de l'économie du Lot au service de ses citoyens.
Par Bluboux
Le gouvernement a lancé en septembre 2011 « un vaste débat national » sur le système ferroviaire français. Comme à chaque réforme entreprise par Sarkozy et son équipe depuis le début de son mandat, ces « vastes débats » ne le sont que dans leur présentation et leur annonce, puisque à chaque fois confidentiels et souvent en écartant les élus et les citoyens de ces réflexions… Le véritable but de ces assises est la privatisation du transport voyageur dès 2014. En réaction la fédération CGT des cheminots organise les Etats Généraux du service public ferroviaire dans le Lot.
L’intention semblait pourtant louable. Sur le site officiel du gouvernement (developpement-durable.gouv.fr), les assises du ferroviaire étaient annoncées de la façon suivante : « Symbole de performance industrielle, de succès commerciaux et d’innovation technologique, le système ferroviaire français est une vitrine pour notre pays. Pourtant, ce secteur est aujourd’hui confronté à des enjeux de taille : ouverture à la concurrence du transport de voyageurs sous l’impulsion des politiques européennes, stagnation voire dégradation des parts de marchés de certains services de transport, besoin de modernisation du réseau pour absorber l’augmentation du trafic et améliorer la qualité de services pour le voyageur… Face à ces défis, le secteur ferroviaire doit trouver un nouveau souffle pour continuer à créer de nouveaux emplois en France et accélérer la conquête de nouveaux marchés ». Ces assises ont débuté en septembre 2011et devaient réunir l’ensemble des acteurs du secteur (industriels, syndicats, voyageurs, élus, entreprises). Durant toutes les séances de travail, les élus et les associations ont été exclus des débats, laissant donc industriels et membres du gouvernement décider entre eux de l’avenir du service public ferroviaire français. Les conclusions, rendues publiques à la veille des vacances de noël, le 15 décembre dernier, peuvent être résumées ainsi :
- ouverture à la concurrence du transport voyageur dès 2014
- fermeture de 9 000 km de lignes jugées non rentables (sur les 32 000 km du réseau)
- éclatement de l’établissement public de la SNCF
Le carnet de route prévoit également de légiférer, avant le 22 février 2012, pour rendre le bébé « SNCF » plus présentable, donc plus rentable, ce qui veut dire en abaissant de façon drastique les conditions sociales au sein de l’entreprise publique historique, créée en 1937. Dès lors le programme est annoncé : nous allons assister au démantèlement de ce service public, avec les mêmes méthodes qui ont été employées pour France Télécom et EDF… Il serait intéressant que François Hollande, par exemple et au hasard, se positionne publiquement sur cette question !
En tous cas, la CGT Cheminots a décidé de ne pas attendre la position des barons de la politique et organise, depuis le 14 janvier, une tournée lotoise de réunions publiques sur le sujet, estimant que de telles décisions politiques doivent faire l’objet d’un large débat citoyens. La première a eu lieu à Biars-Bretenoux, le 14 janvier et l’absence de Don Miquel, des Sénateurs et des Conseillers généraux a été remarquée et appréciée. De nombreux maires se sont déplacés pour cette réunion. Jean Launay y était aussi (il faut bien le dire après le tir que nous lui mettons dans l’article sur le gaz de schiste…) mais il faut aussi ajouter que cette première réunion était chez lui, puisqu’en plus d’être député, il est également maire de Bretenoux. Ceci expliquant peut-être ce subit intérêt pour la chose publique lotoise.
Les prochaines réunions de ces états généraux auront lieu :
Le 26 janvier à Cahors, 20h00, bourse du Travail
Le 2 février à Cajarc, 18h, salle des associations
Le 9 février à Capdenac-Gare, 18h, salle Atmosphère
Quelques axes de discussions dans ces réunions publiques :
- transports et développement durable : quelles politiques à mettre en œuvre tant pour les voyageurs que pour le Fret ?
- quel service public ferroviaire : quels atouts, quels handicaps ?
- quelles infrastructures et avec quels financements ?
- Quelles offres et quelles demandes de transport sur le local, le régional, le national ?
- le cadencement : pourquoi faire et comment ?
Au moment où le Conseil Général et le Grand Cahors s’apprêtent à sacrifier la ligne Cahors-Capdenac en ayant soin d’éviter tout débat public, nous vous invitons à vous rendre massivement à ces états généraux avec papier, crayon, de façon à pouvoir saisir nos deux députés (campagne législative) et tous nos élus sur la vision que nous, les citoyens, avons de la gestion du territoire.
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