Le Lot en Action mag n°28. 20 janvier 2011 par Bluboux
Certains d’entre vous ont déjà vu le film « Water Makes Money », qui dénonce les méthodes et les malversations des multinationales de l’eau (Véolia, Suez et Bouygues via la SAUR). En mettant en place les fameux Partenariats Public-Privé (PPP), ces entreprises françaises sont devenues les leaders mondiaux, raflant tout sur leur passage. Après quelques années, les scandales éclatent au grand jour. Non seulement les prix de l’eau explosent, mais les réseaux ne sont plus entretenus ce qui oblige les opérateurs à traiter massivement la flotte avec des produits chimiques. Les multinationales de l’eau ont érigé la corruption au rang d’une méga-industrie qui officie très efficacement à tous les niveaux de décision et tout particulièrement au sein de la Commission Européenne.
La corruption est devenue une méga-industrie qui tente de préserver leurs intérêts. Ce film met tous ces éléments en exergue et explique surtout pourquoi de nombreuses villes, comme Paris ou Grenoble (affaire Carignon) ont mis à la porte ces bandits et réintègrent la distribution de l’eau dans le giron du service public. Devant cette menace très sérieuse, ces groupes commencent à vraiment s’inquiéter. Véolia vient de porter plainte contre les réalisateurs du film et ces derniers lancent un appel à soutien (1).
Lors de la projection du film à Gramat, nous vous avions rapporté la réaction, pour le moins stupéfiante, de deux conseillers municipaux, venus assister au film et au débat, qui « ignoraient » que la concession de l’exploitation de l’eau sur la commune de Gramat venait d’être reconduite pour 9 ans au profit de la SAUR !
Il est temps d’enfoncer le clou. Beaucoup d’élus ignorent toutes les dérives induites par ces concessions et la recherche du profit, ignorent que ces bandits nous empoisonnent et laissent les réseaux se dégrader, ignorent les surfacturations, ignorent enfin que d’autres solutions sont possibles. Dans le film, les réalisateurs mettent en avant l’exemple de la ville de Munich, qui après avoir « viré » Véolia avec pertes et fracas, a mis en place une vraie politique de la gestion de l’eau, protégeant toute les zones de captage en favorisant l’agriculture biologique, et après quelques années retrouve une eau non traitée et dont le prix a sérieusement baissé pour les consommateurs.
Certaines communes du Lot ont fait le choix de garder l’exploitation de l’eau, comme celle de Saint Clair par exemple, qui bénéficie d’une eau de qualité à un prix exceptionnellement bas, en comparaison de ce que payent les consommateurs de la commune voisine, celle de Gourdon…
Nombre d’élus sont conscients que l’eau devrait revenir dans le giron du domaine public, mais les difficultés à gérer le réseau et l’approvisionnement pèsent lourd dans leur décision de reconduire les concessions.
Dans l’esprit des territoires en transition, il est temps de réagir en tant que citoyens. La première étape est de se renseigner sur la date d’échéance de la concession qui lie votre commune à la SAUR, et si cette dernière approche, de vous informer des délais prévus au contrat pour dénoncer cette concession. Ensuite informez les élus : faites leur suivre le film, distribuez leur un dossier complet et organisez, sur votre commune, une réunion publique avec la projection du film suivie d’un débat.
Un autre axe de travail concerne le Conseil Général. Les élections cantonales approchent et la moitié des conseillers généraux du Lot vont venir solliciter vos voix. Interpellez-les ! Si de nombreuses communes sont hésitantes au regard des moyens à mettre en œuvre pour reprendre la gestion de l’eau, il est du rôle du Conseil Général de mettre à leur disposition les moyens techniques et financiers pour que cela devienne possible. Saisissez le Conseil général, par lettre ou par mail, questionnez vos Conseillers.
N’hésitez pas à nous faire part de vos actions, que nous pourrons relayer. Le Lot en Action, votre journal, est un formidable outil de communication et de liens. Utilisez-le ! Si nous ne pouvons être de tous les combats (les journées n’ont que 24 heurs !), nous pouvons grandement faciliter les mises en contact et travailler avec vous. Les tunisiens viennent de démontrer qu’il est possible d’agir efficacement, même contre des dictatures, qu’elles soient politiques, mafieuses ou financières. Commençons par reprendre en mains l’avenir de nos enfants. L’eau est un enjeu majeur et nous pouvons modifier la donne.
Postez ici en commentaire vos remarques, liens et actions.
(1) Rendez vous sur le site du film Water Makes Money, vous y trouverez toutes les informations pour soutenir les réalisateurs dans leur combat et une mine d’information sur le sujet : www.watermakesmoney.com
1. 01/11/2011
un autre monde est possible, ne le laissons pas à ces bandits!.
On voudrait nous faire croire que gérer est compliqué? qu'il faut etre sorti de ces grandes écoles, (qu'il faudrait à mon sens, toutesfermer, tant elles enseignent des horreurs!), c'est une question de bon sens, simplement;
A Leipzig, grande ville de l' ex Allemagne de l'est, il y a trois ans, Attac a mené une campagne pour informer la population que leur commune, pourtant "centre gauche", s'apprètait à vendre divers services public, dont, je crois, les ordures ménagères, au privé.
Le référendum demandé a eu lieu, a été gagné, mais les citoyens doivent maintenant remonter leur manches, afin de veiller à ce que les bandits ne reviennent pas à la charge!!
Gérer une commune, un service, ce n'est pas difficile en soit, cela ne demande pas des capacité intellectuelles rares, c'est un peu comme élever des enfants, c'est très fatiguant, il faut etre vigilent en permanence.
2. 25/01/2011
Une élue de la communauté de communes du Grand Cahors s'est rapprochée d'Attac, en leur demandant s'il était possible de projeter le film Water Makes Money à tous les élus.
Une initiative géniale et l'on espère qu'elle verra le jour.
Demain soir, le mercredi 26 janvier, Gabriel Amard, un élu qui s'est battu pour virer les bandits de la flotte d'une communauté de commune, donnera une conférence à Périgueux, organisée par Attac. J'y serai, donc à bon entendeur, possibilité de covoiturage...
Le lien sur le livre de Gabriel Amard : http://www.france-libertes.org/Gabriel-Amard-L-eau-n-a-pas-de.html