Gaz de schiste, le Lot est en action !

Le Lot en Action mag n°29.  29 février 2010 par Bluboux

Voici le dossier paru dans le n°29 du journal. Dans celui qui sera dans les kiosque dès le jeudi 17 février, retrouvez toute l'actu sur le gaz de schiste, les collectifs, les actions citoyenne et une information exclusive : des forages ont déjà été réalisés dans le département avec des fracturations hydrauliques ! La société 3 Legs Oil &Gaz sait donc parfaitement ce qu'elle va trouver sous notre sol, et tous les forages d'exploration qui seront réalisés seront bien des forages... d'exploitation.

A la suite du dossier sur le gaz de schiste dans notre dernier numéro (si vous n’avez pas tout suivi, reportez-vous à l’encadré « Pour ceux qui ont loupé un épisode »), nous vous annoncions  la création d’un collectif citoyen pour lutter contre ce projet criminel. La première réunion de coordination de ce collectif a eu lieu à Cahors, le vendredi 28 janvier et les choses évoluent maintenant très vite, tant dans notre département (nous avons saisi la préfecture du Lot qui a confirmé nos craintes, voire l’encadré) qu’au niveau national. Le fait que ce gouvernement tente d’imposer, sans aucune concertation préalable, (ne serait-ce qu’avec les élus), l’exploitation du gaz de schiste et des sables bitumineux semble, pour le moins, choquer les élus. La réaction des citoyens, notamment dans le Larzac, est vive, s’organise, les collectifs multiplient les réunions publiques, informent, et l’inquiétude des populations grandit.

La venue de José Bové dans le Larzac a forcé certains médias (Le Monde, Politis) à briser l’Omerta sur ce sujet et l’on commence à entendre quelques observations, encore timidement relayée, de responsables de partis politiques.

Le gouvernement, qui ne tient pas à mettre en exergue cette affaire, a répondu aux nombreuses demandes de moratoires qui voient le jour (dont celle de Martin Malvy le 28 janvier) par l’intermédiaire de la Secrétaire d’Etat (Développement Durable) Nathalie Kosciusko-Morizet : « la réglementation en vigueur (code minier et code de l'environnement) n’autorise pas une telle mesure ». Autrement dit : Circulez, il n’y a rien à voir !

 

Enjeux financiers et stratégiques énormes, corruption

Une chose est sure, les enjeux financiers et stratégiques (indépendance énergétique) sont bien trop importants pour que le gouvernement fasse machine arrière facilement. D’autant plus que quand il est question de gros sous, nombreux sont ceux qui s’en mettent plein les poches : Greenpeace publie une information intéressante sur sont site, qui n’est, pour l’instant, toujours pas reprise par les médias : « Parmi les acteurs (NDLR : les compagnies pétrolières) on trouve Vermilion, une entreprise canadienne déjà présente pour l’extraction de pétrole conventionnel dans le Bassin parisien, premier producteur de pétrole en France. On trouve également Toreador Resources Corporation et Hess Oil France. Le vice-président de Toréador n’est autre que Julien Balkany, le demi-frère de Patrick Balkany, député maire de Levallois-Perret. » Et nous n’en sommes qu’au tout début… Quand les journalistes (les vrais !) vont commencer à vraiment s’intéresser aux enjeux et dessous de l’exploitation de ces ressources, les scandales vont se succéder. Comment les hommes et des femmes de ce gouvernement, qui portent la responsabilité d’un mandat confié par le peuple pour gérer les intérêts d’une nation mais également les bien communs, la Santé Publique, l’environnement, peuvent à se point trahir les valeurs dont ils se réclament, au profit d’intérêts privés, voire de leurs propres intérêts ? Comment de telles élites, dans un des pays les plus riche de la planète, peuvent à se point faire mine d’ignorer ce qui se passe outre-Atlantique, œuvrer à une catastrophe environnementale majeure dans leur propre pays et agir contre les intérêts de leurs concitoyens ?

