Le Lot en Action n°50. 30 mars 2012 par Bluboux, mis en ligne le 16 avril
À l’issue des forums sur l’eau, qui se tenaient à Marseille (forum mondial officiel et alter forum), le magazine Que Choisir publie les résultats d’une vaste enquête sur la qualité de l’eau potable en France. Nous vous engageons vivement à vous rendre sur leur site, qui propose une carte interactive permettant de connaître la qualité de l’eau sur votre commune.
Les résultats de cette enquête sont stupéfiants (1) : près de deux millions de personnes en France reçoivent une eau non conforme aux réglementations car trop polluée, selon l'association, mettant en cause l'agriculture, à l'origine de près de 70% des pollutions.
En dehors de l'agriculture, les autres sources de contamination de l'eau (31% de la pollution de l'eau) sont liées « au défaut de traitement (qualité bactériologique, aluminium) et aux contaminations naturelles (radioactivité) ». Elles touchent 1.500 communes et 500.000 consommateurs ».
« Le cocktail des principaux polluants décelés (pesticides, nitrates, sélénium) met en évidence les graves menaces que la pression agricole fait peser sur la ressource » selon l’étude. Si les départements les plus touchés sont dans les zones où l’agriculture est la plus intensive (le Bassin Parisien, le Nord et la Champagne), le département du Lot n’est pas épargné : si globalement la majorité des communes du Lot fournissent une eau classée « bonne » ou « passable », trois communes apparaissent en « noir », la plus mauvaise note, pour laquelle la consommation de l’eau du robinet est très fortement déconseillée : Laval-de Cère, Comiac et Teyssieu. Les analyses effectuées font apparaitre une forte radioactivité de l’eau (2).
Étonnamment, de nombreuses communes du Ségala sont classées en rouge, c'est-à-dire fournissant une eau de mauvaise qualité (secteur délimité par les communes de Viazac, Cardaillac, Le Bouyssou, Le Bourg, Lacapelle-Marival, Espeyroux, Terrou, Montet-et-Bouxal, Prendeignes). Mais c’est également le cas pour Gramat et Lavergne. Cette mauvaise note est basée sur la présence d’aluminium dans l’eau, à des taux supérieurs aux normes en vigueur. Mais pourquoi retrouve t-on de l’aluminium dans l’eau ? La réponse est simple : on utilise du sulfate d’alumine (alun) pour purifier l’eau du robinet. Or le lien de causalité entre l’ingestion d’aluminium et l’explosion du nombre de citoyens atteints de la maladie d’Alzheimer (100 000 nouveaux cas par an en France) est aujourd’hui scientifiquement démontré. Les normes fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sont fixées, en ce qui concerne l’eau, à 0,2 mg/l (le Canada vient de baisser cette limite à 0,1 mg/l). L’étude menée par Que Choisir s’est donc appuyée sur la limite fixée par l’OMS. Là encore, l’association de consommateurs recommande d’éviter de consommer cette eau…
Alors que prévoit la loi ?
Le code de la santé publique dispose qu’en cas de dépassement des normes de qualité de l’eau potable, le responsable de la distribution de l’eau potable (le président du syndicat de l’eau ou l’entreprise distributrice de l’eau) doit immédiatement informer le maire et les autorités sanitaires (préfet/DDASS), effectuer une enquête sur la cause du problème et rétablir la qualité de l’eau.
C’est le préfet qui évalue les risques sanitaires en fonction de l’importance du dépassement de la norme. Lorsque l’eau présente des risques significatifs pour la santé des personnes, il peut décider de prononcer une restriction de consommation pour les usages alimentaires. Dans ce cas, des recommandations sont diffusées à la population sur les précautions à prendre vis-à-vis des personnes les plus sensibles. Cette information est réalisée par un affichage en mairie des résultats d’analyses du contrôle sanitaire des eaux et par la diffusion avec la facture d’eau, une fois par an, d’une synthèse sur la qualité de l’eau délivrée l’année précédente. Lorsque la qualité de l’eau ne peut pas être rétablie rapidement, la mairie peut être amenée à fournir aux habitants de l’eau potable en bouteilles.
Quelles sont les solutions ?
Pour mettre un terme aux pollutions agricoles, l'UFC-Que Choisir demande « une protection efficace de tous les captages », « une application du principe pollueur-payeur dans le domaine des pollutions agricoles » et que « les aides de la politique agricole commune (PAC) soient réservées aux modes de production s'inspirant des agricultures intégrées et biologiques ».
Rappelons que la très officielle étude sur les « coûts des principales pollutions agricoles de l’eau », publiée en septembre 2011 et dont nous nous sommes déjà fait l’écho, mentionne que la plaisanterie coûte directement aux consommateurs plus d’1,5 milliards par an et à la collectivité (c'est-à-dire payé par nos impôts) près de 56 milliards par an !
Les préconisations avancées par Que Choisir sont effectivement à mettre en application sans attendre. Ajoutons à cela qu’une autre mesure urgente s’impose : faire repasser la gestion et la distribution de l’eau dans le domaine public, c'est-à-dire gérée en régies communales, intercommunales ou départementales. L’eau est un bien commun essentiel à la vie et ne doit pas devenir une marchandise, source de profits pour les multinationales de l’eau (dont le groupe SAUR fait partie) qui ne se soucient que du niveau de leurs profits, même si cela doit être au détriment de la santé publique.
(1) L'association de consommateurs base sa mise en garde sur une enquête qu'elle a menée à partir des résultats d'analyses du ministère de la Santé, commune par commune, sur deux ans. Elle a passé ses résultats au crible de six critères « traduisant les principales contaminations » (qualité bactériologique, teneur en aluminium, radioactivité, pesticide, nitrates et sélénium).
(2) La radioactivité de l’eau est due à la présence, dans certaines régions, d’un sous-sol granitique riche en composés radioactifs naturellement présents dans les roches. Même si les études épidémiologiques menées à ce jour n’ont pas permis d’établir de lien entre l’eau de boisson et les cancers du système digestif ou d’autres organes (sic !), il est cependant recommandé de ne pas la consommer.
Pour consulter les résultats de l’étude et connaître le classement de votre commune : www.quechoisir.org
Extrait de l'édito du n°51, paru le 13 avril :
"Au chapitre des actions citoyennes, il me semble également important de revenir sur les résultats de l’étude concernant la qualité de l’eau, que nous avons publiés dans le dernier numéro. Il est essentiel qu’un débat public s’engage, de concert avec les élus locaux. Pour rappel, de nombreuses communes du Ségala délivrent aux usagers une eau fortement contaminée au radon (Que Choisir conseille fortement de ne pas consommer cette eau) et sur la commune de Gramat, l’eau est également jugée impropre à la consommation en raison de sa forte concentration en sels d’aluminium. Nous sommes évidemment prêts à relayer toutes les informations concernant ce qui devrait constituer une urgence en matière de Santé Publique, mais nous ne pouvons être sur tous les fronts ! Si des citoyens se préoccupent de la situation, merci de nous en informer. Dans l’attente, nous essayerons d’interroger les services de l’état sur cette affaire, de contacter les élus concernés et vous en tiendrons informés, mais nous avons besoin d’aide et de relais sur le terrain."
Le Lot en Action, 24 avenue Louis Mazet, 46 500 Gramat. Tél.: 05 65 34 47 16 / [email protected]