Liberté de la presse : les médiathèques lotoises boycottent le Lot en Action

Le Lot en Action n°44. 25 novembre 2011 par Bluboux

liberte-de-la-presse-lot-en-action-1.pngNous entamons notre troisième année de présence dans le paysage médiatique lotois et avons publié 44 numéros. Devant l’ostracisme dont nous sommes victimes auprès des institutionnels, il nous a semblé important d’en informer nos lecteurs. Une seule bibliothèque lotoise est abonnée au Lot en Action, celle de Limogne, dont nous remercions ici la courageuse bibliothécaire. Nous avons pourtant envoyé un exemplaire du journal, avec une proposition d’abonnement, à toutes les bibliothèques et médiathèques du département. Aucune réponse. Un des membres de l’équipe s’est rendu à la médiathèque de Cahors et a demandé s’ils avaient le journal. L’employée a répondu que non, mais incapable de donner une réponse qui justifie l’absence d’un journal d’information local dans un si auguste établissement, défenseur de la culture au sens large, elle s’est empressée d’aller questionner sa direction. Revenue quelques minutes après, embarrassée, elle a tenté d’expliquer que ce journal n’avait pas été retenu parce qu’il n’est pas assez neutre !

Il serait intéressant que le directeur de la Médiathèque de Cahors nous explique ce qu’il entend par la « neutralité d’un journal » !

La semaine dernière, je suis allé en personne à la médiathèque de Gramat pour leur proposer de leur fournir le journal, même gratuitement si leur budget ne leur permettait pas de payer un abonnement. La rédaction du journal étant à Gramat, il nous a semblé important d’effectuer cette démarche. Les deux employées présentes ont pris l’exemplaire avec intérêt et nous ont promis de nous contacter rapidement. Elles ont tenu leur parole, puisque je recevais un mail deux jours plus tard, nous précisant qu’elles ne pouvaient accepter notre sympathique proposition et qu’il fallait que nous prenions un RV, au préalable, avec Monsieur le maire en personne…

Je ne peux citer ici le nom des bibliothécaires du Lot qui m’ont dit être scandalisés par l’intervention d’un élu pour empêcher tout abonnement au Lot en Action.

liberte-de-la-presse-lot-en-action-2.jpgLe Conseil Général possède un service de presse, qui permet à tous les conseillers généraux d’obtenir, gratuitement (entendez que nous payons avec nos impôts), tous les abonnements qu’ils souhaitent durant leur mandat. Le Lot en Action n’y est toujours pas inscrit, malgré les promesses du Directeur de la communication, Monsieur Jean-Louis Barrère. Tous ces élus, de gauche, sont les premiers à dénoncer le musèlement de la presse en général, magistralement orchestré par Sarkozy. Malheureusement à aucun moment leurs connexions neuronales n’arrivent à être efficaces quand il s’agit de mettre leurs actes en conformité avec leur discours en ce qui concerne le LEA (à deux exceptions notables près, puisque les mairies de Figeac et de Souillac sont abonnées).

Nous vous invitons, amis lecteurs, à vous rapprocher de vos bibliothécaires, de vos élus, et à leur poser la question de ce que représente pour eux l’importance de défendre d’indépendance de la presse. Une fois qu’ils vous auront, probablement avec emphase, expliqué le pourquoi du comment, demandez leur pourquoi ils ne sont pas abonnés au Lot en Action, le seul journal indépendant et citoyen du département ! Faites-nous, si possible, un retour de cette expérience par mail ou courrier adressé à la rédaction.

Pour étayer le débat, nous publions ci-dessous un texte signé d’Ignacio Ramonet, du Monde Diplomatique (encore un journal pas assez neutre), datant de 2003.

 

Les médias : un enjeu pour la démocratie

Contre les abus des pouvoirs, la presse et les médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens. En effet, les trois pouvoirs traditionnels - législatif, exécutif et judiciaire - peuvent faillir, se méprendre et commettre des erreurs. Beaucoup plus fréquemment, bien sûr, dans les États autoritaires et dictatoriaux, où le pouvoir politique demeure le responsable central de toutes les violations des droits humains et de toutes les censures contre les libertés.

Mais, dans les pays démocratiques aussi, de graves abus peuvent être commis, bien que les lois soient votées démocratiquement, que les gouvernements résultent du suffrage universel, et que la Justice (en théorie) soit indépendante de l’exécutif. Par exemple, il arrive que celle-ci condamne un innocent (comment oublier l’affaire Dreyfus en France ? ), que le Parlement vote des lois discriminatoires à l’égard de certaines catégories de la population (ce fut le cas aux États Unis, durant plus d’un siècle, à l’encontre des Afro-Américains) que les gouvernements conduisent des politiques dont les conséquences se révéleront funestes pour tout un secteur de la société (c’est le cas à l’heure actuelle, dans de nombreux pays européens, à l’encontre des immigrés « sans papiers »).

Dans un tel contexte démocratique, les journalistes et les médias ont souvent considéré comme un devoir majeur de dénoncer ces violations des droits. Ils l’ont parfois payé très cher : attentats, disparitions, assassinats comme on le constate encore en Colombie, au Guatemala, en Turquie, au Pakistan, aux Philippines et ailleurs. C’est pour cette raison que l’on a longtemps parlé du « quatrième pouvoir». Ce « quatrième pouvoir» était en définitive, grâce au sens civique des médias et au courage de journalistes audacieux, celui dont disposaient les citoyens pour critiquer, repousser, contrecarrer démocratiquement, des décisions illégales pouvant être iniques, injustes, et même criminelles contre des personnes innocentes. C’était, on l’a souvent dit, la voix des sans voix.

Commentaires (2)

1. Marie 29/01/2012

Le dépôt légal institué en 1537, dorénavant régit par le Code du Patrimoine et le décret d'application de 1993, n'évoque nullement le dépôt d'un certain nombre d'exemplaires à ce qu'on appelle dans le jargon bibliothéconomique des "petites bibliothèques publiques", catégorie dont font partie la majorité des bibliothèques du Lot.
Les dépôts obligatoires pour les périodiques sont :
• 2 ex à la BNF par l’éditeur
• 1 ex au Ministère de l’Intérieur par l’éditeur

Deux dépôts sont également supplémentaires pour les périodiques :

- Le dépôt administratif : à chaque parution par le directeur de publication soit à Paris à la DDM ou en région à la préfecture
- Le dépôt judiciaire : à chaque parution par le directeur de publication soit à Paris au parquet du procureur de la République soit en région au TGI ou à la mairie dans les villes où il n’y a pas de TGI.

2. Anasthase 15/12/2011

Il me semble qu'il y a pourtant une loi qui consiste à déposer un certain nombre d'exemplaires (au moins 1) aux bibliothèques et autres lieux... Mais je me trompe peut-être.

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