 

Le collectif citoyen lotois

En introduction, je vous parlais de la première réunion du collectif citoyen lotois. L’annonce a été discrète, puisque uniquement relayée par Antenne d’Oc et le Lot en Action, mais l’information a circulé rapidement dans les réseaux. Une bonne cinquantaine de personnes sont venues de tout le département  (militants, acteurs du milieu associatif, élus) pour voir le film Gasland. Je vous conseille vivement de prendre le temps de regarder ce film, avec attention (vous pouvez le voir sur internet, en streaming, sur le site du Lot en Action ou encore celui du Cercle de Gindou). L’exploitation des gaz de schiste, qui se généralise depuis plus de 5 ans aux Etats-Unis et au Canada, provoque des dégâts sans précédent sur l’environnement et la Santé Publique. Malgré les pressions énormes, la propagande gigantesque et la corruption, les associations qui se battent sur le terrain commencent à être entendues et l’Etat de New York, inquiet devant l’ouverture de nouveaux puits en Pensylvanie (au nord-ouest de la ville de New York, région sauvage et protégée, réservoir d’eau qui alimente près de 15 millions d’habitants en eau potable) vient de déclarer un moratoire sur l’exploitation du gaz. Au Canada, l’opinion publique commence à basculer et se déclare également favorable  à un arrêt immédiat du massacre.

Regardez ce film, faites en des copies (le réalisateur a abandonné ses droits et le film est en libre diffusion) et informez vos voisins, vos élus. Vous trouverez un dossier d’information complet sur le site.

Le collectif va organiser une réunion publique d’information à Cahors, le 9 février prochain, à la Bourse du Travail (20h30). D’autres réunions publiques vont avoir lieu et nous vous en tiendrons informés. Une version plus courte du film Gasland (30 à 45mn) est en cours de montage. Des textes qui synthétisent les informations sur ce sujet également, des tracts, un site internet pour centraliser les informations, la documentation, les annonces de réunion, les besoins, etc. Bref le collectif se met en marche. Une réunion de coordination nationale va avoir lieu en février (Drome). Les procédures d’attribution des permis étant plus avancées dans l’Ardèche, les forages d’explorations doivent débuter au mois de mars. Des propositions d’achat de terres auraient déjà été faites auprès de gros propriétaires terriens. Les citoyens sont en alerte et espèrent que la solidarité ne sera pas un vain mot, et que nous saurons, au moment de l’arrivée des premières divisons de foreuse blindées, nous rendre massivement sur les lieux pour prêter mains fortes aux équipes militante. A l’instar du réseau Sortir du Nucléaire, nous devrions être capable de nous mobiliser et de louer des bus.

 

Nous devons tous être acteurs et solidaires si nous souhaitons faire reculer les bandits criminels qui nous gouvernent. Si vous souhaitez avoir des informations complémentaires, participer à cette lutte collective, la soutenir, organiser une réunion d’information sur votre commune, participer à la veille citoyenne etc. Contactez le collectif : 05 65 20 58 03 /  06 09 71 64 03  /  mail : [email protected]

 

 

Un référendum, vite !

Une autre initiative intéressante a été avancée : celle du référendum. La loi permet à un élus, pour une décision qui est dans le domaine de compétence de sa commune ou de son département, d’organiser un référendum. Si plus de 50% des inscrits se déplacent pour voter, le résultat s’impose légalement. Au-delà de l’aspect technique (la Région, le Département ou la Commune doivent ils être consulté pour accorder les permis), la votation sur un sujet qui touche notre environnement et la Santé Publique est légitime. Les élections cantonales approchent à grand pas, et la moitié des Conseiller Généraux vont être renouvelés. C’est le moment idéal pour organiser une votation, légale ou non (référendum officiel ou référendum d’initiative citoyenne). Nous adressons une lettre ouverte aux élus (voir encadré) dans ce journal et la transmettrons à tous les conseillers généraux dans les jours qui viennent.

