Appel à défendre la zone humide du Testet

Le Lot en Action, mis en ligne le 15 novembre 2013

sivens.jpgDepuis le 13 novembre, nous bloquons physiquement le projet de bétonnage de la zone humide du Testet, près de Gaillac, dans le Tarn. En effet, depuis ce jour, nous empêchons le déplacement des espèces protégées, qui est le préalable à la destruction de la forêt, et ce, malgré l'intervention de la gendarmerie, et sans violence. Malgré les engagements pris par les autorités, de ne pas agir au mois de novembre, nous craignons le retour des naturalistes, voire le début immédiat des travaux. Or ces travaux deviendront illégaux passé le 30 novembre, c'est pourquoi les 15 prochains jours seront décisifs.
 
Le collectif "Tant qu'il y aura des bouilles" vous appelle à venir participer à ce blocage tous les jours dès le matin jusqu'à la fin du mois. Nous avons commencé à occuper la zone et il est possible à des gens un peu autonomes de résider sur place, dans des conditions très rudimenltaires mais vivables. Nous avons pris le parti d'éviter autant que possible le recours à la violence physique et les barricades ne sont pas, à l'heure actuelle, à l'ordre du jour.
 
Pour plus d'explications sur le projet lui-même et les raisons de s'y opposer, vous pouvez consulter le site http://www.collectif-testet.org

Pour plus de précisions tactiques, passez par la bande ou venez vous renseigner à Toulouse, ou dans le Tarn, ou directement à la métairie occupée, sur la zone. Ou via les désobéissants : [email protected]

 

Pourquoi c'est important

Porté par le Conseil Général du Tarn et par la Préfecture, le projet de barrage de Sivens (sur le Tescou au nord-ouest du Tarn) est présenté comme d'intérêt général. Il est en fait destiné à 70% pour l’irrigation intensive (retour du maïs irrigué) d'une vingtaine de fermes et pour 30% au soutien d'étiage (dilution des pollutions au lieu de les réduire à la source).

C'est un projet inadapté, dont le coût environnemental et financier est très élevé (voir ci-dessous), au profit de pratiques agricoles qui sont une impasse pour les agriculteurs comme pour la société dans son ensemble.

Après avoir analysé les rapports qui fondent le projet, le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet considère que ce barrage est inutile et qu’il devrait être abandonné dès maintenant au profit de mesures d’accompagnement des agriculteurs (pratiques agricoles économes en eau, ventes directes à la restauration collective locale, etc) et de la mise en valeur pédagogique de la zone humide.

Mais, pour mobiliser plus largement, le Collectif demande le moratoire du projet et des études indépendantes qui constateront, comme nous l’avons démontré, que le barrage est inadapté aux besoins actuels.

Pour en savoir plus, voir la synthèse ci-dessous et toutes nos analyses sur http://www.collectif-testet.org


EN SAVOIR PLUS !

 

Un projet surdimensionné qui détruirait un écosystème majeur pour la biodiversité

Selon les services de l’Etat, le site du projet fait partie des milieux à « forts enjeux environnementaux » identifiés par le SDAGE Adour-Garonne, du fait de la présence de zones humides, d’habitats d’espèces protégées et de la caractérisation du Tescou en tant qu’axe à grands migrateurs amphihalins.

De ce fait, tout le cours du Tescou aurait dû être proposé au classement en liste 1 (ce qui empêcherait la construction de tout nouvel obstacle à la continuité écologique) alors qu’a été exclu le tronçon qui va de la source au barrage. Cette exclusion n’a donc pas été prise au regard de considérations écologiques mais du fait du projet de barrage dont l’intérêt public majeur n’a toujours pas été démontré.

La totalité de l’emprise du barrage est incluse dans le périmètre de la Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique, ou Floristique (ZNIEFF) de seconde génération. La zone impactée par la retenue comporte un important secteur boisé, en partie classé, qui serait défriché. Cela concerne notamment le verger porte-graines ONF de pin laricio de Calabre « Les Barres-Sivens-VG » qui est le seul verger de cette espèce en France.

L’étude d’impact du projet a montré que la zone humide du Testet « fait certainement partie des zones humides majeures du département du point de vue de la biodiversité » notamment en raison de la présence de 94 espèces animales protégées dont 5 à enjeux importants.

