La route des camions ou le fret ferroviaire ?

Article publié dans le numéro de septembre (n°103), par Thieery Grossemy, mis en ligne le 18 septembre 2016

Info lot la route des camions ou le fret ferroviaire 2Depuis de nombreuses années, la route des camions, appelée voie d’avenir par les uns ou T3 par les autres, essaie d’étendre son long ruban de bitume dans une vallée jusque-là préservée : 12moulins, (8 carolingiens, 4 gallo-romains) sur une rivière encore propre et protégée. Dans une vallée qui serpente sur 12 km, semblable à celle de Rimbaud et du « Dormeur du Val » avant que les soldats ne fassent leur œuvre.

On pouvait penser que la COP 21 préserverait cette vallée mais voici qu'en ce début du XXIème siècle de nouveaux soldats viennent lui déclarer la guerre. Ils veulent faire passer ce long ruban de bitume sur la rivière et les moulins.

Pourtant il existe une alternative pertinente : en parallèle à cette vallée existe une ligne de chemin de fer qui emmène encore les voyageurs de Brive à Aurillac en passant par Biars et Saint-Denis-les-Martel. C’est une petite ligne SNCF à cheval sur 3 Régions, non rentable, abandonnée par les usagers (elle est « désorganisée » de telle façon que ces mêmes usagers choisissent la route plutôt que le rail avec des tarifs de bus au tiers de ceux du train).

La persistance de nos dirigeants à privilégier le bitume et favoriser les grosses entreprises du BTP est affligeante et conduit à détruire des centaines d'hectares de terres agricoles, abîmer irrémédiablement notre environnement et nos paysages. Comment trouver une cohérence dans ces choix sans cesse réitérés du « tout routier », à grand renfort de fonds publics, juste après les grands discours de la COP21 ? Le gouvernement déréglemente le transport routier pour mettre des cars sur les routes au détriment du transport ferroviaire ? Nos élus font de grandes déclarations, parlant de désenclavement du Nord Lot, d'attractivité de nos territoires mais laissent mourir nos lignes ferroviaires, ferment nos écoles, nos postes, nos gendarmeries, nos perceptions. Nos impôts ne cessent d'augmenter mais les services publics sont en déliquescence, nos retraites diminuent, l'accès aux soins pour tous n'est plus qu'un joli souvenir...

Mais revenons à nos moutons ! Dans cette « affaire du T3 », la commission d’enquête, à l’unanimité a émis un avis défavorable à ce projet inutile et coûteux. À la suite de cet avis des commissaires enquêteurs, le préfet, Mme Ferrier, a déclaré à plusieurs reprises (Congrès des élus, Assemblée départementale, dans la presse) qu’elle ne pourrait signer la Déclaration d'utilité publique sous peine d’être recalée par le Tribunal administratif. Alors pourquoi l’a-t-elle signée le 15 juillet, en plein été, le jour même où nos médias passaient en boucle les images de Nice… La réponse nous l’avons avec la visite de Macron à Biars chez Andros : la décision a été prise au plus haut niveau de l’État, par le Président de la République « himself ».

C’est la démocratie qui est bafouée par la représentante de l’État dans le Lot (nul doute qu'elle aura une belle promotion), mais cela n'est pas vraiment étonnant puisque à l'image de la façon dont gouverne notre exécutif socialiste : utilisation du 49.3 pour adopter les lois « El Khomri » et « Macron » ou encore l'entêtement à imposer mettre en œuvre les grands projets inutiles et imposés mais fort coûteux (Notre-Dame-des-Landes, le tunnel Lyon-Turin, la LGV Bordeaux-Toulouse, etc.).

Cette signature marque l’obéissance aux élus départementaux : Messieurs Rigal, Bladinière, Liébus et Delrieux. Ces élus qui démontrent à l’échelle locale que droite et PS mènent la même politique au profit d’intérêts privés.

L’alternative à ce projet destructeur pour l’environnement existe : c’est le fret ferroviaire qui doit être relancé ici, comme le demandent de grandes entreprises du bassin de Biars-sur-Cère et les syndicats. Il est temps de sortir du tout camion, du tout pétrole, du tout béton, du tout privé et de revenir à une vraie politique nationale au du transport ferroviaire (entendez hors TGV).

Dans un premier temps, il faut exiger que les 27 millions d’euros débloqués par Martin Malvy, alors président de la Région, soient utilisés pour commencer immédiatement les travaux sur la ligne SNCF.

La riposte doit être à la hauteur des attaques et des décideurs. La mobilisation doit sortir du canton de Martel et s’étendre à tous ceux qui veulent une conception du transport respectueuse des hommes et de l’environnement. L’idée d’une grande manifestation fin octobre peut faire son chemin. ..

 

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