 

L’aberration de l’exploitation, l’aberration de nos modes de consommation

Si les compagnies pétrolières continuent à exploiter la planète et les ressources fossiles jusqu’au bout du bout et font tout pour maintenir l’économie mondiale sous le joug de la dépendance au pétrole, nous en sommes totalement responsables. En refusant de regarder en face la réalité (le pic pétrolier est derrière nous) et de changer nos modes de consommation énergétique, nous confirmons chaque jour notre adhésion au système et donnons des chèques en blanc aux multinationales de l’énergie (Areva compris puisque la logique est la même pour le nucléaire). Et il y quelque chose de profondément indécent à se battre contre la venue de ces pollueurs criminels dans nos jardins si nous ne sommes pas capables, dans le même temps, de nous positionner clairement en changeant nos comportements. Quelque chose qui relève du « Continuez à polluer et à tuer, mais pas chez moi. Continuez à bousiller l’avenir des générations futures, m’en fout, serai plus là dans 50 ans »…  L’exploitation du gaz de schiste ne doit pas voir le jour dans ni dans le Lot, ni dans le Larzac, ni où que ce soit. Des liens se tissent avec les Canadiens et les associations aux Etats-Unis. Nous devons les renforcer (leur expérience va nous être très utile dans cette lutte) et surtout ne pas s’arrêter à faire plier notre gouvernement. Cette lutte doit viser à faire cesser définitivement ce type d’exploitation sur toute la planète, mais doit être également l’occasion d’imposer un débat mondial sur l’énergie (les plus gros consommateurs étant des pays « riches », majoritairement sous des régimes démocratiques). Réveillons-nous, éveillons nous !

 

Lettre ouvertes aux élus du Lot

Mesdames et Messieurs les élus, Sénateurs, Députés, Conseillers régionaux, Conseillers Généraux, Maires et Conseillers municipaux.

Le 1er mars 2010, le Ministère de l’Ecologie, sous la plume de Jean-Louis Borloo, signait des permis d’exploration de gaz de schiste et de sables bitumineux à plusieurs compagnies pétrolières, portant sur près de 10% du territoire français. Cette décision a été prise sans aucune concertation, ni des élus, ni des populations et dans le silence assourdissant des médias. Le Lot est concerné sur sa presque totalité (zone dite de Cahors, 5 710 km2, permis d’explorer du gaz de schiste).

Si ce type d’exploitation de gisements profonds est très récent (depuis 2005 sur le continent Nord-Américain), les conséquences pour l’environnement et la Santé Publique commencent à faire scandale outre-Atlantique. L’Etat de New-York vient de déclarer un moratoire. Au Canada, l’opinion publique vient de basculer, suite à des incidents majeurs, et se déclare majoritairement pour une cessation immédiate de ce type d’exploitation. De nombreux élus en France, commencent à se saisir du dossier et réclament également le « gel » des autorisations d’explorer et l’instauration d’un débat public (à l’instar du Président de notre Région, Martin Malvy, le 28 janvier).

La loi vous permet de demander un référendum sur vos communes ou sur le département. Le « collectif citoyen NON au gaz de schiste » vous demande d’organiser ce référendum. Les prochaines élections cantonales, en mars,  vont appeler la moitié des électeurs du Lot à venir devant les urnes. C’est une occasion unique, puisqu’il est nécessaire d’agir très rapidement. Les premiers forages d’exploration devant commencer dès le mois de mars dans le Larzac, la société 3Legs Oil & Gas, bénéficiaire du permis d’explorer dans le Lot, ne tardera pas à déployer ses troupes sur notre territoire.

Vous avez également la possibilité de demander, à l’instar de la commune de Villeneuve de Berg, en Ardèche (vous trouverez ci-dessous la délibération prise par le conseil municipal de cette commune le 13 janvier dernier), un moratoire sur le gaz de Schiste,  d’exiger qu’un vaste débat public ait lieu avant toute exploitation du sous-sol français et de prendre des délibérations pour refuser toute exploitation sur notre territoire.

