Région : États généraux du rail et de l'intermodalité

Source : Le Lot en Action d'avril (n°99), par Bluboux, mis en ligne le 26 avril 2016

Regional etats generaux du rail et de l intermodalite dossier presee 1Une des promesses de campagne de la présidente de la Région, Carole Delga, était de « remettre à plat les grands dossiers du transport ferroviaire dans une région où la question des mobilités et de l'intermodalité a toujours suscité de fortes tensions ». Les « États généraux du rail et de l'intermodalité » (EGRI) (1) ont été lancés le 25 mars dernier. Ils se poursuivront jusqu'à la fin du mois de juillet, 36 rencontres publiques sont programmées (dont en préfecture et sous-préfectures du Lot), et en septembre prochain se tiendra le débat régional de politique générale des transports. Rendez-vous éminemment important s'il en est, puisqu'il définira la politique régionale en termes de transports pour les vingt prochaines années !… La mobilisation citoyenne reste de mise.

Pour appréhender ce dossier, commençons par le passif : le désengagement de l'État, qui ne cesse de s'accentuer. Pour être clair, si les Régions ne prennent pas le relais, le service ne sera plus assuré. Si l'État confirme dans les semaines à venir son désengagement vis à vis des « trains d’équilibre des territoires » (trains de nuits plus suppression de 23 lignes TET sur 35), il faudra alors soit s'en passer, soit mettre la main au portefeuille, puisque les Régions sont frappées d'une double peine : transfert de compétences supplémentaires sans aucune dotation financière.

Ajoutez à cela qu'au niveau régional, la construction des deux LGV, accompagnée de la construction de six gares TGV, mobiliseraient 14 milliards d’euros, alors même que la Région n’a de compétence que pour les déplacements régionaux, ferroviaires en particulier. L'État ne se contente pas donc de se désengager, il « fait la poche » des Régions. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je vous engage à lire l'article de Bill consacré à la situation de la gare de Cahors, en page 3 de ce numéro, qui permet de saisir concrètement les conséquences de ces nébuleuses réflexions politiques.

Alors que peut-on attendre de ces États généraux du rail et de l'intermodalité ? Difficile de rester positif au regard de la situation du transport en ce qui concerne nos territoire ruraux. La nouvelle grande région connaît des flux de marchandises et de personnes parmi les plus importants d'Europe : chaque jour, 31 000 véhicules franchissent le col du Perthus, 60 millions de tonnes de fret circulent chaque année entre l'Espagne et la France, 6 millions de tonnes en fret portuaire, 60 000 tonnes en fret aérien… posant des problèmes d'engorgement (routier, ferroviaire) et environnementaux majeurs, qui appellent nécessairement des investissements. Or le transport représente déjà près du quart du budget de notre Région… Ajoutez à cela qu'à partir de 2017, conséquences de la réforme territoriale et de la loi Notre, les Région vont hériter des compétences concernant les transports interurbains et des transports scolaires...

Alors que restera-t-il pour le maintien des lignes qui desservent encore nos territoires, si éloignés de Toulouse et de Montpellier ?

Face à tout cela, la volonté « apparente » affichée par l'exécutif régional pèse bien peu. Surtout lorsqu'ils qualifient de « Grande consultation citoyenne » ces EGRI… Songez que la première réunion, prévue à Capdenac-Gare le 21 avril prochain n'est même pas annoncée clairement sur le site de la Région...

Jean-Luc Gibelin, vice-président en charge des Transports à la grande région, déclarait dans une interview donnée en mars dernier à la rédaction de La Lettre (newsletter des élus affiliés au groupe Nouveau Monde en commun) (2)  : « La première légitimité des EGRI part du constat que le rail a souvent fait conflit. Mais il y a aussi la volonté que le rail fasse Région, qu’il soit un des motifs de cohérence et de cohésion de la Région (…) La volonté c’est de positionner le rail comme une priorité, mais dans le cadre de l’intermodalité. Le rail ne peut pas aller partout, mais partout où il peut aller il faut qu’il réponde mieux aux besoins. Pour que l’intermodalité fonctionne, il faut que le rail fonctionne (…) Nous voulons un train du quotidien, et pas un transport du quotidien. Nous allons veiller à ce que partout où c’est possible d’avoir une liaison par rail, elle soit privilégiée par rapport à la route : pour des raisons de sécurité, d’écologie, de développement durable, d’économie, et de confort de transport. Nous sommes pour l’intermodalité quand le rail ne peut pas être la réponse. Il faut travailler l’intermodalité entre la route et le rail, le fluvial et le rail, le vélo et le rail. »

Oh ! Tiens ! Tiens ! Un pavé dans la mare de la clique Vayssouze et Miquel, qui tente de faire passer son projet de « voie verte » à tout prix, y compris celui du mensonge et de la manipulation ? Cela semble être le cas, puisque dans cette même interview, Jean-Luc Gibelin, parlant de la nécessité de la mobilisation citoyenne précise : « C’est bien l’intervention citoyenne qui nous a permis de retirer du plan de soutien au BTP le projet de transformer la ligne Cahors-Capdenac en voie verte » !

Cette mobilisation citoyenne est donc essentielle pour préserver ce qui peut encore l'être. Et vous pouvez compter sur nous pour vous tenir informé de ce dossier et des futurs rendez-vous de ces État généraux du rail et de l'intermodalité. Notez d'ores et déjà que la première consultation publique se tiendra à Capdenac-Gare le 21 avril... Nous annoncerons les dates sur le site de Démosphère Lot (3) et celui du LEA (4), dès que nous en aurons connaissance.

 

Notes

(1) Voir le dossier de presse de la Grande Région sur ces États généraux : http://bit.ly/1UMXcEi

(2) Numéro de mars, accessible en pdf : http://bit.ly/1UfQK90

(3) http://lot.demosphere.eu

(4) http://www.lelotenaction.org/

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