Source : Attac France, mis en ligne le 29 février 2016
Avec le projet de loi « travail », l’état d’urgence économique et social proclamé par le président de la République débouche en réalité sur un véritable choc d’insécurité sociale. Mais du plus profond de notre société, du monde du travail, de la jeunesse, monte aujourd’hui un refus déterminé et massif. L’appel à la mobilisation générale le 9 mars a déjà provoqué un premier recul du gouvernement, qui a repoussé la présentation du projet de loi au Conseil des ministres. Le 9 mars, c’est le retrait définitif de ce projet que nous exigerons tous ensemble.
Horaires allongés pour les salariés et les apprentis, licenciements facilités, médecine du travail dépecée, chantage à l’emploi généralisé par les accords et référendums d’entreprise... : le gouvernement déploie les grands moyens pour conforter la précarité du travail et renforcer encore le pouvoir des employeurs.
Depuis trois ans François Hollande a multiplié les cadeaux fiscaux aux entreprises par dizaines de milliards (CICE, pacte de responsabilité). Les profits et les dividendes ont gonflé, notamment pour le CAC40, mais ni l’investissement ni l’emploi ne sont repartis.
Devant cet échec patent, le même Medef et les mêmes experts qui fustigeaient le coût du travail nous expliquent maintenant que le vrai problème est en fait le code du travail. Les patrons n’oseraient pas prendre le risque d’embaucher par crainte des règles qui les empêchent de baisser les salaires ou de licencier selon leur bon vouloir. Il s’agit d’une pure tromperie : comme l’OCDE elle-même l’a constaté dans plusieurs études, faciliter les licenciements n’augmente pas le niveau de l’emploi. Cela facilite surtout… les licenciements, surtout en période de crise comme aujourd’hui. Au prétexte - mensonger au regard des connaissances disponibles - de créer des emplois, cette loi de précarité tout au service des actionnaires ne fera à court terme qu’aggraver le chômage.
On nous parle de « démocratie sociale » mais c’est au contraire la loi de la jungle qu’on organise : la priorité donnée aux accords d’entreprise et aux référendums permettra aux employeurs, affranchis de la loi et de l’accord de branche, de mettre le couteau du chômage sous la gorge des salarié·e·s pour leur faire accepter des salaires réduits et/ou des horaires de travail augmentés. Les syndicats eux-mêmes seront durablement affaiblis.
Mais la société commence à se soulever, comme le montre l’extraordinaire succès de la pétition « Loi travail : non merci » (1) et les mobilisations qui se préparent partout en France pour la journée du 9 mars, à l’appel d’organisations de jeunesse, de syndicats et d’associations. Le gouvernement a senti le danger et temporise : car une épreuve de force se dessine qui pourrait stopper l’actuel cycle de régressions sociales et politiques.
Notes
(1) En ligne : http://chn.ge/1LqmBAz
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