Le collectif reste à votre entière disposition pour vous apporter toutes les informations complémentaires que vous jugerez utiles.

 

Délibération du conseil municipal de Villeneuve de Berg relative au gaz de schiste

Le conseil municipal de Villeneuve de Berg réuni le jeudi 13 janvier 2011 exprime sa plus grande inquiétude à l’évocation du projet de prospection du gaz de schiste sur la commune.

La consultation des élus locaux s’est traduite par des explications techniques générales.

Le dossier présenté et délivré par GDF SUEZ est un dossier à minima évitant soigneusement de répondre aux questions que l’on est en droit de se poser. Car les récentes études sur l’extraction du gaz de Schiste au Etats-Unis et au Canada sont loin de nous rassurer.

Si nous laissions faire les conséquences peuvent pourtant s’avérer lourdes. Ainsi dans l’Ardèche méridionale dont fait partie Villeneuve le tourisme tient une grande place dans l’économie. Il s’en trouverait profondément affecté, de même que la qualité de vie, l’environnement, le patrimoine le développement des produits bio, tout ce qui fait de l’Ardèche un département reconnu par tous comme un département sain.

Quant à la commune de Villeneuve qui semble être en première ligne et rapidement concernée, l’économie locale serait gravement touchée car comme pour l’Ardèche méridionale le tourisme joue un rôle important. N’oublions pas que la vieille bastide royale d’Olivier de Serres et d’Antoine Court est classée station verte de vacances, qu’elle possède un camping 5 étoiles à proximité du lieu protégé, que la magnifique vallée de l’Ibie conduit à la Grotte Chauvet.

Quels sont les inconvénients connus à ce jour ?

- un besoin en eau pour exploiter énorme : chaque puits peut être fracturé entre 15 et 20 fois, chaque fracturation consommant entre 7 et 28 millions de litres d’eau. Où sera pompée cette eau ? Le dispositif Grenelle 1et 2 ne devait-il pas préserver les ressources en eau ?

- 600 produits dont la composition de certains est tenue secrète sont envoyés jusqu’à – 3000 m d’où pollution et danger pour l’écosystème.

- Une noria de camions sur les routes (200 par jour)

- Une pollution visuelle avec les installations au sol.

Tous ces inconvénients et ces incertitudes pour quel bénéfice ? Sans doute ni pour le particulier, ni pour les collectivités mais pour la multinationale groupe SUEZ qui voit le moyen de faire des bénéfices énormes.

Le droit à l’énergie pour toutes et tous est un droit qu’il faut rendre compatible avec les exigences d’un développement durable. D’autres solutions compte tenu de ce contexte existent pour planifier la transition énergétique.

Le conseil municipal de Villeneuve de Berg demande un moratoire sur le gaz de Schiste et exige qu’un vaste débat public ait lieu avant toute exploitation du sous-sol français. En cas de refus il s’opposera par tous les moyens à ce projet pour préserver l’avenir de nos enfants.

Commentaires (3)

1. Laurent G 24/02/2011

Une pétition circule pour s'opposer à cette exploitation scandaleusement dangereuse pour l'humanité. Signez-la et diffusez largement son adresse.
On ne va pas laisser empoisonner notre eau pour enrichir les actionnaires de GDF-SUEZ !

2. nina 16/02/2011

Fracturation hydraulique
mode d'emploi

http://app.owni.fr/gaz/

3. nina 15/02/2011

Nathalie Kosciusko-Morizet SERA A SARLAT LE JEUDI 17 FÉVRIER POUR ACCOMPAGNER LE MAIRE UMP DANS SA CAMPAGNE D’USINES A GAZ DE SCHISTE:

TOUS A SARLAT LE 17 FÉVRIER, MONTRONS LEUR QUE NOUS NE VOULONS PAS DE LEURS VILAINES ET TERRIBLES USINES A GAZ ET PÉTROLE !!!

http://zerogaz.info/#blog

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