Pertinentes impertinences : Interview du dessinateur Noder

Source : Le Lot en Action d'avril (n°99), par Félix, mis en ligne le 25 avril 2016

Culture interview de noder portrait de noderOn passe trop souvent son temps à le perdre dans les limbes des internets, cherchant ce qu’on ne trouve pas ou tombant sur ce qu’on ne cherchait pas. Mais il faut croire qu’une (voire plusieurs) exceptions à cette règle sont possibles.

Ainsi c’est au hasard d’un RT (retweet, pour les profanes, manière à laquelle on partage de nouveau la publication d’un tiers, sur le désormais incontournable petit oiseau bleu : Twitter) que je me retrouvais face à un dessin signé Noder.

Amusé et séduit par le trait (de feutre et d’esprit) me voilà nouveau follower (encore un anglicisme désignant la personne qui en suit une autre sur le réseau social) de ce curieux énergumène.

Bien avant l’idée de cet article (nous y reviendrons sous peu) je décidai d’en contacter le sujet (ou l’objet, pour les fanatiques de rhétorique). C’est tout naturellement, que le dénommé Noder, sensible à cet intérêt sincère, répondait à mes premières interrogations.

Quelques mois plus tard, ayant gardé contact, et fraîchement incorporé dans les rangs bigarrés du LEA, me vient l’envie d’écrire cette “rencontre” par cristaux liquides interposés.

L’idée initiale étant de relater cet entretiens plutôt que le retranscrire simplement, mais, devant la qualité des réponses reçues je me résous ici à les livrer brutes :

Qu’est ce qu’un bon dessin ?

-La recette ? … être moqueur, provoquer et prêter à réfléchir ! Trois ingrédients qui illustrent bien un dessin satirique. La réussite ? … en faire le moins possible pour en dire beaucoup. Être laconique ! Il faut interloquer, émouvoir, sensibiliser, faire rire ou grincer, mais il faut secouer le lecteur.”

Pourquoi dessiner dans la satire ?

-Le sérieux n’est pas mon truc ! On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans, alors à quarante !!?? Je préfère être gentil dans la vie, et sortir mes crayons vitriolés pour être bête et méchant sur le papier ! Si j’arrive à faire rire ou à énerver quelqu’un avec mon dessin … alors j’ai gagné ma journée. Ça devient une gymnastique, ma drogue … il y a addiction.”

Cee8ftiw4aa2hurQu’est-ce qui te démange les crayons ?

-La bêtise humaine, la méchanceté, l’injustice ! Et avec tout ce qu’on entend au quotidien, je n’ai pas fini d’user des mines et du papier !”

Travailler pour payer sa voiture, payer sa voiture pour aller travailler, ça t’inspire quoi ?

-Je dessine pour illustrer mon astuce, j’écris une astuce pour compléter mon dessin ! C’est le serpent qui se mord la queue, une histoire sans fin ! Quand je patine à mi-chemin, je signe souvent le dessin, ça me donne l’impression que j’arrive au bout, ça me rassure.”

Si tu ne devais en garder qu’un (dessin) ?

-Pas évident, on s’attache beaucoup à nos “bébés”... Faudrait choisir pour moi ! Tant qu’à faire, je préfère tous les troquer contre un “CABU” et je garderai celui-là !

Quel espace de liberté dans la presse ?

-Chaque pays et chaque journal a sa ligne éditoriale et ses limites. Il faut souvent rentrer dans des “cases”, ne pas trop mettre le pied en touche. C’est toujours une liberté conditionnelle en somme. On dérange toujours quelqu’un. Heureusement qu’il y a de la presse un peu “trash”, pour ne pas les citer Charlie Hebdo… Malheureusement on a vu jusqu’où pouvaient aller ceux qui ne rient pas jaune, mais d’une autre couleur…”

Comment et où travailles-tu ?

-La plupart du temps je dessine au bistrot, “mon bureau” comme je dis ; c’est café ou coup de rouge entre deux coups de crayon ! C’est un café de quartier, un vrai petit village, il y a une âme, de la vie, et l’ensemble m’inspire.”

Voilà in extenso (ou presque) notre correspondance.

Noder l’irrévérencieux, ne prenant le ballon qu’à une condition : qu’il soit de rouge ; la mine patibulaire mais presque et qui ne gomme aucun des mauvais traits de caractère des puissants, les grossissant plutôt d’un coup feutre à propos. Héritier qui se fait tout seul, enfant de ses pairs, pas encore connu mais déjà reconnu. Véritable gentil qui croque avec appétit sur son coin de table, tous les travers dans les longueurs, fidèle à lui même : bref et vif.

En savoir plus

Compte twitter de Noder : @cyrilrtour

Twitter0e9ddd8

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