Le Lot en Action, par Bluboux, mis en ligne le 4 juin 2014
Des territoires qu'ils avaient annexés, les rois de France ont fait des «provinces». La Révolution inventa les «départements», que de Gaulle garda puis regroupa en «régions de programme» et que Mitterrand transforma en régions tout court : 22 au total.
Hollande les triture, les tripatouilles, les déforme et les agglutine pour en faire 14. Pour notre région, le mariage forcé avec Lanquedoc-Roussilon passe mal. Gérard Onesta, vice-président de Midi-Pyrénées (EELV), n'y va pas de main-morte : « une réforme nécessaire, mais il fallait commencer par parler des compétences et des moyens avant de regarder la géographie. Et au moment de redécouper nos territoires, il fallait prendre en compte trois critères, lesquels n’ont manifestement pas guidé François Hollande : la cohésion socio-économique, l’histoire et la culture, la géographie et l’environnement ». Avant d'ajouter qu'en l'état actuel, la fusion est « une pantalonnade qui ne fera qu’ouvrir d’immenses portes-cochères au conservatisme ».
Jean-Michel Baylet, l'indécrottable cumulard (sénateur, président du Conseil général du Tarn-et-Garonne, président de la com-com des Deux Rives et président du PRG, pdg de La Détresse, etc.), dénonce « une réforme à marche forcée, où l’on fusionne des régions qui n’ont aucune histoire ni tradition en commun, et où l’on signe l’arrêt de mort du département qui constitue pourtant une collectivité territoriale de proximité ».
Christian Bourquin, président de Lanquedoc-Roussilon a quant à lui annoncé qu'il part en croisade contre cette fusion : « Pourquoi casser ce qui marche ? Aujourd’hui l’entité et le dynamisme de notre région est humiliée. N’en arrivons pas là. Je lutterai donc jusqu’au bout et demanderai à la population de le faire avec moi ».
Pour trouver un des rares staisfaits de la réforme Hollande, il faut se tourner vers Martin Malvy, président de Midi-Pyrénées. Mais quand on connait sa « rondeur » dès qu'il s'agit de commenter une décision du gouvernement, on ne peut s'empêcher de souligner, dans son communiqué de presse, la proposition qu'il fait à nos voisins d'Aquitaine : « j’entends certains présidents de Conseils généraux de plusieurs Régions manifester leur intérêt pour Midi-Pyrénées. Pourquoi la discussion ne s’engagerait ’elle pas à l’occasion du débat parlementaire ? Cette perspective n’a pas été exclue par le Président de la République. J’entends aussi des réserves du côté de Languedoc-Roussillon. (...) Mais je pense qu’il faut bien regarder une carte. Midi-Pyrénées aurait pu être rapprochée d’Aquitaine. Beaucoup y avaient pensé. A ne regarder que ces deux Régions le projet avait toute sa pertinence. » « Je souhaite, a ajouté Martin Malvy, que nous puissions évoquer ensemble les perspectives ouvertes par le projet présenté par le Président de la République dont le choix me parait avoir été dicte par cette considération ».
Du côté du Lot, les critiques sont également dures, à l'instar de la déclaration de Serge Laybros : « Je pense connaître le fonctionnement du Conseil Régional Midi-Pyrénées pour y avoir siégé durant 6 ans. Aussi, je ne partage pas l'optimisme béat de ceux qui voient dans le mariage forcé avec Languedoc-Roussillon la solution miracle pour doter les régions de la force de frappe nécessaire à relever les grands défis. Avec 8 départements et une superficie égale à celle de la Belgique, Midi-Pyrénées est déjà suffisamment grand ! En doublant sa population et sa superficie, la nouvelle région s'éloignera davantage encore des citoyens et brisera ce lien de proximité qui faisait sa force. Que dire de la suppression des départements ? Je suis sidéré par l'argumentation des conseillers généraux du Lot pour défendre leur institution. Ils prétendent que le conseil général n'est pas indispensable en zone urbaine et que les communautés d'agglomération peuvent très bien faire le job à sa place. A contrario, ils n'imaginent pas sa disparition en zone rurale. Mais, il ne peut y avoir deux poids et deux mesures. Que je sache, la république est une et indivisible. Pour ma part, je plaide pour le maintien des départements sur tout le territoire avec un changement radical du mode d'élection qui devra se faire au scrutin de liste avec répartition à la proportionnelle et parité obligatoire. Pour ce qui est de l'intercommunalité, le législateur n'y va pas avec le dos de la cuillère en rehaussant le seuil de 5000 à 20 000 habitants. Les communautés de communes rurales vont exploser sous ce nouveau coup de boutoir ! Dans le Lot, le Grand Cahors, le Grand Figeac et demain le Grand Nord concentreront à eux seuls les 2/3 de la population. Il ne restera alors que quelques miettes pour les autres qui se compteront sur les doigts de la main ! »
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