Source : La Tribune, mis en ligne le 24 février 2014.
La culture contribue 7 fois plus au PIB français que l’industrie automobile avec 57,8 milliards d’euros de valeur ajoutée par an. Son coût total pour la collectivité approche 21,5 milliards d’euros.
Une dépense à perte la culture en France ? Ce n’est pas ce que montre le dernier rapport conjoint des ministères de l’Economie et de la Culture. Selon ce rapport, la culture contribue à hauteur de 57,8 milliards d’euros au PIB (valeur ajoutée). Il s’agit de la valeur ajoutée directe, c’est à dire du seul fait des activités culturelles. Ce qui équivaut à 3,2% du PIB, soit sept fois la valeur ajoutée de l’industrie automobile. Ces chiffres sont basés sur les calculs de l’Insee.
Le chiffre ne paraît pas exagéré puisqu’une autre étude du cabinet privé Ernst & Young parue en novembre avait évalué le chiffre d’affaires direct des industries culturelles et créatives à 61,4 milliards d’euros.
Les choses sont dites : la culture rapporte au pays. Et pas seulement de l’argent mais aussi des emplois. Les seules entreprises culturelles emploient quelque 670.000 personnes, que leur profession soit culturelle ou non, soit 2,5% de l’emploi dans le pays.
A cela s’ajoutent les 870.000 professionnels de la culture qu’emploient les entreprises non culturelles.
Le but d’une telle étude inédite, qui allie deux ministères que l’on a peu l’habitude de voir travailler ensemble était de calculer une sorte de « PIB culturel« , explique-t-on au cabinet de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. Le meilleur moyen de faire reconnaître le poids économique de la culture.
Mais pour avoir une vision claire de l’impact économique des activités de la culture, il fallait déjà définir ce que sont ces activités. Chose qui étrangement, au pays de l’exception culturelle, n’avait jamais été faite. Il a donc fallu s’appuyer sur les méthodologies de l’Union européenne et de l’Unesco. Résultat, l’étude prend en compte les valeurs ajoutées du spectacle vivant, du patrimoine, des arts visuels, de la presse, du livre, de l’audiovisuel, de la publicité, de l’architecture, du cinéma, des industries de l’image et du son ainsi que l’accès au savoir et à la culture, c’est à dire les bibliothèques et les archives par exemple.
Un panel large qui permet à la fois de savoir ce qui rapporte, mais aussi ce qui coûte. Car l’étude a pris aussi soin de calculer ce que l’Etat et collectivités territoriales dépensent dans la culture. L’intervention de l’Etat représente un total de 13,9 milliards d’euros par an, et celle des collectivités territoriales 7,6 milliards d’euros dont une part en dotations de l’Etat. Des dépenses justifiées par l’intérêt que représente les activités culturelles pour l’économie, selon le cabinet d’Aurélie Filippetti.
« On parle beaucoup du poids nouveau des collectivités dans la culture mais l’Etat reste l’acteur principal », souligne le cabinet.
L’audiovisuel est le secteur qui capte le plus de soutien de l’Etat (5,5 milliards), notamment grâce à la redevance. Les secteurs les moins aidés sont les industries de l’image et du son, l’architecture, le livre, les arts visuels.
La part de la culture dans la valeur ajoutée a régulièrement augmenté entre 1995 et 2005, date à laquelle elle atteignait 3,5%. Mais depuis, elle a reculé de 0,3 point.
Cette érosion, en pleine transition numérique, a diverses origines: évolution des marges, effondrement du marché du disque, mutations des lectorats, crise économique. Mais aussi la « captation » d’une part de la valeur ajoutée par les plate-formes numériques (Apple, Google, Amazon…) chargées de l’intermédiation entre les créateurs et les consommateurs.
« Elles se retrouvent en position de force pour attirer les ressources publicitaires et pour imposer leurs conditions aux créateurs« , souligne l’étude.
« Cela conforte nos réflexions sur l’acte II de l’exception culturelle« , qui consiste à faire évoluer les outils de la politique culturelle à l’heure du numérique, relève-t-on au cabinet de la ministre.
Un enjeu d’autant plus important que les activités culturelles ont aussi un effet d’entraînement sur le reste de l’économie de l’ordre de 46,7 milliards d’euros grâce aux activités induites comme les matériaux utilisés, les loyers, l’électricité etc… Au total, l’apport de la culture à l’économie, y compris ces effets d’entraînement, atteint donc les 104,5 milliards d’euros, selon l’étude. Soit 5,8% de la somme de toutes les valeurs ajoutées (ce qu’est, par définition, le PIB).
Le rapport établit en outre « une corrélation positive » entre la présence d’une implantation culturelle et le développement socio-économique d’un territoire.
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