En décembre 2012, le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) a rendu un avis défavorable à la demande de dérogation à la loi sur les espèces protégées. Par deux fois (avril et septembre 2013), le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a également émis un avis défavorable à cette demande.

En novembre 2012, la Commission d’enquêtes publiques avait donné un avis favorable au projet de barrage sous réserve que la déclaration d’utilité publique et l’autorisation de travaux soient subordonnées à l’avis favorable du CNPN. Aujourd’hui, le CNPN ayant donné deux avis défavorables, l’utilité publique ne devrait pas être déclarée et les travaux ne devraient pas être autorisés.

Le Conseil Général du Tarn et la Préfecture considèrent que les besoins de soutien d’étiage et la sécurisation des revenus agricoles, via l’irrigation, nécessitent, malgré ces avis défavorables, la réalisation du barrage. Ils se fondent sur l’analyse réalisée en 2009 par la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG) après qu’elle ait été nommée maître d’ouvrage délégué du projet.

Le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet considère que cette analyse justifiant le projet n’est pas fiable car elle présente de nombreuses contradictions et, surtout, repose sur des données datant de 2001. La CACG n’a pas pris en compte les changements profonds intervenus depuis comme l’amélioration de l’état biologique du Tescou, la baisse significative des surfaces irriguées et l’évolution des assolements. Selon le Collectif, le dimensionnement du projet serait ainsi au moins trois fois supérieur aux besoins actuels de stockage en eau.

 

Un gouffre pour les finances publiques !

 

Le coût global est aujourd’hui estimé à 7.8 M€ HT. Le soutien à l’irrigation est donc, pour l’investissement, de l’ordre de 200 000 € par ferme sur des fonds publics. Le plan de financement repose en effet uniquement sur des financeurs publics : 20 % par les CG 81 et CG 82, 50 % par l’Agence de l’eau et 30 % espérés par l’UE.

Pour le coût de fonctionnement, il est prévu au moins 220 000 € pour le suivi écologique des surfaces compensatoires et 140 000 € pour la gestion du barrage soit un total de 360 000 €/an pendant 20 ans. Environ 16 000 € seraient payés par les irrigants soit moins de 5 % du coût total… Quels que soient les financeurs finaux pour les 95 % (CG 81 et CG 82 ? Agence l’eau ?), c’est le contribuable ou le consommateur d’eau qui réglerait la différence (344 000 €/an).

Il faut encore ajouter les intérêts à payer sur les emprunts. Une hypothèse de 3% aboutirait à un total annuel de 234 000 € (7.8 M€ X 3 %). Au final, le poids sur les finances publiques serait de l’ordre de 600 000 €/an pendant 20 ans !

Ramené à la part du barrage dédié à l’irrigation (70 %), c’est une dépense publique annuelle d’environ 1350 € / ha donc probablement plus élevée que le complément de revenu agricole à l’ha obtenu par l’irrigation…

Alors que le Tarn a été récemment classé comme le département le plus mal géré de France, le barrage de Sivens risque de peser lourdement sur les finances publiques des Tarnais pendant les 20 prochaines années. C’est pourquoi le Collectif a décidé d’alerter la Cour des comptes régionale sur le risque de gaspillage de l’argent public qu’entraînerait la réalisation du barrage de Sivens.

En savoir plus sur les dépenses publiques pour ce projet…
http://www.collectif-testet.org/actualite-102-le-collectif-alerte-la-cour-des-comptes.html


 

 

Commentaires (2)

1. jean pierre Jacob (site web) 16/11/2013

chez les naturalistes de Notre Dame des Landes, pourquoi dire non au déplacement d'espèces protégées

http://naturalistesenlutte.overblog.com/2013/11/notre-dame-des-landes-pourquoi-dire-non-au-d%C3%A9placement-d%E2%80%99esp%C3%A8ces-prot%C3%A9g%C3%A9es-2.html

2. jean pierre Jacob (site web) 16/11/2013

Chez les naturalistes, sur le site de Nature Midi Pyrénées
http://www.naturemp.org/Retenue-de-Sivens-les-associations.html

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